Les difficultés économiques de la zone euro ont beau être ce qu'elles sont, cela n'empêche pas les marchés d'abaisser toujours plus les taux auxquels empruntent les pays.
Pas chère, ma dette
Dans un sens, c'est une excellente nouvelle : les pays de la zone euro, tout particulièrement la France et l'Allemagne, peuvent emprunter à des taux historiquement bas. Le rendement du taux outre Rhin est ainsi fixé à 0,998%, la première fois de son histoire où il passe sous la barre du pourcent. C'est presque aussi bon pour la France, dont le taux à 10 ans est de 1,39%, là aussi un plus bas historique. Il y a huit mois, l'Hexagone empruntait à 2,57%, tandis que le Bund allemand a perdu 100 points de base. La baisse profite aussi à des pays fortement touchés par la crise, comme l'Espagne (2,5%).
Autant dire que les investisseurs prêtent largement aux deux principales économies du continent, sans nécessairement prendre en compte les soubresauts de la géopolitique (les événements en Ukraine) ou ceux de l'économie, qui ne va pas bien des deux côtés du Rhin : croissance nulle pour la France, croissance négative en Allemagne.
Économie en berne, tensions géopolitiques : pas de problème
Qu'à cela ne tienne, ces marchés sont considérés comme sûrs par les investisseurs (c'est également le cas pour le Japon et les États-Unis, qui bénéficient d'un taux de 2,4%).
Les financiers qui prêtent de l'argent aux États européens font surtout un calcul pragmatique : la BCE va être amenée à agir, pour éviter le spectre de la déflation et relancer la croissance dans l'eurozone. Il y a urgence : l'inflation est au plus bas partout sur le continent (0,4% en juillet, un plus bas depuis 2009). Les analystes s'attendent à des rachats d'actifs de la part de la Banque centrale. Ces opérations feront d'ailleurs le bonheur de dirigeants français qui n'ont plus guère que cet espoir pour relancer la croissance dans l'Hexagone.