La Banque centrale européenne a abaissé il y a quelques jours son principal taux directeur de 0,75 % à 0,5 %, un acte sans précédent dans l’histoire de la monnaie unique. Cette mesure vise à relancer la croissance d’une Europe en crise.
La baisse du taux directeur est un signal plus politique qu’économique, il correspond à une mesure conventionnelle de la BCE dans son rôle principal de garantie de la stabilité des prix. Mario Draghi réaffirme ainsi l’indépendance de la BCE par rapport à une Allemagne qui était opposée à la baisse du taux directeur. Il donne un signe de confiance aux pays européens pour accompagner une éventuelle reprise.
Pourtant, la portée économique réelle de cette mesure est faible et traduit l’impuissance de la BCE à prendre les mesures nécessaires pour aider à la reprise de la croissance. Aujourd’hui les banques ne manquent pas de liquidités et cette baisse du taux directeur risque de ne pas être transférée à l’économie réelle.
Les freins à la reprise économique, spécifiques pays par pays, concernent l’incapacité à soutenir l’activité et le développement des PME qui, en Europe, représentent 65% des emplois et 55% de la richesse créée, et dépassent largement le cadre d’interventions possibles de la BCE :
Premièrement, les banques sont incitées à limiter les crédits à moyen terme aux PME. Pour satisfaire aux nouvelles exigences réglementaires, les banques sont incitées à accumuler des liquidités et à limiter leur prise de risque. Cela les pousse à limiter les crédits à moyen terme aux PME en durcissant les règles d’octroi. Elles se désengagent d’une partie du financement aux PME.
Deuxièmement, le poids de la dette publique continue à augmenter du fait d’une difficulté à baisser les dépenses publiques et à mettre en œuvre les réformes structurelles.
Troisisèmement, la hausse des impôts entrave la consommation.
Enfin, la fiscalité sur les entreprises limite les possibilités pour les PME de se développer.
Face à cette situation, c’est une gageure d’imaginer que la baisse de 0,25 point du taux directeur de la BCE puisse avoir un quelconque effet. La BCE devrait privilégier l’utilisation de la Banque Européenne d’Investissement comme bras armé du soutien des PME européennes et favoriser un assouplissement des ratios de liquidité et de fonds propres imposés aux banques par la réglementation Bâle III.