Les conférences des parties (COP), dont la 21 e s’est tenue à Paris en décembre dernier, sont issues du sommet de la Terre de Rio en 1992. Elles réunissent chaque année des dirigeants du monde entier ayant la volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), dans le but de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C d’ici 2100.
La politique énergétique européenne s’efforce de transcrire sous forme d’objectifs, contraignants ou non, cette volonté de limiter les émissions de GES, mais aussi de renforcer la sécurité d’approvisionnement en regard des tensions géostratégiques et de l’épuisement des ressources fossiles. Son 3e objectif est la maîtrise des coûts de l’énergie, afin, notamment, de ne pas pénaliser la compétitivité des industries.
Des sommes considérables d’argent public ont été engagées dans cette « transition énergétique », à l’origine de l’alliance historique et contre nature entre écologistes, finance mondiale et industriels.
Le manque d’évaluation de l’efficacité et des conséquences à long terme des mesures entreprises semble responsable d’une course chimérique dont l’Union européenne, mais surtout la France, seront les grands perdants. Au lieu de bilans chiffrés permettant la remise en question de l’efficacité de chaque mesure engagée, une véritable fuite en avant multiplie les artifices coûteux pour tenter de surmonter le triple échec de cette politique.
Partie 1 : L’énergie dans le monde
La double erreur stratégique
- Focalisée sur la production d’électricité
- Privilégiant des moyens inadaptés
Responsable du triple échec de la politique énergétique européenne :
- Des coûts non maîtrisés
- Une sécurité dégradée
- Un environnement impacté
Partie 2 : La guerre « à mort » contre la France
- AREVA distancé par Rosatom, Westinghouse ou CGN -
La situation intenable d’EDF, pourtant n°1 mondial
Les énergies de demain
- Fusion : le renouveau nucléaire allemand
- Tourner le dos à l’avenir
Partie 3 : La face cachée des énergies renouvelables
Partie 1
1) L’énergie dans le monde :
a) Production d’énergie
(Source : Connaissance des énergies)
Le schéma ci-dessus montre que l’énergie mondiale dépend à 80 % de 3 ressources fossiles, polluantes et limitées : le pétrole, le charbon et le gaz.
L’électricité représente 15 % de cette production, dont l’énergie hydraulique fournit les ¾ de la production renouvelable (rapport Ren 21 p32).
Eolien + solaire + géothermie + autres sources marginales (non précisées) ne représentent que 1.1 % de la production totale d’énergie.
La connaissance de ces données est indispensable pour comprendre la portée des chiffres de l’évolution de chaque filière énergétique, notamment lorsqu’elle est comparée avec ceux de la « production d’électricité, hors hydraulique », ou mise en perspective avec l’évolution de la « part renouvelable de production d’énergie ».
b) On distingue deux catégories d’énergie :
La quasi-totalité des énergies est « pilotable » c’est à dire produite de façon régulière et à la demande.
Quelques énergies « renouvelables » sont intermittentes.
Tandis que cette intermittence peut être liée à des cycles réguliers, comme ceux de l’énergie solaire ou marémotrice, seule l’énergie éolienne est intermittente et aléatoire.
La variation de sa puissance reste considérable à l’échelle d’un pays et même d’un continent. Le graphique ci-dessous en dénonce les caprices au niveau de tout un pays.
Il représente la production éolienne allemande de décembre 2015 : la variation du cours du MWh, figurée en bleu, qui descend jusqu’à des valeurs négatives chaque fois que la production éolienne est importante, évoque le peu d’intérêt de cette production, puisqu’il faut parfois même payer pour s’en débarrasser.
(Source https://www.energy-charts.de/price.htm)
Notamment le 22/12, où un pic de puissance éolien de 32 GW, (soit plus de la moitié de celle de tout notre parc nucléaire), s’est accompagné d’un cours négatif de -119€. Cette formidable puissance éolienne retombant régulièrement à quasiment zéro (0.28 GW le 4 juillet….et 100 fois plus le lendemain).
