Et si vous décidiez de reprendre une entreprise ?

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Par Martine Story Publié le 23 septembre 2015 à 5h00
France Entreprises Reprise Transmission Societe
@shutter - © Economie Matin
60 000Entre 40 et 60 000 entreprises sont transmises tous les ans en France.

Nombreux sont les français désireux de quitter le salariat et ses contraintes (jeux politiques, changements de stratégie au gré des cours de bourse, pression croissante, course à la performance, perte de sens). Environ 30 % des français seraient ainsi tentés par l’entrepreneuriat.

Leurs principales motivations consistent à reprendre en mains leur destin professionnel, à redonner du sens à une vie professionnelle qui a perdu de sa substance, à peser à nouveau sur les décisions. Pour certains, le désir d’entreprendre est sous tendu par une volonté d’indépendance, pour d’autres c’est l’occasion d’imaginer un changement de vie, de quitter les grandes villes et de se rapprocher de sa famille ou de sa région d’origine, voire de changer de métier pour enfin mener à bien un projet « passion » qui leur tient à cœur depuis de nombreuses années.

Deux voies s’offrent principalement au futur entrepreneur, la création et la reprise d’entreprise.

?La création d’entreprise tout d’abord ; chaque année plus de 500 000 entreprises sont créées en France. Parmi elles, bon nombre d’autoentreprises (de l’ordre de la moitié). La création d’entreprise permet au porteur de projet de démarrer son activité de zéro, et dans un certain nombre de cas, de se lancer avec des moyens financiers limités. En contrepartie, la création d’entreprise nécessite en premier lieu d’avoir une idée originale, celle qui permettra au dirigeant de lancer sa société, d’être lisible sur le marché et d’être différencié par rapport aux concurrents. Or bon nombre d’aspirants créateurs sont stoppés dans leur élan, en quête de « la bonne idée ». ?

Une fois l’entreprise lancée, le créateur d’entreprise met parfois de nombreuses années à faire « décoller » son activité, à générer du chiffre d’affaires, et à pouvoir se verser un salaire et vivre de son projet.?Autre considération de taille, la sinistralité des entreprises en création est non négligeable puisque le taux de défaillance des entreprises atteint près de 50 % dans les 5 premières années; de quoi refroidir les ardeurs des plus téméraires.

Une autre piste entrepreneuriale existe, moins empruntée; il s’agit de la reprise d’entreprise. La reprise d’entreprise est un accélérateur entrepreneurial, elle permet de racheter une société existante en vue de la pérenniser et de la développer. ?

40 à 60 000 entreprises sont ainsi transmises tous les ans et le phénomène devrait s’accélérer si l’on tient compte de la pyramide des âges des chefs d’entreprises (plus d’un dirigeant sur 2 est âgé de plus de 50 ans et plus de 120 000 patrons de PME ont plus de 60 ans). Le repreneur dispose alors d’une activité existante, au modèle économique éprouvé, d’une entreprise qui a une antériorité sur le marché, qui génère du chiffre d’affaires, et qui commercialise des produits ou des services depuis parfois de nombreuses années. La reprise d’entreprise permet ainsi à l’acquéreur de se verser immédiatement un salaire. La reprise d’entreprise représente un véritable accélérateur pour un entrepreneur au profil de développeur. Elle présente également un taux de sinistralité significativement inférieur à celui de la création, de l’ordre de 30 % dans les 7 ans suivant une acquisition.

Pour se lancer, le candidat à la reprise d’entreprise doit disposer d’un apport financier, indispensable au montage de l’opération qui se fait le plus souvent sous la forme d’un LBO (montage à effet de levier).

La reprise d’entreprise est un processus tout à la fois complexe et passionnant : complexe tout d’abord par la nécessité de trouver des entreprises cibles de qualité, rentables, finançables, et pour lesquelles le repreneur est légitime; complexe par la multitude des sujets à traiter : financier, juridique, stratégique, industriel, marketing, social, fiscal,… et passionnant car reprendre une entreprise est une aventure humaine extrêmement riche. Une fois la cible identifiée, le repreneur doit en effet séduire le cédant, le convaincre qu’il est le repreneur idéal pour reprendre le flambeau, qu’il est digne de confiance et que le dirigeant en place peut lui confier son entreprise, pour ne pas dire son « bébé ».

Cette aventure entrepreneuriale devient alors bien plus qu’un projet professionnel, elle constitue un véritable projet de vie qui nécessite au préalable un consensus familial et des arbitrages sur le patrimoine du futur repreneur ainsi que sur la localisation de l’entreprise recherchée.

Compte tenu de la nature et de la complexité des enjeux, notamment financiers, il est souhaitable que le candidat à la reprise puisse s’informer et se former. Il existe aujourd’hui de nombreuses formations dédiées à la reprise d’entreprise, certaines même gratuites, payées uniquement au succès lorsque le repreneur mène à bien son projet d’acquisition. ?Il est également indispensable que le candidat à la reprise choisisse des compagnons de cordée, des professionnels du secteur disposant de solides références (conseil acheteur, spécialiste du sourcing, expert-comptable, avocat d’affaires). Un bon conseil aura certes un coût, mais il évitera bien des erreurs à son client, lui permettra de sécuriser son opération, de gagner du temps et parfois beaucoup d’argent.

La reprise d’entreprise est un véritable accélérateur pour un entrepreneur et nombreux sont les repreneurs qui, après une première acquisition réussie, décident de mener des opérations de croissance externe pour booster leur développement.

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Martine Story est Dirigeante de 2 sociétés de conseil en Fusion-acquisition ayant accompagné plus de 400 projets de reprise-cession d’entreprises. Auteur de « Reprendre une entreprise » Ed.Maxima et « Reprise d’entreprise : Tout pour réussir votre négociation » Ed.Maxima. Coach d’entrepreneurs et Chargée d’enseignement à HEC. Animatrice des Matinales de la Reprise à Sciences-Po Paris

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