Les traîtres de la guerre commerciale

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Par Simone Wapler Modifié le 17 juin 2018 à 12h20
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@shutter - © Economie Matin
2 %En France, la moyenne des taxes à l'importation se situe à 2 %.

La « guerre commerciale » se fait au détriment de chacun de nous. Si Trump est plutôt un déserteur, les traîtres se recrutent au sein du G7.

Trump a finalement refusé de signer l’accord final du G7, accusant le Canadien Trudeau de fausses déclarations sur les taxes douanières que son pays appliquait à l’égard des produits américains.

« Désolé, nous ne pouvons plus laisser nos amis, ou ennemis, prendre l’avantage sur nous dans le commerce. Nous devons nous occuper d’abord des travailleurs américains ! »

Les médias français relayent moins qu’officiellement, Trump est pour le libre-échange. Voici aussi ce que rapporte le Financial Times sur ce sujet : « Trump, qui s’était rangé contre la mondialisation durant sa campagne électorale, a dit qu’il voulait que l’ensemble des nations du G7 suppriment toutes taxes à l’importation, subventions et autres barrières commerciales. ‘Pas de taxes, pas de barrières, pas de subventions’, a indiqué Trump, appelant cette politique ‘la chose ultime’. Il a indiqué que les autres leaders mondiaux avaient réagi positivement à cette idée. Son conseiller économique Larry Kudlow a appuyé, disant ‘nous allons nettoyer le système commercial international’. Mais cette déclaration en faveur du libre-échange mondial est contradictoire avec les récentes taxes à l’importation appliquées à ses alliés, qui les ont mécontentés. »

Selon DW, Donald Trump voulait en réalité imposer au G7 une zone de libre-échange. Face à une levée de boucliers, il aurait préféré déserter.

Le libre-échange est la seule politique loyale

Le libre-échange est la seule politique loyale d’un gouvernement vis à vis de ses ressortissants. Il permet à chacun de se procurer au meilleur prix ce qu’il veut. Si quelqu’un d’autre que vous fait à l’étranger quelque chose de mieux que vous, au nom de quoi une autorité supérieure voudrait-elle vous en priver ? La réponse classique à cette question est en général « les travailleurs » ; c’est d’ailleurs la justification donnée par Trump.

Mais pourquoi serait-il judicieux de favoriser la minorité des travailleurs oeuvrant sur la valeur ajoutée d’un produit donné… aux dépens de la majorité des clients du produit en question ? Ces clients sont eux-mêmes des « travailleurs » dans un autre domaine.

Il n’y a en réalité aucune réponse honnête à cette question. Il s’agit simplement de clientélisme. Une fois que la brèche est ouverte, le jeu classique de la Parasitocratie peut commencer : taxations, subventions, distributions de faveurs et privilèges en direction de tel ou tel lobby…

Le libre-échange unilatéral source de prospérité

Si vous regardez le classement des pays en fonction de la hauteur de leurs barrières douanières, vous constatez aisément une corrélation inverse : ceux qui taxent le plus sont les plus pauvres et ceux qui taxent le moins, les plus riches. En Europe, la Suisse pratique le libre-échange unilatéral. En Asie, c’est Singapour et Hong Kong. Ces pays font partie des plus riches de leur zone géographique et de la planète.

L’explication est économiquement simple. Si vous laissez tranquillement les gens s’approvisionner au meilleur rapport qualité prix, ils vont pouvoir consacrer leur temps et leur énergie à apporter de la valeur ajoutée et se consacrer à ce qu’ils font de mieux par ailleurs. Les ressources sont ainsi utilisées de façons optimales, vous dirait un économiste honnête.

Dans vos investissements aussi, privilégiez les entreprises qui opèrent sur des marchés sans barrière douanière et gagnent ainsi un avantage compétitif.

Le libre-échange ne creuse pas de déficit commercial

Il n’y a aucun lien entre déficit commercial et barrières douanières, contrairement à ce que semble penser Trump si l’on se fie à d’autres déclarations. En Europe, la France et l’Allemagne ont les mêmes barrières et seule la France est déficitaire. La Suisse, qui pratique le libre-échange unilatéral, a une balance commerciale plutôt excédentaire.

Source : IndexMundi, Banque Mondiale

En France, nous payons plus cher nos produits importés que les Suisses et cela ne nous empêche pas d’avoir une balance commerciale déficitaire.

Les « guerres commerciales » ne sont que des simagrées politiques qu’utilise la Parasitocratie afin de favoriser tel ou tel lobby. Elles desservent l’ensemble des citoyens en les contraignant à acheter plus cher ce qui est dans le collimateur du moment. Nous sommes typiquement dans les accords gagnant (pour un petit nombre) – perdant (pour le plus grand nombre) que nous dénonçons au fil de ces chroniques.

Pour plus d’informations, c’est ici et c’est gratuit

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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