Alors que le concept de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) se développe à grande vitesse, la question de la traçabilité des matières premières auxquelles ces entreprises ont recours est plus que jamais d’actualité. A quelques jours du lancement de la COP21, le marché de l’aluminium peut notamment faire figure d’exemple. En effet, tandis que la production d’aluminium primaire a été multipliée par 30 depuis la seconde guerre mondiale, les méthodes de production du secteur demeurent, pour partie, ultra-polluantes. En cause : le charbon. Des alternatives existent toutefois.
La RSE et la traçabilité à l’heure de la COP21
Avec la diffusion du concept de développement durable et l’étendue du principe de responsabilité sociétale des entreprises en Europe, de plus en plus d’efforts sont demandés aux entreprises afin de « sécuriser l’acceptabilité de leur chaine de production ». Or parallèlement, on assiste à un développement des échanges transfrontaliers qui complique le contrôle de « la traçabilité en amont », c’est-à-dire la vérification des fournisseurs et des matières premières.
Pour trouver une réponse à cette problématique, l’organisation de la Conférence des Nations Unies sur le climat compte sur la « mobilisation des acteurs de la société civile dans leur ensemble et dans leur diversité ». Les pouvoirs publics, comme les entreprises ou les associations de consommateurs auront donc l’occasion de réfléchir aux meilleures méthodes de régulation, par exemple sur le sujet de l’aluminium.
Production d’aluminium : l'énergie représente au moins 40 % des coûts
Actuellement, l’offre sur le marché de l’aluminium est duale. D’après Goldmann Sachs, « la croissance de la demande, après un rebond à 12,1 % en 2013, devrait se maintenir sous les 10 % jusqu’en 2016 » ; pour répondre à ces besoins, les industriels raffinent l’alumine en employant la technique de l’électrolyse Hall-Héroult. Cependant, la réaction chimique nécessite un apport énergétique important, de l’ordre de 600 MW, dont l’origine diffère selon les producteurs.
Une différence significative car comme l’explique l’industriel chinois Henan Shenhuo Aluminium, « les coûts de production de l’aluminium sont fortement influencés par ceux de l’énergie qui en représentent plus de 40% ». De nos jours, les industriels asiatiques privilégient l’utilisation du charbon pour la transformation de l’alumine alors que leurs concurrents occidentaux favorisent au contraire des énergies faiblement émettrices de CO2, comme l’hydroélectrique.
Le consomm’acteur, premier régulateur du libre-échange ?
Si les producteurs d’aluminium peuvent, en passant par l’électrolyse via énergie hydroélectrique, réduire leur empreinte écologique, l’utilisation du charbon dégrade au contraire considérablement le rendement énergétique des unités de production. Pourtant, avec l’entrée de la Chine dans l’Organisation Mondiale du Commerce, ce procédé s’est imposé sur le marché au détriment des préoccupations environnementales (la Chine représente aujourd’hui 52% de la production mondiale d’aluminium, mais est responsable de 68 % de la pollution due au secteur).
C’est pourquoi, en attendant la création de l’Organisation Mondiale de l’Environnement, la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP21) apparaît comme l’instance la plus qualifiée pour aborder ce problème. Avec la mobilisation citoyenne, la communauté internationale pourrait par exemple favoriser l’adoption d’un système d’information visant à garantir l’origine et la qualité des produits, permettant du même coup de rééquilibrer le marché de l’aluminium et de crédibiliser les démarches RSE des multinationales.