Nanotechnologies : vivra-t-on 150 ans en 2100 ?

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Modifié le 21 juillet 2015 à 16h32

Alors que nous pouvions espérer vivre 25 ans seulement en 1750, l'espérance de vie a plus que triplé en France pour atteindre 85 ans. Serait-il possible d'accroître cette longévité et vivre 150 ou 200 ans? Tel est l'un des défis que tentent de relever les nanotechnologies. Ces techniques permettent de concevoir, atome par atome, des outils miniaturisés totalement invisibles à l'oeil nu dont la précision est de l'ordre du milliardième de mètre. Ces mécanismes, développés à l'échelle mésoscopique, incorporent des engrenages de la taille d'un grain de pollen.

Des scientifiques ont récemment réussi à faire fonctionner des nanomoteurs in vitro qui seront bientôt capables de se déplacer dans le corps humain pour détruire des cellules malades ou pour administrer des molécules telles que l'insuline. Un nano monde qui permettra dans les décennies à venir de personnaliser les traitements en fonction des caractéristiques génétiques et biologiques de chacun par le séquençage ADN.

Le marché mondial des nanotechnologies est en plein essor et concerne des domaines comme l'électronique, les matériaux et la biotechnologie. Estimé à 500 milliards de dollars en 2008, ce marché pourrait doubler en 2015, selon la National Science Foundation. L'augmentation de maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, neurologiques, oncologiques et respiratoires et l'accroissement des dépenses en R&D devraient conduire le marché à croître dans les six prochaines années. Plus particulièrement, le marché mondial de la nanomédecine pourrait atteindre entre 97 et 129 milliards de dollars en 2016 selon une étude du Leem, les entreprises du médicament. Au total, les nanotechnologies pourraient générer plus de 2 millions d'emplois directs dans le monde.

Ces technologies intéressent scientifiques, ingénieurs, industriels mais aussi investisseurs qui se sont déjà passionnés pour des biotechnologies comme Carmat, créateur du premier cœoeur artificiel. Un réel engouement s'est créé autour de ce secteur aujourd'hui très regardé par les gérants mais aussi par les investisseurs particuliers. En effet, l'évolution des nanotechnologies est fulgurante et de nombreuses entreprises développent ces technologies innovantes.

Alors qu'en 1990, il était impossible de séquencer et d'analyser la totalité du génome humain d'approximativement 3,2 milliards de paires de nucléotides, les scientifiques sont désormais capables de le décortiquer. Les plans de notre organisme en main, ils peuvent identifier une altération quelconque qui a entrainé l'apparition d'une maladie ou d'une déficience comme le cancer. L'entreprise Affymetrix (AFFX) a développé une technologie, nommée Affymetrix GeneChip, permettant d'analyser des informations génétiques complexes. Début juin, la société a annoncé le lancement d'un nouveau logiciel d'analyse génétique spécialisé dans la recherche sur le cancer. Au premier trimestre 2014, Affymetrix a fait état d'un chiffre d'affaires de 82.9 millions de dollars contre 77.9 millions de dollars au premier trimestre 2013. Le cours de l'action Affymetrix évoluait au-dessus des 9 dollars et suivait une tendance haussière suite à la publication de ses résultats.

D'autres entreprises travaillent sur la longévité comme la société française Nanobiotix (NANO). Pionnière dans le domaine de la nanomédecine, elle développe une approche thérapeutique pour le traitement local du cancer nommée NanoXray. Le produit phare de la société NBTX R3 consiste à injecter des nanoparticules au coeœur de la tumeur. Ces particules décuplent l'action des rayons X sur les cellules cancéreuses et délivrent la dose de radiation suffisante en limitant celle reçue par les tissus sains. Cette technique pourrait permettre d'augmenter le taux de survie des malades atteint du cancer du foie, du colon ou de la prostate.

