Philippe Varin, François Hollande et les « fils de »

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Par Charles Sannat Publié le 28 novembre 2013 à 14h16

Nous avons tous en mémoire certaines tirades de notre mamamouchi en chef lorsque ce dernier n’était que candidat.

Nous avons pu mesurer à quel point il « était heureux que son ennemi soit la finance sans visage" car s’ils avaient été copains… je ne vous raconte pas ce que l’on aurait dû endurer. De vous à moi, nous avons aussi en mémoire quelques sublimes épisodes du mamamouchi d’avant, celui qui meurt d’envie de revenir mais qui voudrait qu’on le supplie très fort de le faire. C’est vrai qu’il nous a beaucoup amusés celui-là aussi, enfin "amusés" c’est un bien grand mot, disons qu’il nous a donné de quoi parler et qu’il ne s’est pas franchement bien tenu. Il a eu un comportement de gosse s’empiffrant du pot de confiture.

Sarkozy, et son fils Jean

Bref, je voulais vous parler des fils de mamamouchis en chef. C’est chouette d’être fils de mamamouchis en chef, surtout lorsque lesdits mamamouchis en chef n’ont plus aucune retenue, ni grandeur, ni aucun honneur. Je m’explique. Le fils Sarko, qui n’a pas vraiment brillé lors de ses études (ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas brillant, le monde étant rempli d’autodidactes brillants et de forts en thème aux résultats inversement proportionnel, nous reviendrons plus tard sur le cas de Philippe Varin à qui je souhaite tailler un costume).

Bref, le fils Sarko donc, qui allait ou venait (je ne sais plus très bien) de se marier avec la fille Darty (Jessica, d’après le numéro de Public que j’avais lu à l’époque), devait quand même se trouver un job sans doute pour faire plaisir à beau papa, et comme la fille Darty, ce n’est pas rien (bien que Darty soit en train de lamentablement se casser la figure), il lui fallait un bon job, un très bon job. D’où sans doute la volonté de son papa (notre mamamouchi en chef de l’époque) de nommer son fils à la tête de l’EPAD de la Défense, un machin super sérieux gérant l’aménagement de la défense alors que son minot de fils n’avait pas encore 25 ans…

Mais que voulez-vous, Jessica était enceinte, le mamamouchi bientôt papy, et il fallait bien caser et fissa le fils prodigue. Je dois avouer que tout papa doit pouvoir comprendre la volonté d’un autre papa d’aider son rejeton à démarrer dans la vie, tel n’est pas le problème. Le fils Sarko aurait pu avoir un poste à Bercy payé 2 000 euros par mois de petit fonctionnaire, cela aurait été suffisant pour payer les couches du marmot et ses petits pots (enfin nous, dans la France d’en bas, lorsque l’on a 2 000 euros net par mois on est déjà content et on s’en sort convenablement), mais… pas chez ces gens-là ma brave dame.

Chez ces gens-là, il faut du bling-bling, de la Rolex avant 50 ans, sinon tu as lamentablement raté ta vie, il faut du fric, du pognon, du blé, du flouze, car il n’y a que cela qui est important. Bref, il a tenté de le nommer président de l’EPAD, ce qui a suscité un tollé magistral de la part des médias mais aussi et surtout de la part du peuple, qui a pris plume, stylo ou clavier pour saturer le service courrier de l’Élysée de protestations… parfaitement légitimes, car une telle désignation était profondément choquante.

Hollande, et son fils Thomas

Bien, maintenant, passons à Normal 1er Mamamouchi en chef en exercice actuellement. Il a un fils, le petit Thomas. Bon, il est plus grand que le fils de l’autre à la même époque, puisqu’il doit avoir quelque chose comme 29 ans, ce qui veut dire qu’il bénéficie encore des tarifs jeunes, mais ne soyons pas bégueule. C’est un jeune avocat (lui, a priori, il a réussi à avoir ses examens, mais ne le dites pas trop fort, vous pourriez refiler des complexes à l’autre fils qui vient, lui, de lamentablement se planter à l’examen du barreau) qui travaille dans un cabinet d’avocats.

