De nombreux postes sont vacants pour la rentrée dans nos écoles, collèges et lycées, notamment parce que les concours n’ont pas donné partout (pour le primaire, où ils sont organisés par académie) et dans toutes les disciplines (pour le second degré) les résultats souhaités.
Comment faire face à de telles pénuries de compétences, qui ne se produisent pas seulement dans l’enseignement ? Comment résoudre sans dépenses colossales le lancinant problème des absences d’enseignants non remplacés ?
Il convient, bien sûr, d’agir sur les causes de la désaffection pour certains types d’emplois, publics ou privés. Mais des réformes efficaces peuvent demander du temps, que ce soit pour déterminer ce qu’il faut faire et ce qu’il est possible de faire, ou tout simplement parce que les actions en amont ne portent leurs fruits que des années plus tard. Prenons un cas extrême : s’il apparaît un déficit de médecins militaires, l’augmentation du nombre des places mises au concours de l’École de santé des armées mettra près de dix ans à remédier à la situation. Pour les médecins civils, l’augmentation du nombre de places en seconde année – le fameux « numérus clausus » ne produit des installations en cabinet, en clinique ou en hôpital que 8 ou 9 ans plus tard. Il faut donc disposer de solutions palliatives efficaces à court terme.
Parmi celles-ci, il en est une que les militaires connaissent bien : faire appel à la « réserve », composée de personnes formées, astreintes à 30 jours d’activité militaire chaque année, de façon à ne pas perdre la main. Plus les officiers ayant pris leur retraite depuis un temps relativement court. Hélas, si la réserve opérationnelle de la gendarmerie paraît « bien organisée », selon un rapport parlementaire récent, il semblerait que « la réserve militaire a été laissée à l’abandon », comme l’affirme le quotidien Les Echos du 19 juillet – et on s’aperçoit, du fait de la montée du terrorisme, que c’est bien dommage !
Des formules de « réserves » pourraient être adaptées aux fonctionnaires civils. Des instituteurs et des professeurs « chevronnés », jeunes retraités, pourraient fort bien être rappelés pour éviter que des élèves se trouvent privés d’enseignant, ou confiés à des personnes jugées insuffisamment compétentes lors des concours, mais recrutées comme auxiliaires parce qu’il faut bien « boucher les trous ».
Au-delà de l’enseignement, un grand nombre de métiers pourraient profiter d’une telle souplesse. À 62 ans, beaucoup de personnes sont encore dans la force de l’âge. Elles ont pris leur retraite mais leur savoir-faire ne s’est pas évaporé pour autant. Pour peu que soient levés tous les obstacles au cumul emploi-retraite, bien des retraités accepteraient de se rendre professionnellement utiles, comme beaucoup font du bénévolat intensif – mais avec l’avantage d’une rémunération venant s’ajouter à leur pension.
Notre pays a besoin de souplesses de ce genre. Y compris pour créer des emplois. Car, selon la formule qu’affectionne Michel Godet, c’est l’activité qui crée l’emploi. Ce n’est pas en confiant nos têtes blondes (ou brunes !) au premier venu que nous les préparerons à entrer comme il convient dans le monde du travail. Ce n’est pas non plus en laissant usagers ou clients perdre leur temps dans des files d’attentes dès qu’il manque du personnel ici ou là que nous réduirons le chômage.