Trump doit virer Janet Yellen pour commencer !

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Par David Stockman Publié le 6 janvier 2017 à 5h00
Janet Yellen Fed Donald Trump
@shutter - © Economie Matin
2004Janet Yellen dirige la Banque centrale américaine depuis 2004.

Les étatistes keynésiens de la Fed pensent que les crises financières dévastatrices que nous avons connues depuis 1987 sont dues à trop d’exubérance de la part des investisseurs, trop de dérégulation, une frénésie immobilière, sans compter l’avidité et la corruption de Wall Street.

Parmi les raisons les plus tirées par les cheveux récemment avancées pour expliquer les deux plus importantes crises financières de ce siècle, la première est le conte à dormir debout raconté de Greenspan et Bernanke : les travailleurs chinois – qui gagnent moins de un dollar l’heure – épargnaient trop d’argent, entraînant par là-même des taux d’emprunt au niveau mondial trop bas et une bulle immobilière aux Etats-Unis ! Il va sans dire que toutes ces raisons sont complètement fausses, tout comme l’est la logique qui sous-tend la planification centrale monétaire keynésienne.

Prétendre que le capitalisme de marché est instable de manière chronique et destructrice et que le cycle économique nécessite une gestion et un stimulus constants de la part de l’Etat et son bras armé, la banque centrale – tout ceci est démenti par les faits historiques. Chaque échec économique des temps modernes, y compris les événements fondateurs de la crise de 1929, ont pour origine l’Etat. Le catalyseur était soit un financement de guerre inflationniste, soit une expansion du crédit alimentée par la banque centrale – et non les déficiences ou l’instabilité inhérente du capitalisme de marché.

Le modèle de la Fed vole les millions de travailleurs, d’entrepreneurs, d’investisseurs et d’épargnants qui forment le socle de l’économie ; elle fausse les milliards de transactions relatives au travail et au capital, à travers lesquels ils interagissent et finalement génèrent de la production, des revenus et de la richesse. A la place, la Fed se concentre sur les agrégats macroéconomiques pour répondre à un prétendu double mandat de stabilité des prix et de plein emploi.

Une économie n’est pas une baignoire géante

Au fond, pour ces gens-là, les Etats-Unis sont une économie fermée ressemblant à une baignoire géante. A la poursuite du « plein emploi, » le job de la banque centrale est de la garder pleine à ras bord de « demande agrégée. » Mais les agrégats macroéconomiques sur l’emploi et l’inflation d’un pays ne peuvent être mesurés de façon précise et pertinente.

Certes, il semble que ces outils keynésiens de gestion de la demande agrégée ont fonctionné pendant plusieurs décennies avant l’arrivée du pic de la dette. Mais ce n’était qu’une entourloupe monétaire. Les ménages et les autres acteurs économiques ont été à plusieurs reprises encouragés à s’endetter via des cycles périodiques de stimulus par l’argent bon marché.

Cela a un peu boosté la « demande agrégée » — mais uniquement de manière temporaire et artificielle. C’est-à-dire que la dette des ménages, en constante augmentation, n’a fait que prendre sur l’activité économique du futur ; les dépenses n’ont pas généré de richesse nouvelle et durable. Et à présent, le stimulus monétaire ne fonctionne plus parce les ménages sont surendettés.

La « demande agrégée » est contraire à la loi de Say

Toutefois, cette réalité est complètement ignorée par les banquiers centraux. Pourquoi ? Parce qu’ils sont esclaves de l’idée primitive émise par J.M. Keynes lui-même : le cycle économique capitaliste finit toujours par manquer d’une composante économique fondamentale qu’on appelle « demande agrégée. » Cette dernière est une quantité indépendante de « dépenses » des ménages et des entreprises qui seraient générées avec l’utilisation totale des capacités de travail et de commerce du pays. Il convient d’insister sur le terme indépendant…

Selon la loi de l’économiste Say, l’offre crée sa propre demande. La production vient d’abord. La demande agrégée n’est pas indépendante ; elle est dérivée de la production et du revenu. C’est ce que les ménages et les entreprises choisissent de dépenser, plutôt que d’épargner. Avant que des confusions ne soient introduites par John Maynard Keynes, la plupart des économistes comprenaient la proposition de bon sens selon laquelle la production est première. Dans une économie honnête et stable, c’est encore le cas. En conséquence de quoi, la véritable « demande agrégée » n’a jamais besoin d’aucune aide de l’Etat, ni de la banque centrale.

La véritable source d’augmentation de la demande agrégée est l’augmentation des heures de travail et l’amélioration de la productivité, l’augmentation de l’effort entrepreneurial, une hausse de l’épargne et des investissements, et une augmentation des innovations et des inventions technologiques. A l’inverse, les banquiers centraux actuels, qui tendent vers les théories keynésiennes, sont des étatistes. Ils affirment savoir que le niveau réel de la « demande agrégée, » issue de la production et de l’épargne courants, est incorrect et chroniquement déficient.

