À Paris, Anne Hidalgo vient de faire adopter un budget totalement lunaire, essentiellement consacré à ses marottes bobos. Il continue une politique d’écrasement des classes moyennes et il rappelle que l’apologie du « vivre ensemble » constitue en réalité le faux nez d’une politique où les salariés du secteur privé se paupérisent. La maire continue sa politique de métamorphose démographique destinée à assurer sa réélection.
En huit ans, comme le montre le tableau ci-dessus, le nombre de demandeurs d’emplois de plus de 50 ans a doublé à Paris. Il flirte désormais avec les 60.000 personnes, soit 3% de la population parisienne. Il est vrai que ce doublement est une meilleure performance que la moyenne nationale qui est, sur le même segment de population et la même période, plus proche du triplement que du doublement. Il n’en reste pas moins que, sur la totalité de la population parisienne, on compte plus de 200.000 demandeurs d’emploi en catégorie A, B et C, soit 10% de la population. Pour l’une des régions les plus riches d’Europe, et même du monde, ce chiffre fait tâche.
Paris, villes de fortes disparités
Encore ces chiffres moyens cachent-ils très mal les réalités par arrondissement. Si l’on prend le cas emblématique du 19è arrondissement, qui compte près de 200.000 habitants et qui a abrité tant de terroristes en herbe, c’est un vrai signal d’alarme qu’il faut lancer.
Selon l’INSEE, en 2014, le taux de chômage y dépassait les 16%. Le taux de pauvreté y atteignait près de 25%, une performance égale à celle de Valenciennes à la même date.
On pense souvent Paris comme une entité unique et monolithiquement riche ou gentrifiée. Les Parisiens savent que leur ville est un agrégat de villages parfois très cloisonnés et marqués par de fortes différences. Les quartiers de l’Est parisien ont beau se trouver à une encâblure de métro des Champs-Élysées ou de l’avenue Montaigne, ils vivent de vraies détresses sociales, d’autant plus rudes qu’elles sont tenues secrètes.
La précarisation grandissante des classes moyennes
Dans cet univers beaucoup moins rose que les cartes postales ne le laissent croire, les classes moyennes vivent des situations de forte précarisation, alimentée par la politique municipale. La multiplication des obstacles concrets posés par Anne Hidalgo à l’implantation des entreprises dans le centre ville, la fermeture de nombreuses voies de circulation, obligent les Parisiens à travailler de plus en plus loin de chez eux.
Au fur et à mesure que les sièges sociaux s’installent en banlieue, c’est le temps de transport qui augmente et la qualité de vie qui se dégrade. Officiellement, Anne Hidalgo lutte contre le CO2. Dans la pratique, elle oblige à partir de plus en plus loin pour travailler.
Pour la seule période allant de 2000 à 2016, le temps moyen quotidien de transport d’un francilien a augmenté de 10%. On aimerait disposer des chiffres pour les Parisiens intra muros. En attendant, on voit bien que la politique de la maire s’adresse prioritairement aux fonctionnaires qui constituent la base de son électorat (et dont on est sûr que les ministères employeurs ne partiront pas en banlieue), et ne s’émeut pas de voir partir les cadres du secteur privé en banlieue.
Il faut dire que ceux-là votent moins pour elle.
Les mutations démographiques organisées par Anne Hidalgo
Alors que, l’an dernier, le Conseil d’Analyse Économique produisait une note alarmiste sur le déclin des sièges sociaux à Paris depuis l’arrivée des socialistes à la mairie, Anne Hidalgo continue à asséner des contre-vérités sur le sujet. Ses écrans de fumée servent largement à dissimuler une politique de modification radicale de la population parisienne.
Ainsi, le budget 2018 de la ville de Paris se targue de consacrer plus de 400 millions d'euros à une politique en faveur du logement essentiellement fondée sur l’encouragement au logement social. Dans le même temps, la Ville ne créera même pas 100 lits nouveaux en établissements pour personnes âgées dépendantes.
On voit bien l’orientation qui est prise ici: attirer des populations déshéritées, et faire partir autant qu’on peut les populations qui disposent d’un patrimoine.
Bien plus que l’expansion constante de la dette parisienne, c’est ce point démographique qu’il faut pointer. Face à la victoire de Macron et à l’érosion de sa base électorale, Anne Hidalgo accélère autant que faire se peut la transformation sociale de Paris, en privilégiant l’installation de populations nouvelles dépendantes de la solidarité municipale, et en incitant les classes moyennes à fuir loin de Paris.
Le faux nez de l’écologie
Parallèlement, Anne Hidalgo annonce plus de 400 millions d'euros de crédits pour le plan climat et 550 millions d'euros pour le plan propreté. Là encore, les grands affichages cachent une misère bien plus cruelle.
On n’épiloguera pas ici sur la suffocation qui s’est emparée des quartiers riverains de la Seine où s’est reporté le trafic des voies sur berges désormais fermées à la circulation. Il est vrai que les habitants les plus incommodés ne sont pas des électeurs fervents de la maire.
On rappellera juste l’immense retard de Paris en matière de traitement des déchets, déjà épinglé par la Chambre Régionale des Comptes. Il est vrai que ce sujet est moins glamour que la lutte contre le réchauffement climatique. N’empêche, le Paris d’Hidalgo fait moins bien qu’Athènes, ce qui est un signe funeste sur la sincérité d’Anne Hidalgo en matière d’écologie.
Et que trouve-t-on dans le plan propreté adopté en 2017?
«Un bac sera ajouté dans les immeubles des deux arrondissements, explique Mao Péninou. Tous les déchets de cuisine, y compris les cartons à pizza pourront y être déposés». La couleur du nouveau bac est encore en discussion. Après les 2e et 12e arrondissements, l’expérience devrait être étendue à l’ensemble de la capitale.
On mesure immédiatement le sous-dimensionnement des objectifs écologiques réels de l’équipe municipale à Paris. Paris n’a pas encore bouclé son tri sélectif. Tout un symbole sur le recul qui frappe la capitale sous l’ère Hidalgo.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog