Commençons notre chronique de ce jour par un peu de philo : votre perception du temps altère-t-elle l'univers, voire même le temps lui-même ? Cette question est inspirée par le film Dredd, sorti en 2012. Ce film est un remake du classique de 1995 Judge Dredd, sans doute le meilleur rôle de Sylvester Stallone. Les investisseurs en obligations d'Etat devraient regarder les deux films sans tarder.
Dans la version de 2012 (la meilleure version du scénario de la BD), il existe une drogue appelée 'slo-mo'. Vous l'inhalez. Et ensuite, tout ralentit. Elle altère votre perception et le monde évolue à environ 1% de la vitesse à laquelle vous le percevriez normalement. Cette drogue fictive inclut sans doute beaucoup d'endorphines ou de dopamine, de sorte que votre expérience beaucoup plus lente du temps est également beaucoup plus agréable. (Autrement, quel est l'intérêt de la prendre ?)
Plus de slo-mo pour l'Europe, s'il vous plaît !
La version financière du slo-mo : des obligations d'Etat à 50 ans en Espagne rapportant 4%. C'est un moyen infaillible d'empêcher une dépression déflationniste de devenir une crise politique et sociale (révolution). On ne change pas les faits sous-jacents de la situation financière. On les étire juste sur une période beaucoup plus longue.
Le gouvernement espagnol a vendu en une nuit des obligations sur 50 ans pour une valeur d'un milliard d'euros au rendement de 4%. Il y a quelques années, l'obligation espagnole sur 10 ans rapportait 7,5%. En comparaison, les obligations australiennes, qui bénéficient encore d'une note AAA, ne rapportent pourtant que 3,3%. Prêter à l'Espagne ne serait donc presque pas plus pas plus risquée que prêter à l'Australie.
Voilà comment on résout une crise de la dette souveraine, braves gens ! On la refinance par report au-delà la tombe de la moitié de la population en vie. Puis on laisse quelqu'un d'autre s'en occuper. Les Européens doivent tenir là quelque chose. Plus de drogue pour tous !
Cette semaine, ils devraient tenir en avoir plus. La Banque centrale européenne se réunit jeudi pour discuter des autres mesures non conventionnelles qu'elle pourrait prendre pour lutter contre le "spectre de la déflation". En juin, le président de la BCE Mario Draghi a rendu les taux sur les dépôts négatifs et a annoncé une 'opération ciblée sur le long terme' (LTRO).
Opération "Mort à la Déflation"
Avez-vous remarqué que les banques centrales deviennent chaque jour de plus en plus comme le Pentagone ? Elles donnent à leurs politiques des noms, comme s'il s'agissait d'invasions. On a eu l'opération "Liberté pour l'Irak" en Irak. La BCE nous donne un LTRO. Et ensuite ce sera quoi ? Opération "Mort à la Déflation" ?
Si la BCE annonce une sorte d'assouplissement quantitatif, elle pourrait faire encore plus baisser les rendements des obligations d'Etat. Le revers de la médaille est que plus les rendements des obligations baissent, plus cela fait entrer l'argent dans le marché actions.
Les rendements des obligations souveraines ont déjà baissé par anticipation d'un mouvement. La BCE se bornera-t-elle à acheter des titres adossés à des actifs ? Cela servirait l'objectif de créer plus de crédit. Mais la crise n'est-elle pas une crise de la dette, de trop de crédit ?
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