Partout, les dernières inepties de France Stratégie concernant les risques d’une « société d’héritiers » sont reprises en boucle.
Le mensonge est énorme, colossal ! Et évidemment, on appuie sur la corde sensible de la « justice sociale » en bêlant et trémolos dans la voix je vous prie.
Sauf que suite à la réception de nombreux mails de la part de mes lecteurs préférés, je constate deux choses. D’abord, une partie significative est contre l’héritage par principe et je vais partager avec vous quelques réflexions à ce sujet, ensuite nous parlerons du grand mensonge de la peur « d’une société d’héritiers » qui ne vise en réalité qu’à cacher et justifier un nouveau vol en bande organisée de la part de nos dirigeants qui ne savent qu’augmenter les impôts !
Tout n’est qu’héritage dans la vie ! (Ou presque !!)
Enfin presque tout, car les chances et malchances que je vais recevoir, je vais, avec mon parcours de vie, soit réussir à développer mes chances et réduire mes malchances par mon travail, mes efforts et ma réflexion, soit l’inverse.
J’hérite donc d’un patrimoine génétique qui est ce qu’il est.
J’hérite donc d’un patrimoine intellectuel et de capacités qui sont profondément inégalitaires… La différence entre le QI d’Einstein et celui du dernier benêt croisé est bien la preuve de cette inégalité insupportable.
J’hérite donc d’un patrimoine physique, certains seront grands et forts, d’autres petits et faibles. Si la loi permet aux plus faibles de survivre, la loi censée être la même pour tous ne rendra jamais fort un faible et grand, un petit (j’en sais quelque chose avec ma taille enviable de 1,65 mètre et demi très précisément selon la toise du médecin chef du service de santé des armées… qui a eu l’idée géniale de me faire rentrer dans un char…).
J’hérite donc d’un patrimoine de beauté ou de mocheté… Et l'on sait avec précision que les « beaux » ont des carrières nettement meilleures que les moches… même si les beaux sont bêtes !
J’hérite aussi et accessoirement d’une éducation, car si nous avons parlé de l’inné avec le patrimoine « génétique », il y a évidemment tout l’acquis et c’est important !
Un potentiel reste un potentiel, après il faut transformer tout ce potentiel en réalité et tirer de chaque individualité le meilleur. C’est le rôle de l’instruction, des savoirs et de l’éducation que vous recevrez de vos parents ou de ceux qui vont vous élever.
Ce processus est, là encore, fondamentalement terriblement inégalitaire. Parents aimants ou violents, parents déjà cultivés ou totalement incultes, bonne école ou mauvais établissement, tout va concourir pour faire de vous un futur « bon » ou un futur laissé-pour-compte.
La vie elle-même est intrinsèquement injuste. Panser les dégâts, organiser la solidarité, ne laisser personne sur la route est non seulement une évidence, mais une nécessité d’humanité. C’est le rôle de notre école pour l’instruction, c’est le rôle de notre sécurité sociale et de notre CMU pour les soins, c’est le rôle de notre justice pour éviter que les litiges se transforment en règlements de compte, bref, c’est le rôle de nos impôts payés à tous les niveaux et à tous les étages.
Certains, en plus de tous ces « héritages », recevront un héritage financier. Certains feront fructifier cet héritage. D’autres nettement plus nombreux se feront un plaisir de tout dilapider.
Il n’en demeure pas moins que je considère que je suis libre en tant qu’homme de décider ce que je vais faire de mon argent et du fruit de mon travail. Je peux faire le choix de rouler dans de bien belles autos dont j’aurais très envie… ou plus modestement de me contenter de ma Dacia… La raison est simple. Je fais le choix, nous faisons le choix avec mon épouse et ma famille de thésauriser et de préparer le lendemain plutôt que jouer les cigales.
S’il reste des sous après que nous ayons payé tous les impôts, financés nous-mêmes la future retraite que nous n’aurons pas, payé les études de nos enfants, et accessoirement la dépendance que personne ne voudra plus nous financer dans les décennies à venir, alors oui, je revendique le droit de laisser ce qu’il reste aller à mes enfants !
L’héritage et les donations, c’est aussi un acte d’amour, celui qui consiste à se déposséder au profit de ceux que l’on aime. Il n’y a rien de sale là-dedans, il n’y a rien de méprisable.
De surcroît, si l’État savait mieux que nous comment dépenser notre argent, cela se saurait ! Plus l’État est dépensier, plus l’État est impécunieux, et plus notre situation économique se détériore. Nous n’avons pas besoin de plus d’État mais de moins d’État. Moins d’État ce n’est pas plus d’État du tout évidemment, c’est un État qui fiche la paix à ses agents économiques. Un État qui laisse l’entrepreneur entreprendre, le créateur créer et qui ne veut pas intervenir à tous les étages et tous les niveaux de la vie et de la mort !
