Les fonctionnaires ne peuvent garder leurs privilèges, les caisses de l’Etat sont vides

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Par Charles Sannat Modifié le 14 juin 2013 à 14h28

Je rejette résolument l'ostracisme économique et de bon ton dans certains cercles à l'égard de nos concitoyens fonctionnaires. D'ailleurs, comme je vais vous parler de la grève à la SNCF, précisons quand même que les cheminots ne sont pas des fonctionnaires à proprement parler.

Oui, les fonctionnaires sont indispensables et nous en avons besoin. Oui, les fonctionnaires font bien leur travail et souvent dans des conditions assez indignes d'un pays comme la France. Non, je ne dis pas cela pour être politiquement correct mais parce que je le pense sincèrement. Oui, nous avons une fonction publique au sens large de qualité et elle tient grâce aux femmes et aux hommes qui font tourner « la boutique ». Mais les fonctionnaires et assimilés ne sont pas au-dessus des autres citoyens.

Les fonctionnaires ont gardé des privilèges que les salaires du privé ne peuvent financer

La grève d'aujourd'hui à la SNCF ne peut que provoquer un rejet extrêmement fort et une radicalisation du reste de la population française qui commence à subir les effets de la récession de plein fouet. Les fonctionnaires doivent comprendre qu'à défaut d'être des privilégiés, ils ont la chance de compter parmi la « zaisés » ! Une histoire qui devient un mensonge auquel ils croient vraiment !

Il y a fort longtemps, on gagnait de l'argent dans le privé. En travaillant dans le public, les gens bénéficiaient certes d'une garantie de l'emploi, mais finalement celle-ci n'était qu'une maigre compensation alors que le plein-emploi était présent lors des Trente Glorieuses. Les salaires de la fonction publique ont donc été en retrait jusqu'aux années 80. Puis de revalorisations en augmentations annuelles générales, alors que les salaires du privé stagnaient en raison du progrès technique dans un premier temps puis des délocalisations dans un second temps, la fonction publique et assimilée a fini par rattraper tout ce petit monde .

Non seulement les fonctionnaires et assimilés gagnent parfaitement bien leur vie mais ils ont conservé des régimes spéciaux que la « richesse » des gens du privé ne peut plus financer. Mais, et c'est là le problème, les fonctionnaires et assimilés pensent vraiment encore être des pauvres. Pauvres qu'ils ne sont plus depuis bien longtemps. J'adore les discours de nos jeunes profs. « Vous vous rendez compte, je suis en début de carrière et je ne gagne que 1 800 euros net ! » Mais c'est énorme jeune prof ! Que croyez-vous ? En réalité, depuis 12 ans, les salaires français du privé tendent tous vers le SMIC. Un salaire de 2 500 euros est devenu très rare (je parle en masse pas en exception). Or un prof de 35/40 ans gagne 2 500 euros net par mois. Les profs ont désormais des salaires de cadre supérieur dans le privé. Il n'en n'ont pas conscience, bercés d'illusions et coupés des réalités d'un monde économique qu'ils rejettent et qui ne les intéressent pas.

La France vote des lois mais ne les supprime jamais

Par extension, nos fonctionnaires qui, en majorité, rentrent jeunes dans la fonction publique et assimilée évoluent dans leur petit monde loin des affres de « l'horreur économique quotidienne » et ont une méconnaissance du reste du monde très surprenante que personne ne souhaite leur expliquer. Pourtant nos amis fonctionnaires vont devoir rabaisser leurs prétentions et souffrir avec tout le monde Ils seront obligés d'en rabattre sur leur prétention. Oui, les retraites des fonctionnaires finiront par être revues pour le mode de calcul. Oui, ils vont perdre des avantages. Oui, il y aura moins d'augmentations de salaire... et c'est normal, et c'est tant mieux, et c'est inéluctable.

Le problème n'est pas de savoir si leur travail est bon ou pas (en général il l'est, mais on devrait se poser la question de la pertinence du travail qu'on leur demande car souvent leurs tâches sont absurdes). Le problème n'est pas de savoir si un prof mérite ou pas d'être mieux payé (bien sûr qu'il le mérite, et au passage il pourrait aussi travailler un peu plus pour avoir un meilleur salaire et un peu plus d'heures). Le problème n'est pas de savoir si la prime de charbon des agents de la SNCF est encore méritée ! Bien sûr qu'elle n'est plus méritée puisque cela fait belle lurette que l'on a retiré la soute à charbon dans les TGV que l'on a équipés de moteurs électriques.On se fiche de la prime de charbon. Elle fait juste partie d'un salaire qui doit être apprécié dans sa globalité et pas par le petit bout de la lorgnette d'héritages sémantiques historiques.

