Les entreprises françaises, même les plus importantes, n'ont pas la taille suffisante pour résister à l'appétit des mastodontes européens ou étrangers. Et les manoeuvres du ministère de l'Economie pour maintenir un semblant de cohérence ont bien du mal à porter des fruits tangibles.
On est en droit de s'interroger franchement sur l'avenir de Bouygues Telecom et d'Alstom, les deux dossiers économiques chauds du moment. L'opérateur téléphonique a fait part cette semaine de ses grandes difficultés et a lancé un plan de restructuration qui ne veut pas dire son nom — plus de 1 500 postes seront sacrifiés, soit 17% des effectifs de l'entreprise.
Bouygues Telecom au plus offrant
Mais il y a pire. Bouygues Telecom a annoncé cash la couleur : la société est à vendre. Au plus offrant. Et ni Iliad, maison mère de Free, ni Orange ne veulent — pour le moment — faire monter les enchères. Free a bien proposé de 4 à 5 milliards d'euros, mais Bouygues en réclame 8. Quant à Orange, Stéphane Richard voudrait faire une offre en cash alors que Martin Bouygues veut un strapontin dans le capital de l'opérateur historique.
Tout cela ne peut qu'intéresser un groupe étranger aux reins autrement plus solides que ceux des entreprises hexagonales. L'espagnol Telefonica et surtout, l'américain AT&T voient la cote de Bouygues Telecom baisser en même temps que montent leurs appétits pour le marché français. Bouygues racheté par un opérateur étranger ? L'hypothèse n'a rien de farfelu.
Alstom à la découpe
Fort heureusement, Arnaud Montebourg pourra toujours user de son décret qui protège les entreprises dont l'activité est jugée stratégique pour le pays. Alstom, qui a inspiré l'extension de ce décret, n'est de son côté toujours pas sorti de l'auberge. François Hollande a tenu une réunion d'urgence durant laquelle a été évoquée l'entrée en lice d'un nouveau duo pour le rachat de certains départements de l'ancien champion français de l'industrie.
Siemens, le prétendant allemand à la reprise des activités Énergie d'Alstom, s'est en effet allié au japonais Mitsubishi pour dépecer le français. Une possible offre conjointe des deux groupes pourrait aboutir à un partage des différentes activités d'Alstom : à Mitsubishi les turbines vapeur et les réseaux de transport d'électricité; à Siemens les turbines à gaz. Alstom se restructurerait autour de son activité transport, avec l'apport de celle de Siemens.
Ce plan a été discuté la semaine dernière avec Arnaud Montebourg. Reste maintenant à savoir ce qu'en pensent les dirigeants d'Alstom, qui étudient toujours l'offre de General Electric depuis un mois.