La zone Euro enregistre pour le sixième trimestre consécutif une contraction de son activité, soit la plus longue période de récession depuis l'introduction de la monnaie unique. La reprise risque de se faire attendre.
En effet, les marges de manœuvre de la BCE n'ont jamais semblé aussi réduites et l'assainissement des finances publiques freine la croissance, au moins à court terme.
Les autres locomotives de la croissance mondiale marquent également le pas. Les Etats-Unis se heurtent à leur endettement public – le désendettement des ménages est par contre amorcé - tandis que la Chine semble s'accommoder d'un taux de croissance plus limité en raison de ses inquiétudes concernant l'évolution des prix de l'immobilier et le développement des crédits octroyés par le secteur non bancaire (trust loans).
Ces perspectives macroéconomiques dégradées semblent être intégrées sur les marchés de matières premières mais pas sur les marchés d'actions. Habituellement en phase, les trajectoires de prix divergent depuis le troisième trimestre 2012. Les marchés d'actions continuent leur progression et battent régulièrement des records pendant que les marchés de matières premières sont orientés à la baisse.
En Europe, plus qu'ailleurs, il semble que les intervenants sur les marchés d'actions réagissent positivement aux mauvais indicateurs économiques ou plutôt aux conséquences en matière de politique monétaire que ces statistiques induisent. Une diminution, même progressive, des liquidités injectées au système financier constitue aujourd'hui une crainte beaucoup plus forte pour les investisseurs que la récession européenne.
La communauté financière préfère actuellement une Europe sous perfusion qu'une Europe en convalescence, signe que la crise de la dette souveraine constitue une véritable bombe à retardement que seule la volonté des dirigeants européens de faire avancer la réforme de la gouvernance et le projet d'union bancaire pourrait désamorcer.