Depuis des décennies notre système de retraites bat de l’aile, va de déficits en déficits et n’a subi, pour essayer de le « réparer » que des replâtrages qui ont entraîné chaque fois de la grogne, des incompréhensions, de grandes manifestations, des grèves dures... certainement par manque d’informations insuffisamment concertées.
Il est vrai qu’en France, particulièrement pour les acquis qui ont été obtenus de hautes luttes, il semble impossible de les perdre d’un « coup de baguette magique » . Le changement fait peur même si beaucoup perçoivent qu’il va être nécessaire de trouver des solutions.
Où en est-on aujourd’hui à mi-2019 ?
L’âge moyen à fin 2018 a atteint 62,7 ans dans le secteur privé après avoir été à son point le plus bas à 58,5 ans il y a une bonne dizaine d’années. Ce chiffre est celui annoncé par les caisses de retraites mais ne correspond pas à la réalité, puisque c’est celui auquel les salariés touchent leur première pension. Le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) rappelle qu’une proportion non négligeable d’assurés passent par des périodes d’inactivité ou de chômage, entre leurs sorties définitives du marché du travail et la date de liquidation de leurs droits avec une transition vers la retraite pas facile à gérer administrativement.
Ces 62,7 ans de départ moyen en retraite, évoqués principalement par certains politiques et syndicats, pour mettre en évidence que l’on n’est pas si mal placé en Europe, cache de profondes inégalités.
Moins d’un Français sur deux (42,2%) travaille à 60 ans !
Près de 29% ne sont ni en retraite, ni en emploi. 12% sont devenus inactifs et 10% sont sortis du marché du travail avant leurs 50 ans. Et après leurs 60 ans, 7% sont au chômage en partie de longue durée. Après 62 ans, seulement 20% travaillent encore, 5% cumulent emploi et retraite, et 5% sont encore au chômage.
Les modifications des retraites Fillon en 2003 et 2010 ont boosté le taux d’emploi des plus âgés. Sur la section des 55-60 ans, Il a augmenté de 15%, soit 75% en emploi pour les hommes et 69% pour les femmes. Il a beaucoup moins augmenté pour les plus de 60 ans, seulement 13,5% pour 28,5% en emploi pour les hommes et 28% pour les femmes. Mais depuis 2008, suite à la crise, le taux de chômage des seniors a explosé ; + 179% contre 21% chez les 15-54 ans. Ces travailleurs âgés sont rentrés dans le bataillon des chômeurs de longue durée soit 60% des plus de 55 ans sans emploi depuis un an. Vu le nombre de chômeurs pointant à Pôle emploi, les employeurs se tournent principalement vers les plus jeunes. Et pourtant, de nombreuses réformes ont été mises en place pour diminuer ce « matelas » de seniors au chômage. A part l’augmentation de la durée d’activité rien n’y a fait ou peu, prime ou pas.
La réforme Delevoye actuelle comme celles préconisées par le COR pour améliorer le système, ne se sont toujours attachées qu’à se polariser sur l’âge ou l’augmentation des cotisations, alors qu’il existe d’autres possibilités qui galvaniseraient peut-être moins sur ces acquis.
Il faudrait revoir l’ensemble des heures travaillées sur toute une carrière.
Pour avoir un pays en « grande forme » avec des concitoyens qui se sentiraient mieux dans leur vie, dans « leur peau », des administrations performantes, un état, une Sécurité sociale, Assedic sans déficit, des entreprises avec de meilleures marges, peu ou pas de chômage, (Et oui cela a existé, les jeunes ne l’on jamais vu), un meilleur pouvoir d’achat, il serait nécessaire de travailler plus sur toute la longueur de sa carrière. Pas spécialement sur la fin d’activité. Les gouvernements se polarisent uniquement sur les points brûlants qui risquent de devenir insoutenables, explosifs, tel le chômage, y compris celui des jeunes, les déficits de la Sécurité Sociale, celui des retraites, de l’Assedic. On pourrait ajouter tous les services publics qui manquent de fonds pour fonctionner correctement et idéalement pour contenter tous les concitoyens qui râleraient un peu moins.
Ci-dessous un tableau sur le taux d’emploi des 55-64 ans en Europe :
Il est visible de constater sur ce tableau que la France se situe largement en-dessous de la moyenne européenne en termes de durée d’activité.
Le rapprochement est simple à faire entre ce niveau bas d’emploi et notre taux élevé de chômage, le niveau des déficits, des dettes, le niveau élevé des prélèvements, les faibles marges des entreprises, le mécontentement général ; urgences, infirmières, agriculteurs, etc...
Il faut se rendre à l’évidence : Presque tous les pays qui travaillent plus longtemps ont de meilleurs résultats que la France. Il manque actuellement 11.500 heures travaillées par salarié par année, pour avoir une France sans déficit et performante.
Une simple heure en plus, 35/36 heures, hors fonction publique, rapporterait par année 22,5 milliards dans l’économie, dont des rentrées supplémentaires pour les caisses de retraites et autres organismes sociaux. Cela augmenterait aussi le pouvoir d’achat de tous les salariés base 35 heures. Avec 40 heures, je vous laisse calculer vous-même (X par 5). Cela engendrerait sous 3 mois un véritable boom économique et des retombées très positives pour tous, y compris nos administrations qui en ont grandement besoin.
En expliquant bien à tous nos concitoyens ce qu’ils pourraient y gagner, ils seraient certainement enclins à mieux accepter ce qu’ils auraient rejeté d’office il y a 15, 20 ans.