Mercredi 22 mai, les médias français et étrangers s'en sont donnés à coeur joie dans une opération de "SNCF bashing" mémorable, suscitée par un article du Canard Enchaîné. L'histoire ? Les nouvelles rames TER commandées par la SNCF et financées par les régions sont trop larges pour 1200 à 1500 quais de gare, qu'il va falloir "raboter". "Consternant et stupide" comme le déclare Ségolène Royal ? Avant de traverser les voies, il faut toujours regarder des deux côtés...
Reprenons : sur certaines lignes TER, notamment en Ile-de-France mais pas seulement, les trains sont bondés aux heures de pointe et les passagers voyagent debout, serrés comme des sardines. Qui plus est, comme le train est bondé, les opérations de montée et descente des passagers sont plus longues. Vu ainsi, on est tenté de se dire qu'il suffit de rajouter un train pour résoudre le problème. Sauf que ce n'est pas aussi simple ! Rajouter un train, c'est trouver un créneau horaire pour le faufiler entre les autres. C'est ensuite mobiliser une motrice et des wagons supplémentaires, ainsi qu'un conducteur. Tout cela pour une fois le matin, une fois le soir ? Qui plus est, quand le train est parti dans un sens, il faut le faire revenir dans l'autre. Et encore faut il que ce train, motrice, wagon et chauffeur, soient disponibles....
Bref, on l'aura compris, accueillir plus de passagers aux heures de pointe n'est pas simple comme "il suffit de rajouter un train". Cela, les élus dans les régions qui financent les TER et les chargés du trafic régional à la SNCF l'ont bien compris, et c'est ce qui les a motivés à commander de nouvelles rames TER pour remplacer les rames existantes, vieillissantes. De nouvelles rames plus grosses, pour accueillir plus de passagers.
Qui imagine une seule seconde que lors du choix des nouvelles rames, personne ne s'est inquiété qu'elles passent dans les gares ? Ce serait prendre les cadres de la SNCF pour des billes. Je sais bien pour en avoir parlé à l'époque sur BFM où j'étais chroniqueur que des astronomes ont réussi à envoyer une sonde, Marc Climate Orbiter, s'écraser sur la planète rouge, parce que les mesures injectées dans son ordinateur de bord étaient formulées en miles (1852 mètres), quand le logiciel s'attendait à des mètres, mais enfin quand même. Là, que le train soit plus gros, c'est marqué sur le bon de commande, et à la SNCF, on sait depuis le début que ça ne passera pas et qu'il faudra faire des travaux.
Non, si j'ai titré "un scandale peut en cacher un autre", c'est que l'emballement médiatique du mercredi 22 mai est significatif du fonctionnement de notre métier. Quel est le vrai "scandale" si l'on peut s'exprimer ainsi, en restant modéré et objectif ? Que RFF, qui gère le réseau ferré et les gares, et la SNCF, qui gère les trains, se soient... Lire la suite de l'article ici.