Les états désunis d’Europe en 2011

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Par Maarten Van Mourik et Oskar Slingerland Modifié le 3 août 2016 à 11h03
Etats Desunis Europe Rouger
@pixabay - © Economie Matin
26,7 MILLIARDS €En France, le budget pour les projets européens entre 2014 et 2020 est de 26,7 milliards d'euros

Une crise de l'Europe, géographique économique et politique à long terme.

Depuis 30 ans, le premier marché mondial, l’Europe géographique à 27 pays, est confrontée aux convulsions géopolitiques inhérentes à la fin des trois guerres qu’elle a vécues au 20 ème siècle, les deux chaudes et la froide.

L’Europe, telle qu’un Chinois peut la voir à l’ouest de l’Oural, est passée, dans les années 90, sans drame, d’une coupure longitudinale, le rideau de fer et le mur de Berlin, à une coupure latitudinale le 45e parallèle. Dans l'ancien modèle les mauvais étaient à l'est, enfermés dans leur complexe Militaro - idéologique Soviétique. Les bons étaient à l'ouest, ouverts au monde, avec leur modèle socialo-industrie libéral, né avec la communauté charbon acier en 1957. La guerre froide aidant, l’Allemagne, coupée en deux, y a trouvé le moyen de se rétablir après sa folie suicidaire de 1933 à 1945, la France le moyen de se maintenir après la perte de son Empire colonial en 1960. La décennie 80 à détruit ce bel équilibre, à la suite de la révolte des polonais.

En dix ans l’Est géopolitique a disparu. L’Allemagne a retrouvé sa puissance géographique. Pendant ces temps cruciaux la France, avec les meilleures intentions du monde, a solidifié les bases de son modèle socialo-hédoniste providentiel. Les Allemands lui ont tourné le dos en construisant leur modèle monétaro industriel exportateur, partagé avec la Chine. Sous le regard bienveillant du Royaume uni et de son système monétaro financier partagé, lui-même, avec les Etats Unis.

Pourquoi, alors, l’Europe politique n’est elle pas encore morte ? La raison tient aux trois décisions prises, toutes favorables à l’Allemagne et au Royaume uni, toutes défavorables à la France. Et parce que, pour la France, déclassée, cette Europe reste garante de la paix, bientôt menacée, à terme, par le retour de la puissance allemande, l’émergence de la Chine, et le rétablissement américain.

Pour que ce couple franco-allemand, séparé de biens, pas encore de corps, se rabiboche, il faudra que soit l’Allemagne change, soit la France change. Pour apprécier la probabilité de la survenance de chaque terme de l’alternative, il faut rappeler les trois décisions néfastes que la France a laissé passer il y a 20 ans.

a). La première décision a consisté pour les dirigeants français, en 1990, à regarder, passer le train de la réunification allemande. Ces responsables n’ont voulu voir que le bon coup de la récupération par l’ouest, d’un territoire et d’une population qui faisait rire de mépris avec sa « Trabant ». Aucun responsable politique n’a voulu voir que, 20 ans plus tard, l’ex RDA constituerait la partie émergente de l’économie allemande, une fois accompli l’effort pour s’intégrer à l’ouest. Et qu’ainsi l’Allemagne remporterait deux victoires, économique sur ses voisins, politique sur elle-même, qui effaceraient, chez elle, les souvenirs honteux du 20 ème siècle.

b). La seconde décision a consisté, deux ans plus tard, en 1992, à élaborer, dans le traité de Maastricht, un modèle monétaro-industriel d’inspiration rhénane, plus que méditerranéenne, dans lequel les pays de l'Union européenne, souscriraient des engagements de déficit et d'endettement que la France serait incapable de tenir. Y ajoutant l’instauration d’une monnaie unique qui supprimerait les dévaluations répétées, bases de la compétitivité de la France et des pays du Sud, face à ceux du Nord. Ce fut l’acte de condamnation du modèle socialo- providentiel des Français.

c). La troisième décision a consisté à adopter l’ Euro sans la Grande Bretagne. Elle a remis la France et son modèle socialo providentiel entre les mains de l’Allemagne et de son modèle monétaro- industriel. On peut ajouter deux cerises sur ce gâteau au poivre. La volonté française de piloter la Banque centrale pour bien marquer l’attachement français au dogme monétaire allemand. Le choix du G 10 de l’époque – 1992 – d’appliquer le fameux « ratio Cooke » qui a eu pour effet, en 1993, d’achever la 1 ère banque européenne, le Crédit lyonnais, déjà mal en point, et de liquider les velléités, en France, de développer le concept de banque industrie, souvent présenté comme élément déterminant des succès germaniques.

