Mais qui donc va sortir vainqueur et qui perdant de la dernière grande cession en vue dans l’industrie française ? Est-ce que la puissance des américains va l’emporter sur le patriotisme ? Est-ce que le gouvernement va, pour une fois, être écouté ? Aux dernières nouvelles, et ce n’est presque pas étonnant, c’est la douche froide pour Siemens et Arnaud Montebourg.
Alstom se donne un mois pour choisir (mais, en fait, elle a déjà choisi)
Il fallait sauver les apparences et ne pas frustrer le gouvernement plus que nécessaire. Alors, depuis que l’affaire de la cession des actifs dans la branche énergie d’Alstom à General Electric a été dévoilée au grand public, le groupe industriel français joue la carte de la temporisation.
Car si General Electric avait déjà fait une offre plus ou moins formelle, une fois que notre ministre de l’Economie à la marinière s’en est mêlé, tout est devenu plus compliqué. Et puis le gouvernement a voulu faire entrer dans la course l’allemand Siemens, dans l’espoir de ne pas voir le fleuron de l’industrie française partir trop loin (de l’autre côté de la frontière c’est toujours mieux que de l’autre côté de l’Atlantique).
Alors Alstom a décidé de « se donner un mois pour choisir » entre toutes les offres qui lui arriveraient. Mais c’est un peu un écran de fumée : le Conseil d’Administration aurait déjà opté pour l'offre de General Electric lors de son assemblée mardi 29 avril 2014.
Cette offre concernerait, selon les premières informations, le rachat de la branche énergie du groupe français, soit 70% de son activité environ, pour 10 milliards d’euros. Rien n’a été dit sur les quelques 18 000 emplois en France concernés par un changement de propriétaire.
Mais que fait Siemens ?
Pris de court, l’industriel allemand n’a pas encore eu le temps de dévoiler son offre, si offre il y a… Bien entendu Siemens a laissé, jeudi 17 avril, une lettre annonçant son intention de participer à la course (comment n’aurait-il pas pu ?), mais pour l’instant on ne sait rien de cette offre. A part qu’elle est préférée à celle de GE par le gouvernement.
Et puis une offre d’une telle envergure, ça ne se prépare pas à la va vite. Bouygues (accessoirement premier actionnaire d’Alstom) le sait bien… son montage financier avec Free dans le dossier SFR, qui avait également les faveurs du gouvernement, n’est pas allé à bon port.
Arnaud Montebourg ne serait pas à la hauteur
On connaît le personnage et sa langue bien pendue… sauf qu’il n’est pas sur une scène de théâtre mais ministre de l’Economie. Après ses divers propos peu convenants sur la cession de SFR (il y préférait Bouygues à Numericable, souvenez-vous), voilà qu’il a clairement annoncé sa préférence pour l’offre de Siemens (inexistante à ce jour) à l’offre de General Electric.
Mieux : mardi 29 avril 2014, à l’Assemblée Nationale, Arnaud Montebourg s’est déroulé sur Patrick Kron, président directeur général d’Alstom que le Conseil d’Administration devrait avoir chargé des négociations avec GE.
« Il m’a toujours dit qu’il n’y avait aucun projet d’alliance » se plaint le ministre de l’Economie qui se demande « dois-je aller installer un détecteur de mensonge dans son bureau? ».
Traiter de « menteur » le principal intéressé n’est peut-être pas la meilleure stratégie à adopter pour lui faire suivre ses choix. Mais même bien avant cela, afin de ne pas risquer que le ministre de l’Economie n’empire la situation, c’est François Hollande qui s’en est mêlé, laissant sur la touche ou presque notre Montebourg national.
Il faut dire que pour le président de la République, la question, outre l’emploi et le côté « fleuron de l’industrie », est hautement symbolique. En 2004, c’était Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, qui avait sauvé Alstom de la faillite…