Jusque-là tout va bien, quand bien même papa l’aurait pistonné un peu, soyons honnêtes, nous pistonnerions tous nos gosses si nous en avions la possibilité, donc je ne ferai pas de leçon de morale sur ce point précis. Là où l’histoire se corse, c’est que le fils du mamamouchi en chef se retrouve en charge d’un dossier économique important qui consiste à défendre le CE (Comité d’Entreprise) du Transporteur Mory-Ducros. Je suis sûr, sans mauvais jeux de mots bien sûr (vous me connaissez heiiiin), que le petit Thomas va se décarcasser sur l’affaire Ducros, mais vu que c’est le numéro deux du transport en France, qu’il y a 7 000 emplois dans la balance et que c’est un dossier qui va inévitablement se politiser…

Que vient foutre dans cette affaire un fils de mamamouchi en chef âgé d’à peine 30 ans, alors que ce type de dossier est en général géré par des trapus, des costaux du ciboulot, des gens d’expérience, c’est-à-dire des vieux, des seniors, bref, des gens qui savent de quoi ils parlent et qui ont un peu roulé leur bosse dans la vie et qui sont plutôt en fin de carrière qu’en tout début, et c’est plutôt logique. Notre mamamouchi en chef serait donc bien inspiré d’expliquer à son rejeton (je sais que ça peut être compliqué, surtout vu que la môman c’est Ségolène, et que la Ségo, elle est un peu comme ma femme, c’est-à dire pô commode) que dans le contexte actuel, il convient a minima d’éviter tout mélange des genres de nature ou susceptibles de montrer aux Français qu’il y a bien dans notre pays deux castes de gens.

La caste de mamamouchis, pour qui tout est permis (ce qui fut le cas de tout temps, mais de façon plus ou moins visible) et les zautres, l’immense majorité, le petit peuple, nous, tout juste bon à payer et verser nos écots sous forme d’impôts les plus élevés possibles. Plus ce quinquennat avance et plus la différence entre l’autre et môa président s’estompe à tel point qu’entre l’un et l’autre, on finira par ne plus faire beaucoup de différence. Alors surtout Monsieur le Président, expliquez à votre fils qu’il n’a rien à faire dans tout type de dossier qui pourrait aboutir ou conduire de près ou de loin à ce que l’on appelle un conflit d’intérêt car nous sommes en plein dedans. Enfin, les syndicats seraient bien inspirés de ne pas rentrer dans ce genre de jeu stupide où pour avoir plus de chance de gagner un dossier, on va chercher comme avocat le fils du Président. Cette affaire en dit encore très long et sur l’état de notre démocratie et sur notre conception des dossiers économiques.

La plainte de Xavier Kemlin contre la "copine du moment" du président

De façon générale, je déteste aller sur le terrain de la vie privée des gens, mais que voulez-vous, le problème c’est que c’est une question d’ordre économique. Donc c’est dans mes attributions de charte éditoriale, donc je peux en parler ! Il y a un type du nom de Xavier Kemlin qui a déposé une plainte à l’égard de la copine du chef. Comme ils ne sont ni mariés, ni pacsés, ni officiellement concubins, ben… c’est juste sa copine du moment et accessoirement la première cheftaine de la troupe. Son argumentation à Xavier Kemlin ne manquait pas d’intérêt.

En gros, soit ils ont un lien juridique entre eux (le chef et sa cheftaine) et c’est normal que la République mette à sa disposition quelques menus moyens coûtant aux con-tribuables une petite fortune chaque année, soit c’est du détournement de fonds pur et simple au profit juste de la copine du moment d’un chef, qui disait et revendiquait en le clamant haut et fort "môa président, ce sera la République exemplaire et tout le tralala" (mais bon d’un autre côté, c’était pendant la campagne donc sans doute que ça vaut pas). Ou alors ce sont des concubins notoires, et dans ce cas… il fallait qu’ils fassent une déclaration fiscale commune en particulier pour leur ISF que chacun non séparément ne paie pas, mais ou en additionnant leurs deux patrimoines… eh bien ils doivent un sacré paquet à Bercy au titre justement de l’ISF, dans ce cas c’est de la fraude fiscale et depuis que Môa président et mamamouchi en chef, on sait que la fraude fiscale est un crime de la plus haute importance, qui ne pardonne pas et mérite la potence…

