Pourquoi un groupe tel que Volkswagen aussi important et leader sur son marché, aurait-il pris autant de risques pour vendre des véhicules non conformes aux normes antipollution ?
Cela paraît encore plus improbable lorsque l’on est en haut de la pyramide, avec une renommée de fiabilité, solidité confortée depuis plusieurs décennies et la nouvelle place de numéro 1 mondial. Pour comprendre ce qui peut pousser un important constructeur à « tricher », il faut se replonger sur l’évolution du marché automobile depuis ces dernières années.
En premier, l’évolution des normes écologiques est telle, qu’elle met une pression peu facilement soutenable pour les constructeurs surtout européens.
En deuxième , depuis plus de dix ans, la diminution progressive de l’économie européenne et même sa stagnation n’a pas du tout favorisée les ventes de voitures neuves en Europe.
En troisième, l’arrivée d’une concurrence des pays du Sud-est et émergeants de plus en plus vive. Des prix, des garanties et surtout une qualité qui s’est tellement améliorée qu’elle rivalise avec les meilleurs.
En quatrième : Un manque de concertation entre les mesures prises écologiques ou de développement durable avec les industriels et même la distribution. Un exemple flagrant, l’arrêt des sacs plastique caisse des grandes surfaces (remplacé par la vente de sacs plastique cabas) C’est en décembre 2005 que la loi est votée fixant au 1er janvier 2010, l’interdiction de la vente ou de sac plastique biodégradable. Aussitôt, la mesure est mise en place, favorisée par les grandes surfaces qui y voyaient un moyen de faire des économies. C’est elles qui distribuaient les sacs presque toujours gratuitement, alors que les nouveaux grands sacs étaient vendus. Double avantage pour elles, y compris dans le stockage, le temps perdu en caisse. Par contre, c’est là où je voulais en venir, moi qui recrutait des cadres et autres fonctions dans cette branche, j’ai pu constater les bouleversements immédiats chez les fabricants notamment dans la région de Sainte Sigolène, Haute Loire (Fief de la fabrication de sacs plastique en France). Licenciements, fermetures d’usines, car il n’est pas facile de se reconvertir dans des fabrications spéciales utilisant du matériel lourd de haute technicité sur un marché en grande partie supprimé. Chaque type de sacs nécessite une production différente. Et ce n’est pas les sacs cabas qui pouvaient combler la production énorme de sacs de caisse, d’autant qu’elle se réalise sur du matériel très différent. Même s’il y a eu un délai, il fallait bien fournir des sacs en quantité jusqu’au jour de l’interdiction et créer d’autres unités de production, prêtes à prendre le relai immédiatement, semblait impossible à réaliser. La consommation de sacs de caisse est passée de quinze milliards d'unités en 2003 à environ huit cents millions en 2010, notamment grâce à la suppression de leur gratuité.
La France a décidé de taxer les sacs de caisse à usage unique non biodégradables à partir du 1er janvier 2014. En 2014, l'Assemblée nationale vote l'interdiction des sacs en plastique à usage unique à partir du 1er janvier 2016.
Il en est de même pour les voitures, surtout le haut de gamme dont les constructeurs ont tendance à augmenter la puissance des moteurs, la grandeur et le poids de celles-ci. Malgré toutes les technologies découvertes, il leur est très difficile d’atteindre les normes existantes, surtout qu’elles deviennent au fil du temps, de plus en plus exigeantes. Pour beaucoup d’industries, le processus est identique. J’ai aussi recruté dans la construction d’usines d’incinération qui ont eu à diminuer très fortement leur taux de NOx et autres rejets. Idem pour les aciéries, fonderies et autres grands « pollueurs ». D’autre part, toutes ces modifications ont entraîné des coûts supplémentaires, alors que beaucoup de concurrents non européens n’avaient pas du tout les mêmes exigences. Alors à fond sur les achats low-cost, ce qui a encore plus « enterré » notre industrie.
Quelques réflexions sur la dimension environnementale qui peut être répartie en trois volets des parties prenantes :
Le volet descriptif
Le volet instrumental
Le volet normatif
En adoptant le volet descriptif, les entreprises peuvent adopter différents comportements environnementaux. Il en existe trois définit par Béatrice Bellini en 2003. L’écodéfensif, l’écoconformiste et l’écosensible. Ces variations de comportement dépendent essentiellement de l’intensité des engagements environnementaux des dirigeants et entreprises.
Ces différences proviennent essentiellement de la croyance plus ou moins prononcée de l’utilité et efficacité de l’écologie pour sauver la planète, mais aussi de l’intensité des engagements des dirigeants.
En ce qui concerne le volet instrumental, des études ont été effectuées sur l’analyse de la relation performance environnementale et performance financière. L’idéal serait d’arriver à un consensus gagnant-gagnant. Mais les actions environnementales ne sont pas toujours très rentables économiquement. Elles peuvent même parfois affecter l’équilibre financier de l’entreprise. Cela dépend beaucoup du secteur d’activité, de la nature des contaminants mais aussi de la santé actuelle de l’entreprise. Les bénéfices économiques espérés ne sont pas toujours à la hauteur des espérances.
Concernant le troisième volet, le normatif, la protection environnementale faisant de plus en plus partie prenante de l’éthique des affaires de par la pollution générée par les entreprises, elle est bien sûr prise en compte systématiquement puisqu‘elle affecte la société toute entière et ne peut être externalisée. La performance sociétale tant mise en avant surtout dans les grandes sociétés, est supposée être réalisée par toutes les entreprises.
Dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, il semblait évident que toutes les conditions maximales étaient mises en place techniquement, ainsi qu’au niveau communication pour se trouver en règle avec les normes internationales. Mais les objectifs, la concurrence, les résultats en ont décidé autrement.
Jean-Vincent Placé tout dernièrement sur RTL, se démarquait encore de son groupe en annonçant qu’il était pour une écologie responsable, en concertation étroite avec les industriels et qu’il fallait se donner le temps nécessaire pour réaliser une écologie comprise, acceptée par tous et qu’elle n’était pas nécessairement de gauche..