Les publications macroéconomiques ont refroidi les ardeurs des marchés boursiers. Hier, l’annonce plutôt mitigée des chiffres de croissance en zone euro – seule l’Allemagne affiche une progression du PIB significative – a stoppé l’élan des indices européens, dont certains avaient passé un cap ces derniers jours, stimulés par les messages de la Banque Centrale Européenne.
L’indice CAC 40 a reculé de 1,25% hier, après avoir flirté avec les 4 512 points en séance, un niveau inédit depuis septembre 2008. Le DAX allemand a reflué quant à lui de près de 1%, à quelques points du record historique (9 800 points) qu’il venait d’atteindre. Même tendance corrective sur les Bourses des pays "périphériques", qui ont cédé beaucoup de terrain (-2,35% pour l’Ibex, -3,61% pour le MIB).
Zone euro : la croissance économique patine, des mesures "non conventionnelles" de la part de la BCE deviennent nécessaires
L’orientation des tendances macroéconomiques en zone euro justifie le positionnement de plus en plus accommodant de la Banque Centrale Européenne. Dans sa communication, la BCE a laissé entendre qu’elle allait franchir le pas de mesures d’assouplissement quantitatif (via d’éventuels achats d’obligations souveraines, tel que cela est pratiqué outre Atlantique ?). Au sein de la zone euro, le grand écart "nord-sud" des situations économiques nationales, qu’il s’agisse du rythme de croissance ou du niveau d’inflation, confirme que le redressement de de l’activité économique est très hétérogène. Et la sortie de crise bien longue dans certains pays. Cette relative fragilité démontre que l’économie n’est pas encore capable de tenir une progression autonome et durable. Les agents économiques n’impulsent toujours pas de rebond marqué de la consommation et des investissements, d’où une pression baissière sur les prix. La lutte contre cette "désinflation" reste un objectif primordial pour la BCE.
La croissance du PIB en zone euro est ressortie à un niveau très modeste pour le premier trimestre, seulement 0,2%, selon Eurostat. L’Italie et le Portugal se distinguent par une évolution négative (-0,1% et -0,7%) tandis que celle du PIB de la France est nulle. Comme souvent depuis quelques années, seule l’Allemagne tire son épingle du jeu avec une croissance plutôt robuste (0,8% après 0,4% au dernier trimestre 2013, +2,5% entre le premier trimestre 2013 et le premier trimestre 2014). Mais on constate une légère inflexion dans la structure de l’activité économique allemande, puisque le commerce extérieur, le traditionnel point fort germanique souvent jalousé en Europe, n’a pas forcément contribué à la croissance au premier trimestre. Depuis quelques mois, le volume d’exportations semble en perte de vitesse par rapport à celui des importations.
Les investisseurs "shortent" les indices européens
La correction boursière s’est reflétée dans l’évolution du "Sentiment Clients", le baromètre du sentiment des clients de CMC Markets (plus de 45.000 dans le monde, établi quotidiennement à partir de leurs positions réelles). Les investisseurs sont redevenus "bearish" à courte terme, après des prises de bénéfices. Leurs positions sont aujourd’hui très majoritairement vendeuses sur le CAC 40 (positions vendeuses à 85%), sur le Footsie (à 93%) et sur le Dax (à 73%). En revanche, le Nikkei 225 suscite l’attrait des investisseurs (acheteurs de l’indice à 81%), encouragés par les chiffres ressortis en hausse sur les dépenses des ménages et une bonne progression du PIB (+1,5%) au premier trimestre.
Du côté des devises, on constate un mouvement marqué sur la paire GBP/USD. Les cambistes sont repassés acheteurs (un brutal changement de tendance par rapport à la semaine passée, puisque le flux était vendeur à 91%). Sur l’EUR/USD la tendance est vendeuse à 69%. La monnaie unique a cédé près de 2,5% par rapport au billet vert depuis une semaine (à 1,3650 dollars, l’euro est à son niveau le plus bas depuis plus de deux mois). L’offensive de la BCE pour une politique monétaire plus expansionniste en Europe, qui devrait être mise en œuvre à partir du mois prochain, milite en faveur d’un affaiblissement mécanique de l’euro à moyen terme.