C'est le genre de statistiques qui donnent à la fois une bonne, et une mauvaise nouvelle. Mauvaise, car lorsque la consommation se contracte dans un pays dont le modèle de croissance est basé en premier lieu sur la consommation des ménages - la France, quand celle-ci baisse, c'est un signal inquiétant.
Mais c'est aussi une bonne nouvelle parce que dans le même temps, la croissance justement n'a pas semblé trop en souffrir. Sur le premier trimestre, la Banque de France a prévu une croissance de 0,2 %, pour, une année estimée à 1 %. Nous sommes encore dans les clous des prévisions du gouvernement. Une bonne nouvelle aussi parce que la baisse de la consommation des ménages est pour une partie significative liée à la baisse de consommation de gaz et d'électricité, des dépenses normalement contraintes, dépendantes de la météo. Mais quand l'hiver est doux et que les factures de gaz ou d'électricité sont plus légères, c'est du pouvoir d'achat de restitué. Seulement voilà : si la mesure de la baisse de consommation d'énergie est rapide - les compagnies communiquent au mois le mois leurs chiffres de vente et leur chiffre d'affaires, en chute de 26 % pour GDF Suez sur les trois premiers mois de l'année - les ménages, eux, ne constateront la baisse de leur consommation qu'au bout de quelques semaines, voire quelques mois. Il faudra en effet attendre le relevé des compteurs pour que le montant des factures intermédiaires estimées soit corrigé, ou encore pour que les prélévements forfaitaires mensuels soient neutralisés ! Autrement dit, les économies d'énergie réalisées par les foyers français cet hiver n'apparaîtront réellement dans leur budget qu'à l'été, voire, à la rentrée !
Autre explication à la baisse de la consommation des ménages sur les trois premiers mois de l'année : La "boulimie" de consommation en fin d'année, qui avait poussé les ménages à surconsommer au quatrième trimestre, pour profiter des derniers mois de TVA réduite dans bien des secteurs, ou encore des bonus malus écologiques ancienne formule dans l'automobile. Au 1er janvier, tout ces services et produits et de consommation ont vu leur prix augmenter mécaniquement.
Inutile de dire que les chiffres de la consommation du deuxième semestre, et déjà, du mois d'avril, sont attendus avec impatience par les analystes, afin de percevoir si la tendance est effectivement contextuelle ou... durable. Ce serait alors un signe de grande défiance de la part des ménages, qui dans le même temps se sont largement remis à épargner : l'assurance vie a encore collecté pour 2 milliards d'euros de placements nets le mois dernier.