Dans le même ordre d'idées, cette loi n'ayant pas été abolie, vous êtes en droit de demander dans n'importe quelle station-service du foin pour faire le plein de la panse de votre cheval (si, si !). Dans notre pays, on cumule les lois, on en crée tous les jours mais on ne les supprime JAMAIS (pour plus d'information contacter François Hollande. Pour avoir directement le Président en ligne, donnez à l'hôtesse d'accueil téléphonique du Palais le mot de passe suivant : choc de simplification). Ce n'est même pas une question de juuuuuuustice de gôche ou encore d'équité, nous n'en sommes même plus à ce niveau.

Il n'a plus d'argent dans les caisses de l'Etat

Le problème dont tous nos concitoyens fonctionnaires doivent devenir véritablement conscients et vite, c'est que la France... c'est comme la Grèce. En Grèce, au bout de cinq ans d'austérité (pour mémoire nous, en France, nous ne faisons qu'un vague stage depuis 6 mois de « faustérité » et ça fait déjà tout drôle à beaucoup), ils en sont réduits à fermer la télé. Point barre écran noir, tout le monde viré. Il y a deux ans (je dis cela pour nos amis cheminots), ils avaient dégraissé de façon assez radicale et efficace la SNCF grecque.

Quand il n'y a plus d'argent... il n'y a plus d'argent. C'est un concept encore difficile à comprendre par nos fonctionnaires et assimilés pour qui c'est « l'État qui paie »... mais l'État n'imprime pas les billets la nuit. (Enfin sauf aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Japon, en Chine, en Suisse, mais pas chez nous. En Europe, on est des gens « sérieux ».) L'État prélève des « zimpots » pour redistribuer en partie sous forme de salaires à ses fonctionnaires et assimilés.
Sans argent qui rentre, adieu veaux, vaches et « cochons de fonctionnaires » ! Adieu retraite dorée avec 80 % des 6 derniers mois de salaires, adieu salaires (demandez aux fonctionnaires grecs), adieu jours de carence et tout le tintouin des petits avantages acquis ! Quand les caisses sont vides, les caisses sont vides. Le gouverne-ment doit dire la vérité

30 milliards de dettes pour RFF, le réseau de rails séparé de la SNCF il y a quelques années, ce qui avait donné lieu à plein de grèves. Comme cela ne marche pas du tout (la séparation d'une même entreprise en deux sociétés différentes), l'État, qui parfois peut avoir quelques éclairs de lucidité liés surtout en l'occurrence à l'excellent travail d'un homme (Guillaume Pépy, un véritable cheminot dans l'âme), a décidé de regrouper à nouveau les deux entités... Évidemment, cela provoque de nouvelles grèves.

Ces grèves, purement corporatistes, sont et seront insupportables à la population française. Pour les éviter, le gouverne-ment, plutôt que de tenir des propos lénifiants à longueur de journée sur la thématique « la crise est finie tout va bien », serait inspiré de dire la vérité. La vérité ? Fillon Premier ministre l'avait dite ! « Je suis à la tête d'un pays en faillite. » Bon sang ce n'est quand même pas difficile à comprendre. Y A PLUS DE POGNON !

Alors tout le monde va devoir se serrer la ceinture. Les vieux, les jeunes, les cons, les intelligents, les cheminots, les fonctionnaires, le public et le privé. Tout le monde devra faire des efforts. Mais avant de demander des efforts, encore faudrait-il mobiliser les énergies de concitoyens sur un projet. Quelle France pour demain ? Comment y arriver ? Comment répartir l'effort ?

Les fonctionnaires et assimilés font l'autruche. Le problème de ceux qui font l'autruche c'est qu'une fois la tête dans le sable, on ne voit pas arriver le coup de pied au cul... et croyez-moi, celui qu'ils vont recevoir va leur faire très mal et ils s'en souviendront longtemps.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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