Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le patron de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, est revenu sur les réformes engagées en France. Si ces dernières vont dans le bon sens, le gouvernement doit en revanche cesser de faire reposer l’effort de redressement des comptes publics sur l’unique levier de la fiscalité.
Dans les colonnes du JDD (interview publiée le 15 décembre), Mario Draghi s’est confié sur l’orientation économique de la France. Pour ce dernier, les réformes mises en place par le gouvernement français vont dans le bon sens mais doivent être poursuivies : « De gros efforts ont été engagés, l’important est de continuer sur le chemin des réformes. Le gouvernement et les Français le savent. ».
Mario Draghi loue les réformes françaises mais souligne l’indispensable retour à une « stabilité fiscale »
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), a également tenu à souligner la problème de la fiscalité en France, et du changement incessant des règles s’appliquant aux entreprises : « La compétitivité reste insuffisante et le redressement des comptes publics ne peut plus reposer sur la hausse des impôts. La France a besoin de retrouver une stabilité fiscale pour que les entreprises recommencent à investir. ».
L’Allemagne reste « un modèle à suivre »
Interrogé sur la situation économique de l’Allemagne, Mario Draghi a naturellement loué les réformes mises en place par le pays : « L’Allemagne va mieux que ses voisins parce qu’elle s’est donnée les moyens d’être plus compétitive grâce à des reformes structurelles courageuses. » Ces « reformes courageuses » font évidemment écho aux grands changements du marché du travail orchestrés au début des années 2000 par l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder.
Si l’Allemagne bénéficie aujourd’hui d’une situation économique très favorable avec un tissu des petites et moyennes entreprises compétitives, elle doit en revanche « favoriser l’investissement », notamment dans les infrastructures.
Le rôle de la BCE : veiller à la stabilité des prix
La banque centrale européenne est régulièrement critiquée pour son incapacité à favoriser la baisse du chômage en Europe. Sur ce point, Mario Draghi rappelle dans le JDD que la mission première de la BCE est d’assurer la stabilité des prix, pas la lutte contre le chômage : « Nous ne pouvons pas réduire le niveau structurel de chômage qui dépend du bon fonctionnement du marché du travail ». L’institution financière a malgré tout baissé son principal taux directeur à 0,25%, pour encourager les banques commerciales à prêter aux entreprises et aux ménages.
Sans surprise également, l'interview nous apporte la confirmation de l’absence de politique de change de la BCE : « Je n’ai pas envie de spéculer sur la bonne parité euro-dollar. Nous n’avons pas d’objectif de change. Mais je reconnais qu’un taux de change élevé a des conséquences sur la croissance et l’inflation en Europe. » En résumé, un euro trop fort est bien pénalisant pour l’Europe, mais la BCE n'est pas habilitée à faire quoi que ce soir pour y remédier.
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