Entré en bourse en octobre 2012, Nanobiotix est cotée sur Euronext et a rejoint récemment l'indice CAC PME. L'action, éligible au SRD, vaut actuellement près de 18 euros. En mai 2014, Nanobiotix a publié ses résultats du premier trimestre 2014 faisant état d'un chiffre d'affaires en légère baisse à 45 343 euros contre 46 481 euros au premier trimestre 2013. Toutefois, l'action a fait un bon de 50,1% en mai dernier suite à l'annonce de résultats positifs de sa première étude clinique sur ses nanoparticules. L'innocuité de son produit NBTX R3 a pu être démontrée et la société prévoit une première autorisation d'ici 2016. En février dernier, l'action avait connu une envolée historique de 80% suite à l'annonce d'une possible commercialisation de ce traitement anti-cancer en 2016. L'année 2014 sera décisive pour l'entreprise en termes de développement opérationnel et clinique. Selon l'entreprise, les trois produits de NanoXray pourraient concerner un million de patients ce qui représente un marché estimé à près de 5 milliards d'euros à l'horizon 2031.

De son côté, la société de biotechnologie Adocia (ADOC) a innové en utilisant des nanoparticules donc la surface est recouverte d'acide hyaluronique. Ce matériau est naturellement produit par le corps humain et permet d'améliorer l'efficacité des agents anticancéreux au sein de la tumeur. Les résultats précliniques ont montré une réelle efficacité dans le traitement des tumeurs dites solides. L'entreprise a récemment acquis une licence sur cette nanotechnologie nommée Driveln. L'objectif d'Adocia est de développer un premier produit pour le traitement du cancer de l'ovaire et de lancer la première étude clinique fin 2014. L'action Adocia, proche des 17 euros, a récemment connu une hausse de cours suite à l'annonce des résultats précliniques positifs pour une insuline à action ultra rapide.

Le groupe pharmaceutique suisse Novartis a développé un médicament pour les patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Ils ont utilisé pour ce faire des nanocapsules appelées liposomes capables de transporter le médicament, c'est le premier traitement qui empêche la perte de l'acuité visuelle liée à l'âge. L'action Novartis (NOV) évolue actuellement à ses plus hauts historiques autour de 80.90. L'entreprise a fait état d'un chiffre d'affaires en hausse de 1% à 14 milliards de dollars et d'une croissance du bénéfice au premier trimestre 2014. Selon le groupe, l'innovation renforce les perspectives de croissance de Novartis.

En plus de réparer les organes et les cellules malades, les nanotechnologies vont également permettre de ralentir le vieillissement. Le scientifique russe Vladimir Skoulatchev travaille sur une véritable fontaine de jouvence. Il met au point une molécule qui neutralise le vieillissement des tissus responsables des nombreux changements dus à l'âge. L'académicien a déjà créé avec ses collègues la société Mitotech, qui s'occupe d'élaborer le médicament sur la base de l'antioxydant mitochondrial SkQ1, qu'il a découvert. Ce médicament pourrait réduire l'oxydation mitochondriale responsables du vieillissement. Les Ions de Skoulatchev ont également prouvé leur efficacité sur certaines pathologies.

Des couches-culottes absorbantes et biodégradables en chair de méduse, du pain dont les saveurs seraient encapsulées jusqu'à la cuisson, un maillot de bain totalement imperméable ou une carrosserie qui ne se salit jamais, les nanosciences nous ouvrent au champ des possibles. Les nanotechnologies seront bientôt partout avec plus d'un millier de produits déjà commercialisés. Une révolution technologique qui va radicalement changer le monde dans lequel nous vivons et nous permettre d'innover dans de nombreux secteurs. Inextricablement liés, la technologie et la médecine donnent l'espoir de vaincre des maladies comme le cancer alors que plus de 15 millions de nouveaux cas sont anticipés pour 2020. Clé de voûte de la médecine de demain, la nanomédecine fait partie, avec la génétique, des technologies qui vont nous permettre d'augmenter notre espérance de vie. Un nouveau paradigme dont les dernières générations bénéficieront pour vivre peut-être 120 voire 130 ans. Le chirurgien et urologue Laurent Alexandre, également président de DNAVision, a annoncé lors de la conférence américaine TED (Technology, Entertainment and Design): « Ma conviction est que certains d'entre vous vont vivre mille ans ».

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Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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