La loi sur le vieillissement présentée aux députés fin 2013 aura mis 2 ans pour être votée définitivement cette semaine à l'Assemblée. Son entrée en vigueur est prévue le 1er janvier prochain. La France vieillit et il n'est plus rare que certaines régions aient 30% d'habitants de plus de 60 ans, ce qui sera la généralité en 2060.
Mais la vraie révolution de l'âge est le vieillissement en bonne santé. L'équilibre démographie-pension de retraite oblige à en repousser l'âge au delà de 60ans. Il est temps de faire évoluer les bases statistiques au delà de cet âge, vestige de l'après 2ème guerre mondiale.
Mais les choses demeurant figées, cette loi destinée à plus de 22 millions de personnes concernées, a un budget de... 645 millions d'euros. Et voilà l'ambiguïté de la loi : un public, une ambition, mais sans moyens, et donc, des annonces sans financement ! Les porteurs de la loi communiquent sur les solutions qu'elle apporterait aux douloureux problèmes affectifs et financiers de la dépendance des personnes très âgées. Mais, par quelle alchimie serait-ce possible quand la loi est dotée d'un budget principal si faible par rapport aux 22 milliards d'euros que le coût de la dépendance représente ?
Cette loi aurait pu être un signe fort pour cette génération intermédiaire des 60-65 ans à 85 ans, porte de la vieillesse. Les 60-75 ans contribuent pour leurs petits-enfants, enfants et leurs parents très âgés. Ils veulent rester vivre chez eux. D'ailleurs les établissements sont tellement onéreux que peu d'entre eux peuvent y accéder. Alors l'adaptation du logement à défaut d'être financée cède la place à l'adaptation de ceux qui y vivent, renonçant à la salle de bain et à la chambre de l'étage pour se servir du lavabo du rez de chaussée et d'un lit installé à côté.
C'est une loi qui touche à tout mais qui repose sur le seul ministère des affaires sociales et de la santé - et son secrétariat d'état à l'autonomie. Sans associer par exemple le ministère du logement quand l'adaptation et la création de logements y sont présentées comme une des pierres angulaires du texte. Le vieillissement n'apparaît pas comme une évolution de la société qu'il est, mais comme une maladie ou un handicap, qu'il n'est pas, en étant maintenu dans le champ médico-social. Or un tel enjeu appelle pourtant les compétences de presque tous les ministères. Et voilà que ce texte qui entend s'adresser à la société toute entière est financé par la seule contribution de 0.3% des ressources des retraités dès lors qu'ils s'acquittent de 61 euros d'impôt annuels, ce qui équivaut à un revenu mensuel autour de 1143 euros. Il s'agit d'une solidarité singulière qui sollicite ceux qui vieillissent pour financer, seuls, le vieillissement démographique, comme si la loi s'adressait à une communauté pour lui permettre d'exister.
Cette loi, tous comptes faits n'est qu'un engagement du bout des doigts qui creuse le fossé entre le dire et le faire.