Ce n’est pas moi qui fait les lois, c’est eux… Bref, vous imaginez un peu le bazar si cette plainte, à défaut d’aboutir, n’était ne serait-ce qu’un peu instruite… Déjà que mamamouchi Normal 1er n’est pas bien haut dans les sondages, là sa cote d’impopularité aurait commencé carrément à creuser après avoir touché le fond. Tiens, au passage, je vous ferais remarquer que l’on devrait parler de cote de popularité lorsque le score dépasse les 50 % mais qu’en revanche en dessous de 50 %, on devrait plutôt parler de cote d’impopularité. C’est un peu comme le ministère de l’Emploi qui ne s’occupe que des chômeurs… Haaa, les mots !

Enfin, heureusement, tout est bien qui finit bien pour mamamouchi et sa cheftaine puisque Le Point nous apprend aujourd’hui que : "En mars 2013, Xavier Kemlin a porté plainte contre Valérie Trierweiler pour détournement de fonds publics. Entendu il y a quelques jours par le doyen des juges du tribunal de grande instance de Paris, l’homme qui dénonçait "un scandale d’État" n’a pas convaincu les magistrats. Le juge Roger Le Loire a décidé de classer sans suite cette plainte. Kemlin arguait du fait que la compagne du président de la République n’est "pas liée juridiquement aux Français", car François Hollande et elle "ne sont ni mariés ni pacsés". Et qu’ "à ce titre, elle ne peut donc pas être considérée comme étant la première dame et encore moins être logée, nourrie et disposer de six personnes employées à plein temps."

Môa pas président du tout, je dis qu’à mon avis ça commence à sentir la promotion et la décoration dans l’ordre de quelque chose pour le petit père Le Loire. Soit dit en passant, j’aime beaucoup la sémantique de cet article puisque Le Point dit que c’est l’homme qui dénonçait qui n’a pas convaincu les magistrats… Ha je comprends, en fait, il était tellement mauvais ce brave citoyen et ses arguments tellement nuls qu’aucun magistrat digne de ce nom ne pouvait être convaincu. C’est donc sémantiquement de sa faute. Un bien bel article.

Bon, cela dit, des lecteurs juristes parmi vous pourront sans doute me le confirmer mais il me semble qu’il n’existe pas dans la loi de texte régissant le statut de première dame, mais en ces temps de mariage pour tous et de prohibition de la prostitution, il me semblerait logique que Môa Président et son exemplarité positionnée en tête de gondole le conduise à demander la cheftaine en mariage (cela dit un drôat au mariage n’est pas non plus une obligation au mariage et heureusement), et puis cela nous donnerait l’occasion à nous, le petit peuple d’en bas, de fêter le mariage du roi avec la princesse, ce serait un beau conte de fées, et je suis sûr qu’un petit défilé en carrosse Citroën sur les Champs ferait remonter la cote d’impopularité du couple royal, ou les sifflets…

Finalement, ce n’est pas si sûr… En fait, ce qui est gênant dans toutes ces histoires, c’est que faire de l’exemplarité un argument commercial, pardon électoral et flirter avec ses limites peut vite s’apparenter à de la publicité mensongère et s’avérer politiquement dévastateur. Tiens, à propos de carrosse Citroën (vous remarquerez au passage ma superbe transition), achevons ce tour de la République exemplaire par le cas Varin (le futur ex-mamamouchi en chef de PSA).

Philippe Varin et ses 21 millions d'euros de retraite

Haa, ce petit Philippe, c’est un fort en math (je vous en parlais au tout début), il est en effet diplômé de Polytechnique (promotion 1973) et de l’École des Mines (1975). Très fort en math mais nettement moins en gestion de constructeur automobile. Il prend les rênes de PSA tout va bien et il se fait virer en laissant un groupe en quasi-faillite… Ce n’est pas un bilan très glorieux. Cela dit, en attendant, de vous à moi, il a quand même pu gagner un peu de sous pendant son mandat. "En 2010, sa rémunération annuelle au sein du groupe PSA a atteint 3 253 700 euros (dont 1 651 000 euros de part variable). En 2011, après renoncement par Philippe Varin à l’octroi de la part variable, elle redescend aux environs de 1,3 million d’euros."

