L’interview exclusive de Georges Malbrunot ancien otage, grand reporter et spécialiste du dossier syrien !

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Par Charles Sannat Publié le 17 septembre 2015 à 11h11
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220000La guerre en Syre a fait plus de 220 000 morts.

J’ai eu l’occasion de discuter avec Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro, qui sillonne le Moyen-Orient depuis vingt ans. De 1994 à 2004, il a été correspondant à Jérusalem, puis à Bagdad.

Sa connaissance de la région lui a permis de révéler la mort du criminel de guerre Aloïs Brunner en Syrie, le secret des médecins français de Saddam Hussein, et les contacts noués entre la France et le Hamas.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le conflit israélo-palestinien et l’Irak : Des pierres aux fusils, les secrets de l’Intifada ; Les Mémoires de Georges Habache ; et avec Christian Chesnot, L’Irak de Saddam Hussein, Portrait total ; Les années Saddam en collaboration avec le traducteur de Saddam Hussein.

Il fut détenu en otage avec Christian Chesnot pendant quatre mois en Irak en 2004.

C’est donc un véritable spécialiste du Moyen-Orient et en particulier de la Syrie, auteur de l’ouvrage « les chemins de Damas ». Son avis sur le dossier syrien et sur la situation actuelle au Moyen-Orient est évidemment celui d’un connaisseur, loin de toutes considérations d’ordre politique.

Je vous propose donc tout d’abord un bref résumé de son livre « Les chemins de Damas » que vous pouvez commander directement sur le site de son éditeur (je ne suis pas commissionné, et je défends le livre qui permet de prendre le temps de fouiller un dossier, un sujet en dehors de la tyrannie de l’immédiateté actuelle. Lorsqu’un ouvrage sort du lot ou présente un caractère d’actualité spécifique, je serais toujours heureux d’en faire la promo).

Puis, une interview exclusive pour chacune et chacun de vous, lecteurs du site insolentiae.com

Enfin, vous pourrez tout à la fin visionner une vidéo de Georges Malbrunot qui était interrogé justement sur tous ces sujets brûlants.

« Les chemins de Damas »

« Alors que le drame syrien est plus que jamais d’actualité, cette enquête explosive révèle le double jeu permanent des autorités françaises dans leurs relations avec les dirigeants syriens.

Ce livre explore les méandres de quarante années de relations entre la France et la Syrie. Des relations jalonnées de cadavres, d’affrontements, mais aussi de lunes de miel tant spectaculaires qu’épisodiques. Quarante ans pendant lesquels Paris et Damas n’ont cessé de faire des affaires sans interrompre le fil d’une coopération sécuritaire aux aspects parfois inavouables. Christian Chesnot et Georges Malbrunot révèlent le dossier noir de cette relation quasi schizophrénique. Ils montrent que les dirigeants français ont sous-estimé la solidité du régime de Damas, un monstre froid aux mœurs politiques implacables dont ils n’ignoraient pourtant rien de la férocité.

Nos présidents successifs ont souvent agi dans l’émotion, la précipitation ou l’improvisation, jusqu’à aboutir à l’impasse que l’on constate aujourd’hui… Ainsi, au moment même où Jacques Chirac, après l’assassinat de son ami Rafic Hariri, veut faire « rendre gorge » à Bachar el-Assad, la France lui livre dans le plus grand secret deux hélicoptères Dauphin et fournit à son entourage un système de communications sécurisées. Nicolas Sarkozy puis François Hollande commettront à leur tour les mêmes erreurs en s’aveuglant sur la capacité du pouvoir syrien à se maintenir en place.

Fondée sur des témoignages inédits, l’enquête dévoile les dysfonctionnements entre diplomates et services secrets français dans la gestion de la crise et met en lumière l’inconséquence de notre classe dirigeante face aux véritables réalités du monde ».

Pour commander le livre les chemins de Damas c’est ici

Georges Malbrunot, l’interview

Charles SANNAT : Monsieur Malbrunot tout d’abord merci de prendre le temps de répondre à quelques questions pour les lecteurs du site insolentiae.com.

Vous êtes l’auteur d’un ouvrage « Les chemins de Damas, le dossier noir de la relation franco-syrienne » publié fin 2014 et qui compte tenu de la situation actuelle prend un relief tout particulier.

Y-a-t-il une autre solution possible crédible que celle qui consisterait à renforcer finalement le pouvoir de Bachar el-Assad pour mieux contrer l’Etat Islamiste?

Georges Malbrunot : Il convient de hiérarchiser nos priorités. D’abord la lutte contre Daech qui menace notre sécurité.