Depuis 20 ans l’Europe vit avec un grand malade, son vieux père, le modèle socialo-industriel né, pendant la guerre froide. Il a généré deux enfants aux caractères inconciliables, le modèle latin socialo-providentiel consommateur, le germanique monétaro industriel producteur. Le malade est resté en réanimation grâce aux soins intensifs des crédits fournis par les marchés. La crise les oblige à débrancher les tuyaux qui alimentent le modèle socialo providentiel. Quand on voit l’effet sur la Grèce, son état de droit et ses libertés, on peut être préoccupé de voir arriver les conséquences pour la France.

d) . La crise française et le surclassement de son économie par l’Allemagne Le décrochage survenu entre les deux premières économies de l’Union Européenne, au détriment de la France, n’est qu’un des éléments de ce mal être des Français qui est une crise en soi, complexe, autant commentée, par tant d’auteurs, que l’est depuis quelques années la crise économique et géopolitique mondiale. Lucidement, le malaise économique est plus facile à résoudre que le mal être ambiant. Il suffit que la société française, pendant quelques brèves années préfère la production à la consommation, le travail qui se vend à l’emploi qui s’administre. Ce devrait être d’autant plus facile que, si l’Etat français est endetté, les Français, grands épargnants, sont riches, à la mesure des dettes de leur Etat. Le sujet est vaste il faudra y revenir dans une prochaine publication de l’Institut PRESAJE.

En effet, il est intéressant d’entendre ce qui se dit dans les débats de la campagne présidentielle française (1) sur ces sujets économiques européens. Le pouvoir en place est vilipendé au motif qu’il s’est soumis à l’Allemagne. L’opposition oppose son modèle socialo providentiel pour l’imposer au modèle monétaro industriel allemand. Les objectifs sont généreux. Mais avec quelle industrie et quel argent ? Au moment de la confrontation l’Allemagne rappellera une évidence. Qui était au pouvoir en France et à Bruxelles, en 1990/1992, quand toutes ces décisions favorables à l’Allemagne ont entrainé le déclassement de la France en une décennie ? François Mitterrand à Paris, Jacques Delors à Bruxelles.

Cette observation, qui n’est pas condamnation, répond à la question sur les chances, nulles, de voir l’Allemagne changer. À la France d’en tirer les conclusions. Ce qui ne signifie pas que les enfants spirituels (2) des auteurs des ces erreurs géopolitiques seront incapables de les corriger. Il leur suffira de prendre aux Français ce qu’il faut donner à la France, pour leur éviter de passer ensemble d’un déclassement relatif au déclin, le déclassement absolu. Comme en 1940, après que l’Allemagne, de 1920 à 1940, ait surclassé la France dans leurs puissances militaires respectives. Au point de l’asservir en un mois de conquête éclair. Aujourd’hui, le déclassement économique provoqué par la puissance exportatrice pacifique des Allemands reste relatif. Le déclassé qui n’a pas eu l’envie suffisante de se battre avec les moyens du travail et de l’effort n’est pas le vaincu asservi. Le rétablissement lui reste ouvert( 3).

(1) La campagne électorale de 2012 pas celle de 2017

(2) Les dirigeants du parti vainqueur des élections de 2012

(3) Hélas ! les 5 années écoulées depuis ce propos optimiste ont aggravé la situation

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Dirigeant de compagnie pétrolière, Oskar Slingerland travaille depuis vingt-cinq ans sur des projets couvrant tous les domaines de l’activité (exploration, production, raffinage). Maarten Van Mourik est économiste et analyste, spécialiste du marché pétrolier. Selon Maarten Van Mourik et Oskar Slingerland, spécialistes hollandais des marchés pétroliers, cette logique repose sur un diagnostic erroné : ils démontrent dans ce livre que la crise n’est pas financière mais bel et bien énergétique. Dès 2006, devant de nombreux spécialistes réunis à Paris, ils furent les seuls à anticiper l’envolée du prix du pétrole et à prévoir le choc économique de 2009. Ils pronostiquent désormais, chiffres à l’appui, un prix du baril à un niveau bientôt insoutenable.Une telle contrainte doit pousser à un changement radical de modèle de production. Or, aucune des politiques engagées à ce jour dans le monde occidental et surtout pas en France, ne prend cette direction. Si rien ne change, nos économies se dirigent donc, d’un pas sûr, vers un effondrement majeur. Ils publient en 2014 aux éditions Toucan "La Crise incomprise, quand le diagnostic est faux, les politiques sont néfastes".

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