Chacun à sa recette pour sortir la France de l'ornière, mais il est intéressant de noter que bien souvent, elle diverge de celle du gouvernement, même quand c'est la Cour des Comptes - présidée par le socialiste Didier Migaud - qui propose ses réformes ou encore... le Conseil d'Analyse économique, présidé par une proche du pouvoir en place, l'économiste Agnès Bénassy-Quéré. C'est Jean-Marc Ayrault qui l'a installée dans ce fauteuil en 2013.
Dans un rapport publié au lendemain de l'interview du 14 juillet de François Hollande, le Conseil d'analyse économique liste par le menu les réformes qu'il préconise pour l'emploi, le logement et la santé, et la compétitivité. Ainsi, en matière d'emploi, le conseil préconise de réformer le code du travail, afin notamment de simplifier le graal, le fameux CDI. Les économistes du conseil proposent de simplifier les licenciements et les ruptures conventionnelles pour relancer paradoxalement la signature des CDI, qui font peur aujourd'hui aux employeurs, tétanisés à l'idée de ne pas pouvoir rompre le contrat en cas de problème ou de besoin sans passer à la casserolle. Le conseil propose également de réserver les éxonérations de cotisations sociales aux seuls bas salaires, pour relancer l'embauche, notamment des jeunes. Pour les jeunes toujours, il propose de créer un RSA jeune, quand celui-ci n'est proposé pour l'instant qu'à partir de 25 ans.
Concurrence, professions réglementées : les verrous à faire sauter
Comme en écho aux propositions d'Arnaud Montebourg, le conseil lui emboite le pas pour réformer les professions réglementées, en proposant non pas de s'attaquer à leurs tarifs, mais de simplifier les conditions d'accès à ces métiers. On pense en particulier au fameux numérus clausus qui régit les installations de pharmacies, de notaires ou d'huissiers notamment. Autre tabou que lève le Conseil d'Analyse Economique : les sacro-saintes grandes surfaces, dont il recommande de revoir les autorisations d'implantation. Enfin la concurrence en matière de fourniture d'énergie (seuls 5 % des particuliers font appel à un opérateur alternatif pour le gaz ou l'électricité) ne semble pas suffisante aux yeux des économistes du CAE, qui recommande de libéraliser encore un peu plus le secteur, tout comme celui des transports. Les cheminots apprécieront.
Un rapport de.... 15 pages qui propose des solutions pour débloquer la France
Enfin, le conseil s'attaque aux deux autres grandes plaies ouvertes du pays : la santé, et le logement. En matière de santé, il suggère de prendre en charge les soins hospitaliers à 100 %, mais de rétablir le forfait journalier de 8 euros par jour, supprimé notamment pour les bénéficiaires de la CMU par la gauche à son arrivée au pouvoir. Pour le logement, il propose de retirer l'élaboration du PLU des mains des municipalités pour les transférer aux intercommunalités, ceci sans doute pour réduire les risques de corruption et de trafics d'intérêts particuliers. Par ailleurs, il demande une réforme de la fiscalité afin de favoriser les ventes de terrains, ce qui n'est, admettons le, pas vraiment le cas actuellement avec les taxes sur les plus-values qui s'éteignent au bout de.. 22 ans de détention !
On attend désormais de savoir si les propositions du Conseil d'Analyse Economique trouveront un écho au gouvernement... si quelqu'un se donne la peine de lire les notes de ses économistes, qui couvrent, allez, une quinzaine de pages, tout au plus !