Valls et la corde !

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Par Charles Sannat Publié le 17 septembre 2014 à 11h51

Le sujet du jour c'est le discours de politique générale de notre Premier ministre Manuel Valls. Qu'en penser ? Rien. Enfin si, disons que Valls a fait une superbe motion de synthèse de gôche en distribuant de l'argent que nous n'avons pas comme en annonçant la revalorisation du minimum vieillesse qui va passer, accrochez-vous, de 792 euros par mois à 800, soit si mes calculs sont bons quelques 8 euros supplémentaires pour nos petits vieux fauchés.

Autant le dire, ce n'est pas 8 euros de plus par mois qui permettront à nos sans-dents d'acheter des dentiers. De la même façon, malgré les attaques du Medef sur les 35 heures, les jours fériés et le salaire minimum, Valls a indiqué qu'il ne reviendrait pas sur les 35 heures (cela dit, c'est ma femme qui va être contente, elle adore ses RTT et je la comprends).

Alors que va-t-il se passer ? Rien. Rien, et c'est pour ça que je vous disais qu'il n'y avait rien à penser de ce discours de Valls qui, dans la forme, était du Valls et dans le fond... un consensus mou digne d'un apparatchik du politburo de la rue Solférino.

Peu importe que vous soyez pro ou anti-Valls, la réalité c'est que sa majorité ne tient qu'à un fil et qu'il n'aura pas la possibilité de faire non pas les réformes (la situation de notre pays est au-delà du terme de réforme) mais de changer nos cadres de fonctionnement aussi bien politique qu'économique. Quand bien même Valls aurait le courage nécessaire, quand bien même ses projets et ses décisions seraient les bonnes que de toutes les façons, en face de lui, son opposition interne est beaucoup trop forte et le sera encore plus si la politique d'austérité commençait à piquer un peu plus les électeurs.

Il ne se passera donc rien. Et quand bien même il se passerait deux ou trois petites choses, là encore, il est beaucoup trop tard et Valls ne pourra jamais rattraper en quelques mois les errements de 4 décennies de gestion calamiteuse de la droite comme de la gauche.

Valls va donc échouer et Sarkozy veut revenir justement au bon moment (car son agenda à lui n'est pas un hasard) et venir se poser en recours, en homme providentiel, en sauveur de la France. Hollande va-t-il dissoudre et devoir cohabiter avec un Nicolas Sarkozy ? Ce serait presque drôle mais Sarko pourrait vouloir faire comme Chirac en 1995 et envoyer un autre se cramer à sa place à Matignon. Mais là encore, la situation économique de notre nation est telle que je ne comprends pas leur empressement à tous à vouloir se saisir du pouvoir et des responsabilités... J'ai beau chercher, je ne comprends pas.

Le pouvoir pour en faire quoi ?

Qu'a fait Sarko de son quinquennat ? Finalement, beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Lui non plus n'a pas attaqué par exemple les régimes spéciaux des retraites, il n'a pas supprimé les 35 heures, il n'a pas annulé le RSA, il n'a pas réduit les indemnités chômage, il n'a pas vraiment réduit l'immigration, bref, peu importe la politique ou le projet porté par un Sarkozy qui a déjà été aux affaires... il n'a pas fait grand-chose à part sauver l'Europe de sommet de la dernière chance en sommet de la dernière chance en dépensant l'argent que nous n'avions pas, en en empruntant toujours encore plus pour faire des plans de relance qui n'ont jamais vraiment fonctionné.

Alors Sarko veut revenir mais pour quoi faire ? Parce que le bling-bling, avec les sans-dents, ce n'est plus très vendeur. Et Hollande, pourquoi veut-il encore croire en ses chances en 2017 alors qu'il ne fait rien, strictement rien depuis deux ans et qu'aucune de ses réformes n'a pour le moment débouché sur quelque chose de concret en dehors d'augmentations d'impôts significatives ? Et Valls ? Pourquoi lui aussi s'accroche-t-il ?

Si vous prenez ces trois hommes, Hollande, Valls ou Sarko, en réalité aucun de ces trois gus n'a quoi que ce soit à proposer comme alternative et comme projet de redressement à notre pays en dehors de promesses toutes aussi fumeuses les unes que les autres.

Pendant ce temps, nos concitoyens souffrent

Il y a ceux qui souffrent parce qu'ils n'ont pas de travail ou parce qu'ils en ont un et ont terriblement peur de le perdre. Il y a le Medef, dont le seul objectif est de laminer le droit social français. On peut en discuter, mais ne nous leurrons pas. Les vilains capitalistes ne veulent pas parler de ce qui est bon ou pas en terme macro-économiques, non, ils veulent l'éradication pure et simple de tout ce qui nuit à l'entreprise, à commencer par ces droits sociaux insupportables.

N'imaginez pas que sans droit social votre vie soit douce et agréable. Non, sans droit social, sans contre-pouvoir judiciaire indépendant et impartial, les entreprises, qui se comportent déjà assez mal humainement parlant, se comporteront encore moins bien.

Non mes chers amis, je ne vous fais pas une poussée de gôchisme ou de marxisme. Je vous exprime juste des faits qui plus est parfaitement logiques. Par définition, être un patron et chercher à maximiser le profit – ce qui est la raison d'être d'un patron –, ce n'est pas forcément compatible avec l'idée de « démocratie participative ». Les salariés, affaiblis par des années de crise, sont donc contraints de supporter des climats de travail de plus en plus difficiles psychologiquement. On ne peut pas reprocher au patron de « patronner », au syndicat de « syndiquer » et à la justice de trancher. Pour que tout cela fonctionne le moins mal possible, il est indispensable qu'il y ait un équilibre, et cet équilibre ne peut venir que de contre-pouvoirs.

C'est dans ce contexte que l'on a appris qu'un patron très délicat, aidé dans son entreprise de harcèlement moral par de gentils collègues pétris de bons sentiments, a fait parvenir à l'épouse du défunt (une veuve qui paie désormais plus d'impôts) la corde avec laquelle son mari s'était pendu sur son lieu de travail. Évidemment, tout ceci n'est qu'une regrettable erreur de la part de l'entreprise qui n'a pas vérifié ce qu'elle envoyait à la veuve alors que cette dernière envoie des courriers plus que réguliers à l'employeur de son défunt mari et qu'elle ne semble pas vouloir s'en arrêter là concernant le décès de son époux qu'elle souhaite faire reconnaître comme un accident du travail.

La triste réalité c'est que des salariés se tiennent mal et que des patrons aussi, sauf que la situation économique donne évidemment plus de pouvoir à l'employeur et l'histoire nous enseigne qu'hélas, il est rare que l'homme use d'un pouvoir avec sagesse et pondération.

Préparez-vous et restez à l'écoute.

À demain... si vous le voulez bien !!

Au coffre Le Contrarien Charles Sannat

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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