Ce qui reste tout même largement supérieur à tout ce que je gagnerai lors de mes 40 annuités de dur labeur à devoir amuser la galerie de sujets économico-politiques fastidieux. Donc il n’est tout de même pas à plaindre le bichon sur ce coup. En plus, l’État a dû accorder une garantie de 7 milliards d’euros pour la banque PSA finance, car compte tenu de la santé financière du groupe, la banque du constructeur ne pouvait plus se refinancer, et si elle ne pouvait plus se refinancer, elle ne pouvait plus faire de crédit, et vu que presque tout le monde achète sa bagnole à crédit, cela voulait dire que le groupe PSA ne pouvait plus vendre une voiture. Vous serez donc d’accord avec moi que assez rapidement, un constructeur de voitures qui ne vend plus une voiture… fait faillite.

Bravo Philippe, tu as vachement réussi. Retourne faire des maths. Enfin, comme la situation est juste catastrophique, le gouvernement étudie également une entrée de l’État au capital de PSA, avec le chinois Dongfeng car il faut sauver le soldat PSA et ses dizaines de milliers d’emplois sinon l’inversion de la courbe du chômage n’est vraiment pas pour demain. C’est dans ce contexte que l’on apprit cette histoire de retraite de chapeau de 21 millions d’euros. Mais ce beau diable de Philippe, qui a négocié le gel des salaires de ses esclaves, heu pardon de ses ouvriers, ne souhaite pas renoncer comme ça à son grisbi. Les efforts c’est pour les gens d’en bas, pas ceux d’en haut, sinon où irait le monde ma brave dame.

Donc le Philippe s’est défendu de tout "comportement abusif", soulignant que toute cette polémique reposait sur "des idées fausses" (ce qui est un peu vrai). "Je bénéficierai d’une retraite complémentaire, comme la plupart des cadres dirigeants de grandes entreprises. À ce titre, je percevrai un montant net annuel d’environ 300 000 euros net annuel (après impôts, NDLR). Je ne toucherai donc ni maintenant, ni plus tard, la somme des 21 millions d’euros dont on parle", a expliqué Philippe Varin.

Donc pour notre petit Philippe, qui s’est gavé de plusieurs millions d’euros en cinq ans de son mandat de mamamouchi de PSA, trouve cela parfaitement normal et mérité et pour tout dire sans doute juste de percevoir 300 000 euros nets par an (ce qui ne fait effectivement pas 21 millions d’euros). Sauf que 300 K€ net par an, à vie, pour avoir planté le groupe PSA, c’est encore beaucoup trop. Le licenciement pour faute grave aurait été plus approprié dans ce cas de figure, mais que voulez-vous, chez ces gens-là ma brave dame, on ne se licencie pas pour faute. On se récompense entre soi et on s’autocongratule. Le licenciement, les fautes et les erreurs c’est bon pour la France d’en bas. Pas pour celle d’en haut.

À la décharge du pauvre Philippe, qui a rappelé qu’il ne toucherait "aucune indemnité de départ", nous avons connu de futurs ex-mamamouchis qui n’hésitaient pas à toucher leur parachute doré. Tout ça pour dire qu’entre l’autre et Môa Président, finalement peu de choses ont vraiment changé, peu de pratiques ont vraiment évolué et qu’il ne faut pas s’étonner d’une montée sourde de la grogne populaire…

Mais Ayrault ne comprend toujours pas. Le peuple aurait simplement voulu, qu’avec Môa Président, au moins à défaut que les choses aillent vraiment mieux plus vite, qu’au moins les pratiques soient différentes. Hélas, cela n’en prend pas vraiment le chemin. Restez à l’écoute. À demain… si vous le voulez-bien !!

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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