2) La double erreur stratégique
a) Est d’avoir centré l’action sur le secteur marginal de production d’électricité qui ne représente que 15% de la production mondiale d’énergie
b) Et d’avoir entraîné la ruine de ce secteur par l’injection d’une part croissante d’électricité d’origine éolienne, source d’énergie intermittente et aléatoire, alors que la consommation d’électricité se caractérise par un besoin immédiat et régulier.
Avec 2 facteurs aggravants
a) Non seulement cette production intermittente et aléatoire est injectée de façon croissante dans le réseau, mais elle bénéficie d’une priorité et d’un tarif d’achat supérieur à l’énergie produite à la demande et de façon constante.
b) La systématisation de cette erreur de stratégie par des décisions bureaucratiques centralisées, sans lien avec les spécificités de chaque Etat membre.
Avec pour conséquence, dans le cas de la France, d’être un non sens, puisque son parc électrique n’émet quasiment pas de CO2 et qu’en tant que plus gros exportateur mondial d’électricité et de la disponibilité de ses moyens de production, c’est elle quie assure le rôle de principal régulateur du réseau européen.
3) Le triple échec de la politique énergétique
Par voie de conséquence, la formidable puissance intermittente, notamment allemande, (éolien + P.V, supérieure à celle de notre parc nucléaire), n’aura pas permis de remplacer le moindre MW pilotable installé, à besoins pourtant constants, depuis 2002.
https://www.energy-charts.de/power_inst.htm
Il en est de même en France.
Alors que paradoxalement, l’Allemagne a réussi à diminuer ses émissions dans tous les secteurs sauf précisément dans celui de la production d’électricité.
Et l’argent public coule à flots entre un prix de gros qui s’effondre en raison des surplus de production qui cherchent un acheteur et celui de détail qui s’envole, en raison des différents soutiens publics à la production intermittente et à la restructuration de tout le système électrique rendue nécessaire par sa présence.
Cette injection croissante dans le réseau européen d’une production électrique excédentaire, aléatoire, prioritaire et subventionnée, porte une lourde responsabilité dans la ruine de toute compétitivité des productions non subventionnées, aussi bien en Allemagne que dans le reste de l’Europe.
Le rapport Derdevet chiffre à 700 milliards d’euros la somme nécessaire à la restructuration du réseau électrique européen. Le principal enjeu étant de lui permettre d’accueillir l’intermittence des énergies renouvelables prévues d’ici 2030. Ce rapport montre, p 35, que le défi du dimensionnement de ce réseau ne sera même pas tant d’acheminer le courant vers les consommateurs locaux que d’en refouler les excédents, toujours plus loin, vers le reste du territoire.
Et c’est d’ailleurs le problème auquel est déjà confrontée l’Allemagne qui doit emprunter gratuitement les réseaux français et polonais, tout en les fragilisant, afin d’acheminer vers le sud de son territoire les surplus produits par les éoliennes du nord.
Les productions aléatoires entraînant également la nécessité de subventions pour les centrales de back up (chargées d’attendre que le vent tombe pour produire), ainsi que le besoin de nouveaux acteurs sur le marché chargés de faire coïncider la consommation aux caprices de la production (opérateurs d’effacement).
Une véritable rupture technologique reste nécessaire pour viabiliser l’énergie intermittente notamment pour permettre l’émergence des indispensables moyens de stockage à grande échelle à un coût acceptable par la collectivité. Lesquels coûts devront être assumés par tous, au lieu des seuls responsables de cette intermittence aléatoire.
Cette erreur stratégique majeure est responsable de l’échec désormais avéré d’une politique européenne qui s’était fixé le triple objectif de la maîtrise des coûts, de la sécurité d’approvisionnement et de la réduction de l’impact environnemental.
Cette politique a échoué sur chacun de ces 3 objectifs, et laisse un marché de l’électricité en ruine, avec des prix de détail qui s’envolent, des émissions de CO2 qui continuent de plus belle et une dépendance aux gaz paradoxalement accrue. Les acteurs du marché semblant désormais condamnés à une fuite en avant vers toujours plus de renouvelable afin d’équilibrer leurs finances grâce à la contre partie d’argent public.
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) vient ainsi de prévoir une augmentation de 26% des charges de l’éolien en 2017, avec 1.5 Milliard d’euros pour le seul surcoût de leur tarif d’achat.