Un multiple de 4. Non, je ne vous parle pas de la croissance d'une start-up, mais de celle du nombre de personnes âgées de plus de 80 ans, en France, d'ici 2050. Ils seront alors près de 5 millions.
Mais n'allons pas si loin : dès l'horizon 2015, plus de la moitié de la consommation française sera générée par des seniors. L'enjeu économique est considérable et le gouvernement l'a bien compris, en annonçant le 24 avril dernier, la constitution de la « silver economy », filière qui pourrait bien apporter à la France ce second souffle qui lui manque pour renouer avec la croissance.
Qui ne peut applaudir une démarche enfin cohérente autour de l'économie du vieillissement, locale, moderne ?
Personne.Les axes en sont clairs. Mais ils résonnent pour quiconque baigne dans l'économie numérique d'un écho étonnant car après tout pourquoi ne pas hybrider la silver economy de ce potentiel numérique ?
Cela peut sembler paradoxal de prime abord : quand on parle de silver economy, l'imaginaire se déplace vite sur des métiers de service ou d'accompagnement, à faible productivité et innovation. On est loin, très loin de l'effervescence des start-ups, de la transformation technologique, où règne la jeunesse. Le numérique ne serait donc l'apanage que des digital natives, de la génération Y ?
Evidemment que non ! La ministre Michèle Delaunay en est elle-même le meilleur exemple : la doyenne du gouvernement est, à l'image d'une part majeure de ceux dont elle a la responsabilité, la ministre la plus active sur Twitter. Plus d'un senior sur deux dispose d'un smartphone, un sur quatre est sur Facebook : nous n'attendrons pas que la génération Y arrive à 60 ans pour que les seniors profitent de la valeur apportée par le numérique. L'adoption des technologies et des usages est bien là, et le numérique doit être considéré comme une évidence, un levier essentiel de la silver economy.
Or on semble parfois trop cloisonner les secteurs : le défi numérique est là, l'enjeu de création de champions nationaux, d'une filière numérique en phase avec son temps sera aussi multi-générationnelle !
Surtout, nous avons ici une carte à jouer
Toute une filière, bien au-delà des services, doit se développer autour des solutions technologiques de gestion de l'âge, secteur de la santé en tête. On dit souvent que les start-ups naissent de l'envie de régler de grands problèmes : quel plus grand problème avons-nous à régler dans les 40 prochaines années que celle du vieillissement de la population ? Des start-ups de services, d'applications, de matériels innovants émergent déjà.
Les filières de l'économie numérique peuvent aussi faire émerger des valeurs fortes au sein des filières de l'âge : l'innovation, la prévention et le lien social. Savoir accélérer quand il le faut, et bouillonner à l'envi. L'économie numérique doit pouvoir apporter son énergie et sa rapidité, pour que la filière silver prenne tout son sens, dès maintenant.
Ouvrons des hackathons sur le thème de l'âge ! Fédérons un écosystème autour des seniors ! La silver valley sera faite de silicon, ou ne se fera pas !