La croissance américaine se porte bien ; c’est la leçon à retenir de la publication des chiffres du PIB du deuxième trimestre. Mais alors comment comprendre l’attitude de la Fed ? Par une démarche assurantielle, centrée sur les points d’une inflation « faiblarde » et d’un environnement international « fragile ».
Est-on face à un paradoxe ? Avant de répondre, approfondissons deux points : la « fidélité » de cette image et les motivations de la Fed.
La croissance du PIB a atteint 2,1%, après 3,1% en T1 (T sur T et en rythme annuel). Le glissement sur un an pour la dernière période connue ressort à 2,3%. Comment ne pas conclure que la performance, certes un peu volatile, est favorable ? La référence en la matière peut être le tempo de la croissance potentielle, celle permise par la pleine utilisation des facteurs de production que sont le capital et le travail. L’OCDE, dans une démarche assez consensuelle, l’estime à 2%. Au premier regard, « tout va bien » ; même si la situation n’est pas euphorique. Allons un peu plus loin et « ouvrons le capot » de la croissance américaine. Sans aller jusqu’à « démonter le moteur », disons qu’en termes de dépenses, il y a trois contributions qu’il fait sens de regarder de près : la demande intérieure finale (la plus grosse et la plus importante des composantes de l’économie), les exportations nettes et la formation de stocks. Eh bien, la réalité du deuxième trimestre est en contrepoint par rapport à celle du premier : un fort rebond de la première de celles-ci, dont les effets positifs sur la progression du PIB sont amoindris par les apports négatifs respectifs des deux autres.
Etats-Unis : déception du côté de la demande extérieure nette
Sans aller jusqu’à conclure que les choses vont mieux (la faiblesse de l’investissement est un point à surveiller), la demande domestique se porte bien aux Etats-Unis. La déception viendrait plutôt du côté de la demande extérieure nette. Mais le phénomène n’est pas vraiment nouveau.
Si le diagnostic est le bon, ou au moins s’il est partagé par la Fed, pourquoi donc anticiper une baisse de 25 centimes du taux directeur américain mercredi soir prochain (heure de Paris) ? En fait, celle-ci a moins d’états d’âme sur le profil des dépenses intérieures que sur l’inflation et les implications négatives d’un environnement extérieur moins favorable.
En matière de dynamique des prix, il y a une sorte de « syndrome » de l’inflation trop faible. Jerome Powell, le Président du Board, a insisté sur le point très récemment : « on l’a vu au Japon et on le voit maintenant en Europe ». Et John Williams, en charge du district de New York, d’ajouter de façon plutôt explicite que « la politique monétaire doit vacciner l’économie et la protéger contre la maladie insidieuse d’une inflation trop basse ».
Il n’y a pas débat sur