Alors que des réglementations concernant l’usage de la cigarette électronique sont déjà en place en France, la transposition de la directive européenne 2014/40/UE va permettre à partir de mai 2016, l’interdiction totale de la publicité pour les cigarettes électroniques et les flacons de recharge.
L’objectif de la ministre de la santé, Marisol Touraine, est de pouvoir interdire le vapotage sur le lieu de travail, dans les transports en commun, et dans les lieux publics (y compris les restaurants). Ainsi, le gouvernement et d’autres instances, comme le Haut conseil de la santé publique, mettent en garde contre la cigarette électronique pour son risque de « re-normaliser » le tabagisme et de permettre une entrée dans la dépendance à la nicotine (surtout chez les jeunes).
L’équation bénéfice-risque semble cependant être biaisée à la faveur d’un grand danger que représenterait la cigarette électronique. Pourtant, malgré son caractère nouveau et les interrogations que cela comporte, il y a tout lieu de penser que la cigarette électronique pourrait devenir l’arme la plus efficace pour diminuer, voire mettre fin au tabagisme.
Un marché en expansion
Selon la firme Goldman Sachs, c’est l’une des 8 technologies perturbatrices de ce siècle, et elle est en évolution constante. 18% des Français déclarent avoir utilisé au moins une fois l’e-cig. L’utilisation quotidienne concerne entre 1,1 et 1,9 million de personnes (et ces chiffres sont en augmentation constante) soit prêt de 3% de la population. Aux Etats-Unis, les ventes sont passées de 500 millions de dollars en 2012 à 2 milliards en 2014. Le total des transactions sur le marché mondial est évalué à 3 milliards de dollars en 2013.
La cigarette électronique, moyen efficace de réduire le tabagisme
L’expérience récente, même si elle est encore courte, tendrait à montrer que la cigarette électronique serait un moyen efficace de lutte contre le tabagisme. C’est un bénéfice relatif et non absolu. Mais dans le combat mené contre la dépendance au tabac, cela représenterait un progrès immense. Le principal atout de la cigarette électronique est qu’elle apporte de la nicotine sans les produits de combustion du tabac (goudrons et monoxyde de carbone). Et les effets se font déjà sentir :
-L’e-cig serait 60% plus efficace dans l’aide au sevrage des fumeurs que la volonté seule ou que les autres méthodes déjà en vente.
-Selon 43% des Français, l’e-cig serait un moyen efficace de sevrage.
-Elle participerait à la réduction notoire du nombre de fumeurs parmi les jeunes en France, et les aiderait à changer d’attitude face au tabac. L’association « Paris sans tabac » trouve une baisse significative du nombre de fumeurs parmi les jeunes. En 2014, ils représentaient 11,2% des collégiens (contre 20% en 2011) et 33,5% des lycéens (contre 42,9%).
Le tabagisme passif n’est plus ce qu’il était
Avec la fumée de tabac, la pollution est majoritairement particulaire, alors qu’avec la cigarette électronique, elle est principalement gazeuse. Les risques liés aux gouttelettes contenues dans l’aérosol de la cigarette électronique sont théoriquement plus de 100 fois moins élevés que ceux liés à l’exposition à la fumée de tabac. Mais ils ne sont pas nuls. Il semblerait que la cigarette électronique réduit en grande partie, mais pas complètement, les problèmes liés au tabagisme passif car les concentrations en éléments potentiellement toxiques sont bien plus faibles qu’avec la cigarette traditionnelle.
La cigarette électronique, nouveau mode d’inhalation de nicotine, mais produit très différent du tabac
Les arguments les plus sérieux en faveur de l’interdiction ou de la réglementation de la cigarette électronique reposent sur la dangerosité du liquide produisant l’aérosol. Celui-ci contient du propylène glycol et/ou du glycérol qui seraient peu toxiques dans des conditions d’utilisation normales. Le potentiel cancérogène reconnu serait également faible. La cigarette électronique est un produit en évolution constante. Sous la pression de la concurrence, la qualité des produits augmente donnant lieu à une plus grande utilisation de composants de qualité pharmaceutique.
Il est encore tôt pour juger des effets complets de la cigarette électronique. Pour cela, il faudrait avoir une ou deux décennies d’usage par des centaines de milliers d’utilisateurs. Cependant même si les nouvelles technologies posent souvent des questions, ce n’est pas une raison pour les interdire ou les réglementer outre mesure… Aujourd’hui, on sait que le risque de la cigarette électronique n’est pas nul, mais il est potentiellement faible relativement à la cigarette traditionnelle.