2017 sera l’année du RSI! Pour en faire comprendre la nécessité, il n’est pas inutile de rappeler ce petit passage du rapport 2016 de la Commission des Comptes de la Sécurité Sociale (page 22), qui éclaire en quelques mots le pourquoi du comment nous en sommes arrivés à empoisonner la vie de 2,5 millions de Français entrepreneurs ou entreprenants… pour le plus grand bénéfice (silencieux) d’un système démagogique.
L’absorption du RSI, une bonne affaire pour le régime général
Comme l’indique clairement le rapport, l’absorption du RSI est une bonne affaire pour la Sécu: il est l’un des rares régimes équilibrés de la galaxie sociale en France, et il dégagera une « capacité de financement » de 41 millions ? pour le régime général. Autrement dit, chaque cotisant du RSI (environ 4 millions de personnes) va donner 10? ni vus ni connus au régime général pour contribuer à son équilibre en dehors de toute logique économique.
Malin, non?
Une opération financée par une hausse des cotisations sur les indépendants
Et comment le gouvernement a-t-il réussi cette prouesse de récupérer de l’argent sur les indépendants pour améliorer le sort des pauvres salariés français jamais assez protégés? En augmentant discrètement les cotisations… On ne vous l’avait pas dit, mais la baisse du taux de cotisations « famille » augmente mécaniquement les revenus, donc le rendement des cotisations des autres régimes. Cet effet s’ajoute à l’augmentation pure et simple de la cotisation vieillesse en 2016, décidée en loi de financement de la sécurité sociale:
Officiellement, on vous avait expliqué que cette hausse de 50% des cotisations servait à améliorer votre sort. Vous comprenez aussi qu’elle a permis d’améliorer le sort des autres…
Pourquoi le gouvernement veut fondre le RSI dans le régime général
Au vu de ces quelques chiffres, on comprend mieux aussi pourquoi le gouvernement tient tant à intégrer le RSI au régime général, plutôt que de libérer les entrepreneurs. Dans la pratique, le futur dispositif qui se met en place en marchant sur la tête (des indépendants assurés) vise bien à imposer une cotisation patronale déguisée, complétant celle exorbitante qui existe déjà.
Une fois le RSI fusionné, plus personne, en dehors de quelques spécialistes dépendant des données officielles, ne sera capable de retracer la contribution nette des indépendants à l’équilibre du régime général en plus des cotisations déjà acquittées. Bref, les indépendants paieront encore plus pour les salariés, mais en toute opacité…
L’indépendant, cette vache à lait de la Sécu
Quand on lit les chiffres de dépenses, on comprend tout l’intérêt qu’il y a à intégrer les indépendants dans le régime général. Soit qu’ils soient des forces de la nature, soit qu’ils soient des fourmis au pays des cigales, ils ont en effet le bon goût de consommer beaucoup moins de santé que les autres:
Comme in le voit sur ce tableau, en 2015, le RSI comptait 4,2 millions de bénéficiaires (dont près de 3 millions de cotisants). Au total, cette gentille population consomme 8,2 milliards de prestations santé, soit 1.952 euros par personne. Comparés aux 2.752 euros par bénéficiaire des régimes sociaux en France, l’assuré indépendant dépense donc 50% de moins, en santé « socialisée », que le reste de la population.
Voilà ce qui s’appelle une véritable aubaine pour l’assuré social français: bénéficier de transferts nets d’une minorité silencieuse ordinairement accusée d’être un ramassis de profiteurs, que demander de plus pour ravir le peuple ?
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog