En cette rentrée des classes (politique), c'est paradoxalement la maîtresse qui va occuper tous les esprits. Nul doute que les 600 journalistes français et étrangers vont venir à l'Elysée cet après-midi pour écouter attentivement les bonnes résolutions politiques, économiques et sociales de François Hollande pour cette nouvelle année. Nul doute aussi que sa compagne sera scotchée devant sa télévision depuis son lit d'hôpital (Valérie Trierweiler est hospitalisée depuis vendredi et pour une durée indéterminée, suite à la révélation dans la presse de la liaison supposée de son cher et tendre avec la comédienne Julie Gayet).
De nombreux sujets dans la tête du Président, un seul dans celle des journalistes
Pacte de responsabilité, réduction du déficit, baisse des dépenses publiques, et j'en passe : un vaste programme, qui va certainement passionner les médias cet après-midi lors de la troisième conférence de presse organisée depuis le début du quinquennat de François Hollande, à l'Elysée.
Il y a fort à parier qu'à l'approche de la séance de questions-réponses, une certaine fébrilité va gagner les esprits : qui va oser poser LA question le premier ? Un journaliste étranger ? Un patron de presse kamikaze, voyeur ou courageux, chacun jugera ? LA question, c'est celle de savoir si le Président de la République confirme son idylle avec une comédienne française ; si Valérie Trierweiler, la Première Dame en titre, va bien ; et s'il compte officialiser sa rupture et sa nouvelle liaison.
Le président ne répondra certainement à aucune de ces questions, s'abritant, comme il en a le droit le plus strict, derrière le respect de sa vie privée. Et les Français pourraient bien l'appuyer dans cette stratégie du silence, 77 % d'entre eux estimant qu'il s'agit là d'une affaire privée qui ne concerne que lui, selon un sondage réalisé par l'IFOP et diffusé par Le Journal du dimanche dimanche dernier.
Pacte de responsabilité pour les entreprises, courbe du chômage, économies...
En revanche, il va détailler son « pacte de responsabilité » proposé aux entreprises, qui consiste en un principe simple : « moins de charges sur le travail (...) et, en contrepartie, plus d'embauches et plus de dialogue social ». Le MEDEF réclame une baisse de la fiscalité (50 milliards d'euros) et du coût du travail (50 milliards d'euros), soit rien moins que 100 milliards, et promet en échange de créer un million d'emplois dans les cinq prochaines années. Qu'en pense le chef de l'Etat ?
Il va aussi aborder la question sensible des économies qu'il compte réaliser, 50 milliards d'euros en trois ans, et des moyens d'action qu'il compte déployer pour y parvenir. Il va certainement parler du « choc de simplification » qui lui est cher, et avec lui de tous ces règlements, normes et rigidités qui entravent l'action publique, qu'il veut moderniser.
Chômage, Europe, guerres en Afrique, élections municipales : les sujets graves sur lesquels la parole présidentielle est attendue ne manquent pas en cette rentrée 2014.
Mais une chose est sûre, et on peut le regretter (ou pas) : les révélations récentes sur sa liaison extra-conjugale vont ternir sa rentrée et amoindrir la force de son verbe. Côté timing, il ne pouvait faire pire. Sa conférence de rentrée était censée l'aider à reprendre la main, à s'emparer à nouveau du gouvernail, à tenter de renouer avec une certaine popularité après un automne difficile, marqué par la fronde des bonnets rouges, la fermeture tonitruante d'usines, l'expulsion de Leonarda et le mécontentement global de ses concitoyens.
2014 commence bien mal pour le premier des Français.