Par conséquent, le boulot de l’Etat — les autorités budgétaires dans l’incarnation initiale keynésienne des années 1960, et la banque centrale essentiellement depuis Greenspan — est d’offrir cette « demande agrégée » chroniquement manquante. La loi de Say de l’offre est donc remplacée par la soi-disant plus grande sagesse des banquiers centraux. Ayant deviné le niveau correct de « demande agrégée, » la banque centrale est ensuite chargée de compenser ce qui manque.

On parvient à cette augmentation des dépenses en réduisant les taux d’intérêt ou en monétisant la dette publique afin d’encourager l’emprunt, augmentant par là les dépenses dérivées de la production courante avec les produits additionnels des crédits majorés. A la fin, selon les textes keynésiens, la baignoire économique du pays est bien remplie à ras bord avec juste le montant adéquat de « demande agrégée. » En conséquence, on a le plein emploi, l’industrie fonctionne à 100% de sa capacité, les coffres de l’Etat sont remplis et les licornes gambadent gaiement dans la prairie. Le modèle de la baignoire de « PIB potentiel » et le « plein emploi » qui y est associé sont de pures idioties : un ensemble d’indicateurs montés de toutes pièces, totalement dénués de sens dans l’économie actuelle mondialisée, fluide et technologiquement dynamique.

Une dangereuse illusion qui ignore le revenu réel

Cela signifie également que la « demande agrégée » théorique, qui est l’objectif de la politique de la Fed, est une illusion, contrairement à la véritable demande agrégée dérivée de la production et du revenu actuel réel. En fait, ces références de « PIB potentiel » et de « plein emploi » ne sont en aucune façon déterminées de façon scientifique ; elles sortent juste des gribouillages économétriques des théoriciens keynésiens. Les résultats sont tellement stupides, primitifs, si logiquement superficiels qu’ils soulèvent une question simple : si la financiarisation massive et l’argent bon marché n’étaient pas si commodes pour Wall Street et pour Washington, des personnes véritablement adultes prendraient-elles au sérieux nos banquiers centraux keynésiens ?

Je ne le pense pas. Les liquidités pour Wall Street, de même que la monétisation de la dette publique pour Washington, sont le voile de complaisance qui permet à nos planificateurs monétaires centraux d’opérer sans pratiquement aucune restriction.

Trois exemples concrets : simulateur de vol, Uber, Airbnb

Voyons cela de plus près. Tout le monde sait que nous sommes dans une économie de services. Comment alors peut-on mesurer la production potentielle d’un simulateur de vol et si ses instructeurs, ses équipements et ses infrastructures sont employés à 100% ? Ce calcul devrait-il être basé sur cinq ou sept jours par semaine ? Et sur une, deux ou huit heures d’enseignement par jour ? Ou autre chose ? Et quelles sont les unités de production : sessions en solo, en duo, en groupe d’une heure ou plus ou moins ?

Qu’en est-il des flottes de limousines et de leurs chauffeurs ? A présent qu’Uber est arrivé dans tant de villes avec des services numériques à la demande, les flottes de véhicules ne passent plus la moitié du temps à attendre le client. Une énorme capacité de flotte latente a ainsi été libérée par la technologie. Autre exemple, quelle est la capacité hôtelière dans un monde avec Airbnb ?

Tout cela pour dire que « l’utilisation de la capacité » est une notion fluide et changeante dans une économie moderne mondialisée, technologiquement dynamique et centrée sur les services. L’idée même de mesurer la production potentielle est un retour stupide aux années 1950, lorsque des élèves fraîchement diplômés des théories keynésiennes cherchaient une excuse pour mettre en pratique leurs compétences mathématiques. L’affirmation des échecs des cycles économiques et du besoin d’interventions constantes de la politique monétaire sur les marchés financiers conçue pour les lisser et les optimiser est une invention intéressée des banquiers centraux et des économistes keynésiens.

C’est le mythe fondateur duquel dépendent leur pouvoir, leur gagne-pain et leur suffisance. La vérité est que si la croissance de la production et du revenu est lente ou même inexistante, cette condition est partout et toujours provoquée par les obstacles du côté de l’offre, pas par le soi-disant manque de « demande agrégée. » Par conséquent, l’histoire de l’échec du cycle économique est complètement stupide. Elle revient à donner tous les pouvoirs à une poignée de bureaucrates monétaires non-élus et qui n’ont à rendre compte de leurs actes à personne.

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David Stockman est un ancien homme d'affaires, congressman américain et conseiller au budget du président Ronald Reagan.

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