Le crowdfunding : une autre façon d’entreprendre

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Par Sophie Escrivant Modifié le 31 mai 2013 à 7h46

Dans une économie en pleine recomposition et en manque de repères, le crowdfunding et ses valeurs solidaires, constitue une alternative crédible pour accompagner les porteurs de projets et insuffler une nouvelle dynamique à l'esprit d'entreprendre dans notre pays.

Un engagement citoyen au service d'une énergie créative que la soumission à des règles inappropriées ne doit pas venir contrarier.

La finance participative est en vogue. Ce mode de financement de projets par les internautes aurait permis de récolter 40 millions d'euros investis sur 60.000 projets en 2012, selon l'association Financement Participatif France. Un engouement des plus prometteurs qui s'explique par la souplesse d'un dispositif accessible au plus grand nombre (les prêts sont possibles dès 5 euros) et le sentiment de contribuer de manière très concrète à une aventure économique et humaine.

Ici, il n'est pas question de spéculation, mais d'adhésion à un projet dont il est possible de suivre de bout en bout l'évolution, via les réseaux sociaux ou la page web. De nouveaux défricheurs de créateurs en devenir voient ainsi le jour. Une nouvelle façon d'aider à l'éclosion de projets créatifs et innovants.

Le 1er site européen de financement participatif, ulule.com, à ainsi financé avec une efficacité redoutable, 2219 projets dans 58 pays depuis son lancement en octobre 2010, avec le soutien d'internautes de 165 pays. L'une de ces dernières collectes en date, pour le financement du film issu de la web série Noob, aura réussi la gageure de réunir 275.000 euros en 15 jours seulement !

Un mode de financement alternatif et complémentaire des entreprises
Au moment où les petites entreprises connaissent de graves difficultés pour financer leurs projets, où les trésoreries sont mises à mal par la crise et que les taux de marge sont au plus bas, ce nouveau mode de financement peut apparaître comme le moyen d'améliorer leur fonds propres, d'accéder aux financements bancaires et de poursuivre leur développement. L'interpénétration du numérique dans notre quotidien, ouvre ainsi de nouveaux espaces de conquête aux entrepreneurs.

Une utilisation responsable de l'épargne par l'accompagnement d'un projet entrepreneurial qui peut constituer une révolution dans le financement privé de nos PME. Encore faut-il savoir saisir cette opportunité. En France, le crowfunding dédié aux entreprises ne représente que 6 millions d'euros d'investissement.

Un premier pas modeste, mais significatif, qui laisse entrevoir de larges horizons si l'on sait bâtir un environnement sécurisé pour tous, entreprises et particuliers, comme le souligne "Financement Participatif France". Une piste d'autant plus intéressante, qu'en 2012, pour la première fois en douze ans, les investissements des Business Angels ont connu un net recul de 9,6%, ne dépassant pas les 40 millions d'euros.

Une réglementation qui doit préserver ses spécificités
A présent qu'il devient plus visible, le gouvernement veut le doter d'une définition juridique spécifique. Une nécessité pour plus de clarté et de crédibilité et une protection équitable et efficace des investisseurs comme des entrepreneurs. l'Autorité des marchés financiers (AMF) et l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP), les deux gendarmes de la finance, viennent de publier un guide du financement participatif qui servira de base de travail à une future réforme annoncée pour septembre.

Les précisions qu'il apporte peuvent laisser craindre un encadrement trop rigide et inadapté aux spécificités du crowdfunding. Les plate-formes de dons contre dons ou de prêts non rémunérés, devraient être titulaires de l'Agrément d'Etablissement de paiement délivré par l'ACP. Des démarches longues et très coûteuses, exigeant entre autre un capital social de 125 000€, comme le précise Vincent de Ricordeau président de Kiss Kiss Bank Bank et de hellomerci, deux plateformes de crowdfunding.

Les plate-formes de prêts rémunérés devraient décrocher un Agrément d'Etablissement de Crédit exigeant également des fonds propres entre 1,5 et 5 millions d'€. Quant aux plate-formes de financement de projets entrepreneuriaux via souscription de titres, elles devront notamment être prestataires de services d'investissements (PSI), le montant total de chacune de leurs offres ne pourra être supérieur à 100 000€, devra concerner moins de 50% du capital de l'émetteur et ne devra toucher qu'un cercle restreint d'investisseurs qualifiés (150), ce qui limiterait fortement l'effet de levier.

Des pistes en l'état, totalement inadaptée, qui risqueraient de brider le formidable élan de liberté entrepreneuriale initié par le financement participatif. Un geste à la fois citoyen et utile qui permet d'aider des entrepreneurs à se lancer.

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Fondatrice du « Salon des Nouvelles Technologies et de la Science Fiction » - Toulon 2013

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