Les autorités françaises viennent de le faire en annonçant des frappes anti-Daech, mais avec beaucoup de retard.

En parallèle, ou peu après une réduction de la menace posée par Daech, il conviendrait de relancer un processus de négociations sur une transition politique en Syrie qui incluraient Russes et Iraniens, les seuls à avoir la capacité, le moment venu, de pousser Bachar el-Assad vers la sortie… Pour peu qu’on garantisse leurs intérêts.

Charles SANNAT : Manuel Valls évoquait le fait de soutenir une coalition régionale de troupes au sol.

On entend de plus en plus souvent qu’il faudrait créer des « hotspot » c’est-à-dire des camps d’accueil pour les réfugiés en Libye et en Syrie ou encore en Turquie et qu’il faudrait faire débarquer des troupes pour sécuriser ces enclaves.

Pensez-vous que de telles solutions soient envisageables?

Georges Malbrunot : L’envoi de troupes françaises au sol est, comme l’a dit François Hollande reprenant l’avis des militaires, « irréaliste et inconséquente » étant donné la multiplication des groupes rebelles sur le terrain, la multiplication de leurs parrains régionaux et le niveau de violence actuellement en Syrie.

En revanche, certains pays du Golfe comme les Emirats songent à envoyer des conseillers en Irak pour aider leurs amis, les tribus sunnites, à s’engager réellement contre Daech.

En Syrie, Poutine cherche à associer des pays arabes – Arabie notamment – et la Turquie à sa coalition anti-Daech, mais il soutient trop Assad pour que cette option puisse fonctionner.

Charles SANNAT : Vous qui êtes un fin connaisseur du moyen-orient et de la Syrie en particulier, pouvez-vous nous expliquer pourquoi la France a souhaité se débarrasser de Bachar el-Assad?

Georges Malbrunot : La France en 2011 a voulu se débarrasser de Bachar el-Assad pour faire oublier ses erreurs de jugements sur la révolution tunisienne. Souvenez-vous MAM qui disait « il faut donner quelques bâtons à la police pour que tout s’arrête », ou encore faire oublier l’échec du Quai d’Orsay et de l’Elysée à prévoir la chute de Ben Ali et de Moubarak en Egypte.

Faire oublier nos accointances avec les dictateurs, comme Assad durant la lune de miel avec Paris entre 2008 et 2010 qui n’avait pas toujours renvoyé l’ascenseur – pas de signature du contrat du métro de Damas par exemple – Sarkozy a voulu radicalement changer de pied à 180 degrés, poussé également par nos alliés du Qatar, déçus également par leur ancien ami Bachar.

Ce faisant, on a fait du wishfull thinking (NDLR prendre ses désirs pour des réalités), on a répété que Assad allait tomber, que ses jours étaient comptés etc.. on a refusé de voir la réalité en face.

Et surtout le pouvoir n’a pas voulu entendre les services de renseignements qui disaient le contraire ainsi que notre ambassadeur sur place. Notre livre détaille un réel dysfonctionnement dans la prise de décision au sommet de l’Etat.

Charles SANNAT : D’une façon générale quelle est votre opinion sur ce qui nous attend dans les mois qui viennent aussi bien au sujet de flot de migrants que de la situation au moyen-orient?

Georges Malbrunot : Les prévisions sont hélas sombres. La menace sur notre sécurité n’a jamais été aussi élevée avec plusieurs milliers de djihadistes français en Syrie, ou prêts à y partir ou encore prêts à aider ceux qui ne partiront pas à commettre des actes de violence en France.

Mais nos dirigeants ont joué aux apprentis sorciers en incitant les jeunes révolutionnaires syriens à descendre dans la rue contre un pouvoir dont on connaissait la brutalité.

C’est la France – ancienne puissance mandataire en Syrie – qui a, tracé les frontières du pays, formé une partie de son élite, coopéré jusqu’en 2010 avec ses services de renseignements.

C’est l’axe de notre livre. Alors que nous étions en mesure de jouer un rôle positif au début, nous avons décidé de gérer la crise dans l’émotion, et « l’iréalpolitik » comme nous le dit Hubert Védrine dans notre livre.

Un véritable gâchis.

Pour aller plus loin et commander le livre « Les chemins de Damas » c’est ici (un ouvrage qui apporte un éclairage indispensable pour ceux qui veulent comprendre la situation actuelle en dehors des séquences émotionnelles qui nous sont imposées).

Alors, en attendant, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Interview publiée sur le blog de Charles Sannat, Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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