En février 2016, Ségolène Royal, Ministre de l’Environnement, affirmait que la méthanisation était l’une des solutions les plus efficaces de la transition énergétique. Cependant, la France accuse un réel retard dans ce domaine par rapport à ses voisins européens. Fin 2013, la France produisait 465 ktep de biogaz contre 6717 en Allemagne, 1824 au Royaume-Uni et 1815 en Italie.
Néanmoins, le rattrapage français est aujourd’hui en marche : le nombre de centrales biogaz en France a été multiplié par 7 en 5 ans pour atteindre 498 installations en 2015* . Le chiffre d’affaires de la filière biogaz représenterait 465 millions d’euros en 2014** . Des chiffres prometteurs, pour un marché en pleine croissance. Comment expliquer cet essor sans précédent du marché du biogaz en France ?
Pourquoi va-t- il s’accélérer dans les années à venir ?
La méthanisation désigne un processus naturel permettant de traiter et de valoriser les déchets organiques (déchets verts, biodéchets issus des collectivités ou des industriels, lisiers ou fumiers pour les agriculteurs…). Elle offre non seulement une solution de valorisation de déchets mais aussi une source d’énergie verte grâce au biogaz produit. Ce biogaz peut être valorisé de trois manières : en chaleur et en électricité, en biométhane injecté dans le réseau de transport ou de distribution de gaz naturel, ou en biocarburant permettant d’alimenter les véhicules roulant au gaz. En parallèle, le processus de méthanisation produit un résidu appelé digestat, utilisé comme fertilisant naturel sur les terrains agricoles.
Les bénéfices de la méthanisation sont donc multiples. Elle constitue un complément de revenus pour les agriculteurs via la diversification de leur activité grâce à la vente de l’énergie produite. En plus de produire une énergie propre et verte, elle représente un débouché pour le traitement des lisiers et des fumiers, notamment pour les territoires en excédent d’azote tels que la Bretagne. L’accès à un fertilisant naturel, le digestat, permet aux agriculteurs de faire des économies sur leur budget engrais, pouvant aller jusqu’à 30% en un an.
Si la méthanisation bénéficie aux agriculteurs, elle fédère aussi les intérêts divers des acteurs du territoire. Les collectivités et les industriels voient souvent dans les projets biogaz un débouché pour leurs déchets organiques, une source de chaleur verte et un levier de développement économique local et d’attractivité pour les territoires. Le retard de la France en matière de production de biogaz est « historique » et s’explique principalement par un volontarisme politique tardif en faveur de cette énergie issue de la biomasse. La loi fixant les tarifs d’électricité produite par méthanisation ne date que de 2006, et celle pour l’injection du biométhane dans le réseau de gaz de 2011.
Le marché du biogaz croît chaque année
Il faut cependant noter que depuis lors, l’engagement politique en faveur du biogaz a été constant et que le gouvernement affiche aujourd’hui des objectifs ambitieux : le taux de croissance du marché de la valorisation biogaz est estimé à 15 % par an pour tenir les objectifs du Grenelle et de l’ADEME 2020 et 2030. Ainsi, la croissance du marché du biogaz en France est désormais bel et bien engagée, et va s’amplifier dans les années à venir, notamment du fait des usages du biogaz. Tout comme les énergies renouvelables « classiques » - éolien, solaire…etc. -, la valorisation biogaz produit une électricité verte. C’est cependant la seule source possible de production de gaz vert.
Une fois épuré et traité, le biométhane peut être injecté dans les réseaux de transport et de distribution de gaz et se substituer au gaz naturel fossile. A l’heure où le gaz naturel prend une place grandissante dans le mix énergétique mondial, ses usages se développent : chauffage, production d’électricité ou carburant GNV qui produit 25% de CO 2 en moins qu’un véhicule équivalent fonctionnant à l’essence, et 10 % de moins qu’un véhicule équivalent fonctionnant au gazole. Si la demande en gaz augmente mais que les ressources sont limitées, le développement du gaz vert est bien indispensable pour assurer la pérennité de notre modèle énergétique.
Alors que les enjeux environnementaux de notre siècle sont aujourd’hui une priorité, la France rattrape son retard avec brio. Sa participation active à la dernière COP21 a révélé son engagement moteur dans la transition énergétique globale. Ces nombreux bénéfices ne sont plus à prouver mais bien à démultiplier. Le biogaz est l’énergie du 21 ème siècle !
*Rapport de l’Ademe de 2015
**Eurobserver 2014