Alstom : le feuilleton (à rebondissements) du week-end

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 29 novembre 2022 à 10h09

Ce fut une transaction difficile qui n'est, pour dire toute la vérité, même pas encore terminée : Alstom va basculer sous pavillon étranger, tout au moins en ce qui concerne sa branche énergie. Mais comme dans le monde de la finance et de l'industrie rien n'est aussi simple, le deal mérite qu'on le décortique un peu.

General Electric rachète enfin la branche énergie

Voilà plusieurs mois que l'information d'une potentielle vente de la branche énergie d'Alstom avait fuité. Tout particulièrement, la production de turbines à vapeur et à gaz était concernée, des activités qui représentent 70% du chiffre d'affaires de l'industriel français.

General Electric était sur le coup mais Siemens s'est rapidement manifesté. Deux offres ont donc été proposées à Alstom, mais finalement ce sera l'américain qui gagnera la partie, avec la bénédiction de l'Etat qui a retourné littéralement sa veste : avant ce vendredi 20 juin 2014 l'offre qui avait la faveur du gouvernement était celle de l'alliance Mitsubishi – Siemens.

Au final, donc, Ce sera l'américain General Electric qui mettra la main sur Alstom. Avec un montage très complexe.

Alstom, General Electric et Etat dans l'industrie de l'énergie

General Electric, finalement, ne reprendra qu'une partie des activités énergie d'Alstom alors qu'initialement c'était l'intégralité de cette branche qui devait aller aux mains de l'américain. Un investissement de 7,3 milliards d'euros. Mais Alstom n'en touchera, toutes déductions faites (notamment des parts du groupe français dans les coentreprises) que 6,7 milliards.

A côté, Alstom, qui devait sortir complètement du secteur énergétique, reste intégré à certaines activités à hauteur de 50%, notamment dans les turbines à vapeur pour centrale nucléaire. De quoi éviter le scandale d'un fleuron industriel qui s'en va complètement du pays.

Alstom recentrera toutefois ses activités sur le secteur ferroviaire. Outre garder le contrôle de son industrie de fabrication de trains et autres véhicules de transport, Alstom prendra la main sur les activités de signalisation de General Electric (370 millions d'euros de chiffre d'affaires) qui viendront compléter l'offre. Le tout pour 600 millions d'euros.

Mais la grande surprise c'est l'arrivée de l'Etat dans le capital d'Alstom qui réalise, de fait, une nationalisation partielle du groupe. Pour ce faire, le gouvernement va racheter au français Bouygues Telecom ses parts de capital d'Alstom, soit 20% des 29,4% d'Alstom que détient le groupe Bouygues

Un accord a été trouvé durant le week-end du 21 juin : L'action d'Alstom rachetée par le gouvernement à Bouygues sera valorisée 35 euros (pour un total d'environ 1,7 milliard d'euros).

Ainsi faisant, le gouvernement obtiendra de deux administrateurs au conseil d'Alstom ainsi que le droit de véto dans certaines activités, notamment le nucléaire, stratégiques pour d'autres grandes entreprises françaises dont Areva et EDF.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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