L’Europe investit massivement dans l’innovation notamment à travers le programme Horizon 2020, avec un budget de 80 Md€, dont 11% récoltés par les laboratoires de recherche et entreprises en France.
Ces financements directs sont le bras armé d’une politique européenne qui promeut l’investissement dans l’innovation, non pas par pure idéologie, mais pour répondre aux enjeux citoyens et économiques qui préoccupent les membres de l’Union. Au rang de ces enjeux majeurs, nous retrouvons l’emploi.
Cependant, le financement de l’innovation contribue-t-il réellement et durablement à créer des emplois ? L’UE a publié récemment la liste des 2500 entreprises qui dépensent le plus en R&D dans le monde. Nous avons analysé le taux de croissance de leur masse salariale en fonction de l’intensité des dépenses en R&D de ces entreprises sans trouver de corrélation. Ainsi, les entreprises qui innovent le plus… n’embauchent pas davantage que celles qui innovent moins ! Est-ce à dire que l’Europe finance l’innovation comme on remplit le tonneau des Danaïdes ? Certainement pas.
Les subventions européennes pour l’innovation encouragent l’augmentation de la dépense en R&D des entreprises grâce à un effet de levier important : 1€ investi produit 6 à 8€ dans l’économie selon le bilan intermédiaire du Programme H2020. La relation entre cette augmentation des dépenses en R&D et la croissance de la masse salariale devient alors claire. Eurêka ! L’UE génère donc bien de l’emploi en favorisant la dépense en R&D avec un effet de levier important.
Cette création d’emplois pourrait toutefois être à la source d’un phénomène d’aubaine peu durable comme ceci a pu être discuté pour le CICE – a fortiori pour des grandes entreprises. La subvention des projets par l’Europe dans le cadre du programme H2020 permet toutefois de limiter l’incertitude inhérente à l’innovation et ainsi de rendre les embauches plus durables : les financements accordés par l’Europe sont consentis au terme d’une sélection si importante, que le taux d’échec pour décrocher un financement européen est proche de 90%. Aussi, pour les projets financés, le taux d’abandon des est de l’ordre du pourcent. L’emploi est ainsi créé dans un cadre plus pérenne.
Il ne s’agit donc pas d’une perfusion transitoire de l’emploi par l’innovation, mais plutôt d’un levier pour dynamiser la dépense pour l’innovation et sécuriser les emplois créés. Le lien entre innovation et emploi est fort, pour peu qu’il reste dynamique et fondé sur des projets d’excellence scientifique !