Cet article initialement publié le 21 mai 2019 vous est proposé en « Best-of » pendant l’été 2019. Lors de sa première publication il a été consulté par 6033 lecteurs.
Dans un monde en plein bouleversement, la construction d’une nouvelle économie bénéficiant à tous est une priorité. La colère exprimée en France rappelle l’exigence de ce chantier, le seul capable de faire réellement la différence dans la vie des citoyens. Mais pour cela, il nous faut oser l’Europe du travail, la mobilité, les nouveaux modèles.
Aujourd’hui, plus de 17 millions d'Européens travaillent dans un autre État membre que leur pays d’origine. C’est deux fois plus qu’il y a dix ans. Passé par la problématique du travail détaché et le renforcement de la lutte des 27 contre le « dumping social », ce chiffre traduit avant tout une tendance de fond. La mobilité internationale à l’intérieur de l’UE se renforce, et pourrait même devenir la norme. Des programmes d’échanges universitaires aux stages et volontariats à l’étranger, la mobilité internationale est désormais un enjeu crucial pour tous, à commencer par les entreprises, les travailleurs salariés et indépendants. Levier économique, accélérateur de carrière, la mobilité au sein des 27 est aujourd’hui plébiscitée par 66 % des cadres interrogés en Europe selon une récente étude réalisée par le cabinet Boyden et l’IFOP.
Une autre image du travail
Parallèlement, le travail indépendant évolue fortement en Europe. Il se diversifie, touche de plus en plus de secteurs d’activités. Les réalités liées à l’image de ce statut se renouvellent et la figure du freelance séduit de plus en plus. Des métiers de l’informatique et du conseil, le modèle gagne désormais le BTP, la culture et le social. Entreprises et travailleurs se rencontrent sous d’autres modalités : micro-entrepreneuriat et portage salarial connaissent en effet un essor certain. Autrefois associé à une précarité subie, le statut de freelance est choisi avec satisfaction par 90% des travailleurs indépendants d’après une récente étude menée par Hopwork et Ouishare. L’entrepreneuriat a donc le vent en poupe, car pour une immense majorité d’Européens, il s’agit avant tout d’un bon moyen pour se créer son emploi et bénéficier d’un complément de revenu.
La preuve par l’exemple
Si cette appétence pour les nouvelles formes de travail va de pair avec la révolution numérique, elle est aussi consécutive d’une volonté de vivre mieux, différemment. C’est aussi pour cette raison que les Européens sont de plus en plus mobiles. Lisbonne, Berlin ou encore Riga accueillent désormais de nombreux travailleurs venus d’autres pays européens. Je suis de ceux-là. Moi qui paie mes impôts en France et vis dans la jeune et moderne capitale lettonne, je le constate au quotidien. L’Europe inspire, permet à ces citoyens de vivre le changement, d’entreprendre, d’aller à la rencontre d’autres opportunités. C’est une chance à saisir pour exporter notre expertise, faire connaître le « Made in France » dans un espace économique de 500 millions de personnes face à une mondialisation qui menace et précarise.
L’Europe est une chance, profitons-en !
Mais « l’Europe n’est pas qu’un marché, elle est un projet » comme l’écrivait le Président de la République dans une tribune publiée, le 5 mars, dans les 28 États membres de l’Union.
En ce sens, les élections qui approchent sont capitales pour notre avenir. Certes, il y a des dangers : montée du populisme, repli identitaire, tentation du chacun pour soi, Brexit. Mais arrêtons de regarder vers le passé ! Ces « passions tristes » ne sont en rien la solution face aux immenses défis qui nous attendent. L’union fait la force, c’est une évidence. Mais cette union, largement inachevée, nous devons la consolider, la façonner dans le sens de nos valeurs, de nos intérêts communs. Harmonisons nos politiques sociales, fiscales, environnementales. Inspirons-nous les uns des autres. Un des pères fondateurs de l’Europe, l’Italien Alcide de Gasperi, aimait à rappeler que « les hommes politiques pensent à la prochaine élection quand les hommes d’État pensent à la prochaine génération ». Au travail ! Notre futur c’est maintenant.