32 309 €, c’est le montant moyen de l’héritage… Tremblez braves gens ! Tous ces rentiers qui vont pourrir la société et la rendre « injuste »
On oublie évidemment de vous donner ce chiffre qui n’est qu’une moyenne qui diffère évidemment. Mais posez-vous la question… combien de milliardaires en France ? Une poignée… Ils peuvent partir ailleurs et aller se faire imposer sous des cieux plus cléments aussi bien pendant leur vie qu’à leur mort… Ne soyez pas naïfs. Ce que vise France Stratégie dans un monde ouvert ce n’est pas les milliardaires qui ont déjà passé la frontière, sont à la tête d’entreprises, et peuvent négocier avec le fisc. Ils visent les milliards d’euros représentés par la moyenne de tous vos petits héritages.
Ils visent vos 32 309 euros…
Parce qu’il n’y a que ces milliers de petits héritiers qui ne peuvent pas s’enfuir ailleurs et qui devront payer.
L’État ne dépensera pas mieux les sous de Monsieur Dupont que Dupont lui-même ! Que Dupont s’achète donc une nouvelle voiture (en payant la TVA) ou qu’il finance les études de ses gosses, ce sera nettement plus utile à la collectivité que de voir notre État, gestionnaire calamiteux, poursuivre son chemin vers encore plus de dettes.
La preuve en quelques chiffres venant du Sénat !
Le montant moyen transmis est proche de 100 000 euros.
La moitié des patrimoines transmis ne dépasse pas 50 000 euros, mais 10 % d’entre eux excèdent 550 000 euros.
L’héritage moyen pour les conjoints est d’environ 26 000 euros, contre près de 34 000 euros pour les enfants.
N’oubliez pas enfin qu’au-delà de certains montants bien évidemment, l’héritage est taxé à 45 %… 45 % ce n’est pas rien en ligne directe.
En ligne indirecte c’est déjà… 60 % !!
Il y a donc, encore une fois, déjà une fiscalité assez lourde en vigueur.
D’ailleurs, il n’y a que deux solutions pour échapper à un rabotage de moitié de votre patrimoine lors de votre succession :
1/ faire des donations de votre vivant (avec des seuils qui ont été considérablement rabaissés) ;
2/ mettre beaucoup d’argent avant 70 ans sur contrat d’assurance vie…
Or cet argent que les épargnants investissent sur l’assurance vie pour profiter de la fiscalité sur les successions sert à financer le déficit de l’État… Bref, si l’État veut augmenter l’impôt sur les successions (car il n’y a que cela qui intéresse ces grands psychopathes de la fiscalité), il faudra qu’ils se penchent sur le problème de … l’assurance vie, qui, en devenant moins intéressante, drainera beaucoup moins de fonds… et donc des problèmes de financement pour l’État.
Source étude du Sénat ici mais voici l’essentiel résumé dans ce tableau :
C’est parfois simple l’économie aussi !
Encore une fois, il n’y a aucune volonté de justice sociale ! Quelle est la justice quand on parle d’un montant d’héritage moyen de 32 000 euros !
Quel est le risque de voir en France une société d’héritiers quand on parle d’un héritage de 32 000 euros ! Soyons sérieux, c’est juste le prix d’un Renault Scénic neuf… (d’où le choix de ma Dacia).
Le cas des entreprises et du chômage !
Enfin, près de 7 000 entreprises disparaissent à la suite du décès de l’entrepreneur. Or, dans les dix ans à venir, 450 000 entreprises devront être transmises…
Alors c’est sans doute injuste d’hériter de l’entreprise de son père (ou de sa mère).
C'est sans doute même immonde, dégueulasse, n’ayons pas peur des mots… pour bien dégouliner de justice sociale… sauf, que…, sauf que, si ces sociétés ferment parce que les taxes sont telles qu’elles ne peuvent plus être transmises, ce sont des millions d’emplois qui seront perdus.
En cette période de disette sur l’emploi, c’est plutôt une mauvaise nouvelle. Vous me direz, il n’y a qu’à faire un régime spécial pour les entreprises !
Je vous dirai que d’une part, c’est déjà le cas, et que d’autre part, tous les riches mettront alors leur patrimoine dans des entreprises (et c’est déjà le cas pour éviter l’ISF), et les seuls à ne plus hériter ne seront pas les très riches, mais tous les sans-dents, tous les 32 000 euros qui pourraient mettre du beurre dans les épinards !
Alors vous pouvez trouver l’héritage injuste, mais il faudra bien faire avec, car cela fonctionne aussi comme ça depuis la nuit des temps et qu’il sera très difficile de changer l’âme humaine, à savoir l’instinct viscéral de possession.
Enfin nous sommes loin, très loin d’une société d’héritiers!
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae
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