Fasciné ou irrité, chacun en est conscient : en une génération, Internet a bousculé les réflexes et les repères des consommateurs d’information que nous sommes. Tout comme l’industrie et l’économie que le web sous-tend. Le savoir est-il devenu sans bornes grâce à des serveurs comme Google ? Les acteurs de réseaux sociaux, sans frontière ni impératif de temps ou d’espace, peuvent-ils se substituer aux journalistes ? Et le tout sans bourse délier ? L’explosion du Net rend les réponses à cette triple question aussi complexe que polémique.
Certains ont tendance à l’oublier avec le vrai-faux sentiment de gratuité de nombre d’internautes: l’information a un coût, d’autant plus élevé qu’elle est de qualité et par là-même crédible. Reste à savoir qui doit en assumer le prix et sous quelle forme. Car avec le numérique, sont apparus une industrie et un marché dont la taille a surpris les plus visionnaires. En créant de véritables « empires de données », ces « datas » devenus le pétrole du XXI ème siècle grâce aux précieux éléments de comportement que leur offrent -plus ou moins volontairement- les internautes, Google, Apple, Facebook, Amazon (Gafa selon un acronyme qui fait recette), en sont devenus les principaux bénéficiaires.
L’infobésité : chance ou menace pour le métier de journaliste
Un phénomène qui a bouleversé bien des métiers à commencer par les médias, toujours en quête d’un nouveau modèle économique. Dans un monde où l’infobésité donne parfois le tournis, le professionnalisme des journalistes, ces passeurs appelés à chercher, trier, hiérarchiser, mettre en perspective les informations sont plus que jamais essentiels. A condition d’avoir les moyens et le temps de faire leur travail avec le plus d’impartialité possible. Or, le vieux système binaire de l’achat en kiosque ou de l’abonnement permettant d’attirer des publicités rémunératrices, n’est plus. Et le monde publicitaire, concurrencé par les innombrables données que Gafa collecte et traite pour affiner les cibles des entreprises, est appelé à maîtriser de nouveaux outils. Sans oublier les gouvernements qui, eux aussi en mal de recettes budgétaires, entendent profiter de ce nouveau « tas d’or » accumulé par les vedettes du numérique qui jouent sur l’absence de règles mondiales pour s’adonner à une optimisation fiscale de haut vol.
Alors, qui doit payer l'information? D’aucuns pointent du doigt les moteurs de recherche et les réseaux sociaux, les détenteurs de smartphones, voire tous les internautes. Les modalités de nouveaux financements divisent tout autant. Certains envisagent une fiscalité à inventer au niveau européen en attendant une hypothétique taxe mondiale. D’autres prônent un éventuel retour sur la valeur ajoutée apportée à Internet par les sites d’information et les médias. Le débat, qui porte aussi sur des visions opposées du numérique, n’est pas près de se clore. Entre ceux qui estiment que Gafa fait main basse sur l’information et ceux qui prônent la sauvegarde d’une totale liberté sur la Toile. Entre ceux qui donnent la priorité à la protection de la vie privée des internautes et ceux qui ne veulent pas tuer l’innovation sans laquelle ni Facebook ni Twitter n’aurait vu le jour.
Françoise Crouïgneau
Vice Présidente de l’Ajef (Association des Journalistes Economiques et Financiers) : www.Ajef.net
Retrouver toute l’actualité des Jeco 2013 : https://www.journeeseconomie.org/
La 6ème édition des Journées de l’économie (Jeco) de Lyon ouvrait ce jeudi 14 novembre. Mario Monti était le grand témoin de cette édition déclinée autour d’un fil rouge, « Reconstruire la confiance » ! Les Jeco, organisées par la Fondation pour l’Université de Lyon, proposent aux citoyens des clés pour mieux comprendre le monde qui les entoure grâce à un éclairage économique.