Le côté obscur des réseaux électriques aériens

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Par Ludovic Grangeon Publié le 5 juillet 2016 à 5h04
Reseau Electrique Danger Distance France
cc/pixabay - © Economie Matin
100000Il y a 100 000 km de réseaux électriques en France.

Les énergies renouvelables exonérées du principe de précaution ?

Un dramatique accident vient de tuer deux ouvriers, terrassés par le contact de leur camion avec une ligne à haute tension qui surplombe un jardin d’enfants en Savoie. Les responsabilités seront établies par l’enquête. Les distances de sécurité sont très faibles pour de tels dangers selon RTE : seulement 3 mètres en dessous de 50 000 volts, 5 mètres au-dessus de 50 000 volts. Ces distances de sécurité face au risque d'incendie ne peuvent être confondues avec un éloignement de précaution pour les accidents ou la santé. Curieusement, l’Arrêté du 17 mai 2001 porte ces distances à 20 et 100 mètres pour les établissements industriels et spéciaux, prouvant que le risque est bien supérieur. Le contrôle de sécurité de ces installations est vague et non attribué à une autorité indépendante. La France adopte des distances bien plus faibles que ses voisins européens, alors qu’elle a un réseau aérien très étendu et que de nombreux pays enterrent toutes leurs lignes pour la sécurité et les paysages. La Suède préconise de 75 à 350m d’éloignement pour les mêmes types de lignes, et l’Italie au moins 28 mètres.

Néons fonctionnant par le seul champ électrique (sans être branchés) sous une ligne haute tension
extrait Documentaire BBC sur l’électricité diffusé par ARTE mai 2016 (Jim Al Khalili)

Réseaux d’électricité et réseaux d’influence

La prolifération anarchique et débridée de stations solaires et éoliennes s’est développée en mitage sur tout le territoire, et selon le seul bon vouloir de promoteurs privés alléchés par les avantages fiscaux avant tout - (l’énergie renouvelable est achetée par une taxe qui représente 4 fois le prix de production standard). Pour les satisfaire, le réseau français d’électricité doit développer des centaines de kilomètres supplémentaires de lignes haute tension, tirées à la hâte . Le comble est que les promoteurs qui font fortune grâce à cet eldorado administratif et artificiel, ne contribuent que très faiblement au renforcement de ces réseaux. Et pourtant ils allongent considérablement les lignes électriques car ils s’implantent dans des petites communes reculées désarmées devant les formalités administratives, et peu informées sur leurs risques réels, comme le Sénat l’a souligné depuis longtemps. C’est la double peine pour le consommateur qui doit d’une part payer une fortune ce tarif artificiel des énergies renouvelables via la CSPE. Mais ce n’est pas tout, de nouvelles taxes de réseau toujours plus chères (TURPE par exemple) viennent payer ces nouvelles contraintes à la place de ces promoteurs décidément bien assoiffés.

Ces réseaux d’influence manquent parfois de clarté jusqu’au plus haut niveau. Les responsables politiques de tous partis ont qualifié d’insupportable la nomination à la tête de RTE (Réseau Transport Electricité) d’un député qui avait mis un zèle particulier à défendre de nombreux amendements particulièrement juteux pour le secteur des énergies renouvelables. Les termes de copinage, bidouille, manque d’éthique, vif étonnement, conflit d’intérêt, ont été utilisés par des parlementaires choqués par une telle confusion des genres. Même EELV a qualifié cette nomination de « gênante ». Certains économistes "indépendants" ne rechignent pas à des postes d'administrateur de sociétés fortement impliquées dans le business des réseaux, y compris au sein du cercle des Economistes. Alors que c’est la présence d’un réseau électrique qui permet à une opération d’éoliennes de s’implanter n’importe où, on peut s’étonner du réseau d’influence qui contrôle désormais ce système.

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Ludovic Grangeon a été partenaire de plusieurs réseaux d’expertise en management et innovation sociale de l'entreprise. Il milite à présent pour le développement local et l’équilibre des territoires au sein de différentes associations. Il a créé en grande école et auprès des universités  plusieurs axes d’étude, de recherche et d’action dans le domaine de l’économie sociale, de la stratégie d’entreprise et des nouvelles technologies. Il a également été chef de mission et président de groupe de travail de normalisation au sein du comité stratégique national Afnor management et services. Il a participé régulièrement aux Journées nationales de l’Economie, intervenant et animateur. Son activité professionnelle a été exercée dans l'aménagement du territoire, les collectivités locales, en France et auprès de gouvernements étrangers, à la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le capital risque, l’énergie, les systèmes d’information, la protection sociale et la retraite.

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