L’épargne réglementée rapporte moins de 1,5% dans le meilleur des cas, hors inflation et fiscalité. La répression financière continue ses nuisances. Y aurait-il une échappatoire ?
En juillet dernier a été publié le rapport annuel de l’Observatoire de l’Epargne réglementée (1), présidé par le gouverneur de la Banque de France, François Vileroy de Galhau. La lecture de ce rapport permet de dresser plusieurs constats intéressants.
Merci pour ce taux de « rémunération » élevé ?
Tout d’abord, malgré les tours de vis successifs subis par l’épargne réglementée, l’épargnant français aurait été beaucoup mieux traité que ses homologues de la Zone euro. Avec un taux de rémunération moyen sur les dépôts bancaires à 1%, l’épargne de précaution des Français est pratiquement trois fois mieux rémunérée que la moyenne de la Zone euro (0,28% en Allemagne !). Cet écart s’est d’ailleurs accentué ces dernières années.
Cela pourrait être une explication à l’augmentation de 3,2% qu’a enregistrée le stock d’épargne réglementée sur 2016. Les fonds euros des contrats d’assurance-vie ont subi une décollecte de 7 Mds€ qui a profité au livret A (+18,9 Mds€) et aux unités de compte (+8,7 Mds€). Mais c’est grâce au taux de rémunération moyen des PEL, le seul placement réglementé dont le taux de rémunération se maintient tout au long de sa vie en fonction de la date où il a été souscrit, que la France affiche un taux de rémunération moyen aussi élevé en comparaison de ses voisins. Cela s’explique par la part importante des PEL au sein de l’épargne réglementée et, d’autre part, par la proportion des PEL anciens (donc mieux rémunérés) au sein de l’ensemble des PEL.
Cocorico ? C’est ce que l’on pourrait conclure à la lecture du communiqué de presse de la Banque de France (2) et de nombreux articles de presse qui ont relayé cette nouvelle.
Et si on prenait en compte la fiscalité ?
Le taux de rémunération à 1% que l’on fait miroiter n’est valable que dans un monde avec zéro fiscalité. Or, nous sommes en France et, comme vous le savez, la fiscalité est quelque peu pesante, en particulier pour les classes moyennes. Dans un précédent article sur le PEL, je montrais ce qu’il en était du rendement de ce placement une fois prise en compte la « fiscalité Hollande ». La « fiscalité Macron », qui va voir imposés dès la première année de détention les intérêts générés sur les PEL ouverts à compter du 1er janvier 2018 et la prime d’Etat supprimée, ne va pas arranger les choses. Vive l’harmonisation européenne !
Par ailleurs, à aucun moment les rédacteurs du rapport n’ont jugé bon de faire apparaître une version du graphique retraitée de la fiscalité.
Avec la simple prise en compte de l’inflation, la réalité est quelque peu… différente !
Tout juste trouve-t-on un graphique retraité de l’inflation, qui laisse déjà apparaître une sinistre réalité.
En définitive, l’épargne réglementée a en moyenne connu des périodes de rendement net d’inflation négatif, comme en 2005 et en 2006 ainsi qu’entre 2011 et 2013, et ce avant même la prise en compte de la fiscalité ! Avec un taux d’inflation dont il est attendu qu’il passe de zéro à plus de 1% sur 2017, je vous laisse imaginer de quel côté de la ligne d’eau sera notre courbe verte l’année prochaine.
Bref, en laissant de l’argent sur votre livret A, vous perdez chaque jour un peu de pouvoir d’achat, contrairement au baratin (pour parler poliment) que nous sert le Premier ministre.
Je vous propose donc de garder notre « cocorico » pour une autre occasion…
« Bonne nouvelle » : le taux de rendement moyen 2016 des fonds euros revu à la hausse !
Fin juillet, l’ACPR a annoncé le taux de rendement moyen officiel des fonds euros (net de frais de gestion, mais brut de prélèvements sociaux) (3). Au final, c’est 1,93% qu’auront en moyenne rapporté les fonds euros en 2016, soit 0,13% de plus que les 1,8% sur lesquels tablait la Fédération française de l’assurance (FFA) au mois de mars. Net de prélèvements sociaux (à 15,5%, avant passage à 17,2%), cela nous fait 1,46%.
Coricoooo ! Non, toujours pas ?
Je vous comprends, d’autant plus que Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du site Goodvalueformoney.eu, nous annonce un rendement moyen des fonds euros à 1,48% en 2017… Seul point positif : vivement incités par l’ACPR à minorer les rendements servis, les assureurs continuent d’alimenter leur provision pour participation aux bénéfices (PPB), que Cyrille Chartier-Kastler estime à 3%. En clair, la PPB permettrait de « doper durant 10 ans le taux servi sur leurs contrats de 0,30% […] : c’est considérable! », commente-t-il. Oui, mais uniquement dans un scénario optimiste sans « incident de marché » sur les taux ! Beaucoup moins dans tout autre scénario… Comme nous sommes dans notre rubrique « bonnes nouvelles », j’en reste là… pour aujourd’hui !
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