Le rapport Deloitte sur la digitalisation des PME françaises met en évidence le retard accusé par la France dans ce domaine, face à ses voisines européennes, tous secteurs confondus.
Les PME constituent pourtant un important levier économique national?: la France en compte 3,5 millions selon les statistiques de l’Insee. A l’origine de ce retard?: les TPE/PME françaises tarderaient à prendre en compte le volet digital de leur organisation. Il est temps pour elles de prévoir l’évolution des processus de l’entreprise en amont, afin de détecter leurs besoins et de choisir les bons outils.
Un manque à gagner pour la productivité des entreprises
Le constat est édifiant?: Les TPE/PME françaises sont en retard devant leurs voisines européennes, concernant les réseaux sociaux, le e-commerce et l’usage d’outils digitaux de productivité. Le rapport Deloitte, commandé par Facebook pour évaluer la digitalisation des PME françaises, souligne plusieurs signes de ce décalage. Seules 11% des TPE/PME françaises de moins de 50 collaborateurs sont équipées en outils digitaux de productivité, soit deux fois moins que les PME européennes. Sachant qu’elles constituent 99% des entreprises françaises***, ce retard a de quoi alarmer. Pourtant, selon les études récentes, il s’agit du besoin numéro un des petites et moyennes entreprises. Quand on sait que les outils de CRM (gestion de la relation client) peuvent faire gagner 30% de son temps à une entreprise, on ne peut que s’inquiéter de ce décalage. D’autant que les conséquences ne se répercutent pas uniquement sur l’entreprise. Selon le même rapport, sept consommateurs sur dix affirment acheter des produits ou des services en ligne. Pourtant, seule une PME sur huit a recours aux solutions de vente en ligne, et 90% d’entre elles n’ont pas encore franchi ce pas décisif. Les lacunes des PME françaises dans le digital semblent témoigner d’un fossé entre les usages des consommateurs et l’équipement des entreprises.
Désamorcer les freins au changement
Les entreprises françaises de taille moyenne tardent à se lancer dans la transformation de leur structure. La raison?? Les outils digitaux sont encore perçus comme trop complexes à implémenter et à gérer. Et ce, même si elles comprennent clairement l’intérêt d’adopter des solutions digitales, telles que les outils CRM (gestion de la relation client), pour gagner en productivité?! Les entreprises évoluent en effet dans un contexte où les stratégies de vente doivent être cross-canal. Elles doivent donc considérer l’aspect digital de leur activité, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de créer du lien avec les clients?! Mais elles se retrouvent souvent confrontées à un immense choix d’acteurs qui s’adressent à un besoin spécifique?: rares sont les acteurs qui proposent une solution tout en un.
Trouver la solution idéale peut alors se révéler un véritable chemin de croix. Sans accompagnement, on passe d’un outil qui s’avère mal adapté à un autre jusqu’à développer une certaine méfiance ou à douter de son besoin. Ce qui nous amène au dernier frein, non moins justifié. Parfois insatisfaits de leur choix parmi les petites et moyennes structures de services digitaux, les PME se tournent alors vers les leaders du marché, dont la notoriété atteste de la fiabilité. Il est vrai que les géants du CRM et des solutions SaaS ont déjà fait leurs preuves. Néanmoins, ils sont souvent conçus pour les grands groupes, et proposent des offres relativement complexes et chères. Ainsi, d’un côté, les TPE et PME gagneraient à se tourner vers des sociétés stratégiquement spécialisées dans l’accompagnement digital des entreprises de leur taille et proposant des solutions simples et abordables. Et de l’autre, les entreprises spécialisées dans la transformation digitale profiteraient de mettre l’accompagnement de ces PME au cœur de leur stratégie.
Penser la transformation digitale en amont de l’entreprise
Comment effectuer sa transition digitale sans que cela ne soit un parcours du combattant?? Pour résoudre l’équation, on peut adopter une stratégie analogue au product thinking (ou stratégie construite autour du produit)?mais cette fois autour des outils digitaux de l’entreprise. Il faut alors partir du digital pour construire la stratégie de l’entreprise. Ainsi, en prenant l’environnement digital comme point de départ, on a la possibilité de se poser les bonnes questions en amont?: quels outils correspondront à l’activité de l’entreprise?? Quelles sont les spécificités sectorielles à prendre en compte avant de mettre en place la transformation digitale de l’entreprise?? Quels outils conviennent le mieux à l’organisation interne envisagée, à la culture insufflée au projet,?ou à la future stratégie de vente?? L’entreprise évite ainsi d’avoir à tout restructurer autour du digital après s’être lancée sur le marché et peut gagner en productivité. Certes, l’implémentation d’un logiciel ou d’un service SaaS peut prendre du temps. C’est d’ailleurs un autre frein à l’adoption d’outils digitaux de productivité. Mais ce temps sera rentabilisé plus largement, d’autant que de nouveaux services, plus simples à prendre en main, naissent chaque jour et sont mis à disposition des PME spécifiquement.
Il reste à suggérer un engagement politique en faveur de la transformation digitale des petites et moyennes structures. Cet engagement viendrait apaiser le climat anxiogène qui entoure la problématique autour de la sécurité des données, et accélérerait la transformation digitale au sein des TPE/PME. Il s’avère d’autant plus nécessaire que dans un avenir proche, la productivité des entreprises pourrait bien provenir entièrement de la digitalisation des processus dans les TPE/PME. Ce serait alors une formidable opportunité pour la France, un des fleurons historiques de l’Europe, de rattraper son retard en la matière. Mieux encore?: en accélérant la digitalisation des entreprises, elle pourra renouer avec la croissance tant attendue.