Instaurer un Smic jeunes, c’est miser sur l’avenir

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Par Guillaume Cairou Publié le 9 octobre 2014 à 3h16

Le courage de la vérité permettra de casser le cercle vicieux du chômage des jeunes.

Les comparaisons internationales sont nettes : notre smic est l'un des plus élevés du monde développé.

Pourtant, dès 1986, est apparu en France un consensus sur l'impossibilité de faire passer une réforme concernant la jeunesse. Comment est-ce possible ? Les choses sont en fait assez simples. Depuis cette date, nos acteurs politiques sont restés tétanisés par la peur de cette jeunesse capable de se mobiliser en masse dans nos rues. Mais à dire vrai, cela n'est que mépris et sous-estimation de l'intelligence de la jeunesse.

Chacun préféra pourtant désormais l'immobilisme à l'action susceptible de froisser ces jeunes. Chacun porte donc, à mes yeux, une responsabilité non-équivoque dans la dégradation de la situation de l'emploi chez nos jeunes.

L'emploi des jeunes a connu toutes les réformettes sans que personne n'ait le courage de proposer les réformes structurelles qui s'imposent, à l'image du SMIC Jeunes. Un va-et-vient incohérent ne cessera d'ailleurs d'illustrer, depuis lors, le manque de courage en la matière.

Est-il ainsi normal qu'en 1988 soit supprimé le SIVP (stage d'insertion à la vie professionnelle) arrivé en 1983 ?

Est-il ainsi normal qu'en 1989 soit supprimés les TUC (travaux d'utilité collective) arrivés en 1984?

Est-il ainsi normal qu'en 1994 soit supprimé le CIP arrivé seulement quelques semaines plus tôt ?

Est-il ainsi normal qu'en 2002 soit supprimés les emplois-jeunes arrivés en 1997 ?

Les contrats jeunes en entreprise (CJE) et contrats d'insertion dans la vie sociale (CIVIS) ainsi que le contrat première embauche (CPE) seront eux aussi supprimés.

Qu'y a t il de choquant à payer les jeunes temporairement moins que le salaire minimum pour faciliter leur insertion dans le monde du travail qui a subi 20 années d'errement faute de choix courageux. Ne vaut-il pas mieux un petit boulot passager que pas de boulot du tout ? Ne vaut-il pas mieux vaut un jeune moins bien payé un laps de temps qu'un jeune durablement à la charge de Pôle Emploi ?

Sans provocation et sans esprit polémique, je soutiens l'instauration d'un SMIC temporaire adapté pour les jeunes qui souffrent de ne pas trouver du travail. Ne caricaturons pas ma pensée. Je suis clairement favorable au salaire minimum, mais je m'inquiète des effets pervers de son niveau sur l'emploi à long terme. Un smic temporairement plus bas doperait la compétitivité et l'emploi, tout en dégageant des moyens pour augmenter le RSA et mieux lutter contre la pauvreté globale dans notre pays.

Chacun doit comprendre qu'il y a de véritables avantages à diminuer, ne serait ce que temporairement, le coût du travail des jeunes. Je suis favorable à la création d'un smic jeunes, en dessous du niveau du smic actuel, afin que les jeunes puissent entrer sur le marché du travail plus facilement. Le niveau élevé du smic pose des problèmes importants. Il constitue une barrière à l'emploi de nos jeunes.

Va t on longtemps continuer à se cacher derrière des œillères ? Il faut dire que le niveau du smic (1445 euros par mois brut) est un obstacle pour les jeunes, qu'ils soient diplômés ou peu qualifiés. Résultat de cette réalité ? Ils sont tous de plus en plus éloignés du marché du travail. Cela doit nous alerter. Pourquoi ? Parce qu'ils sont notre potentiel de croissance de demain. Nous ne pouvons pas nous priver de ces sources de dynamisme économique. Les génies de l'entrepreneuriat de demain sont nécessairement parmi eux ! A les asphyxier, nous les empêchons de se réaliser et nous nous privons de potentielles entreprises de croissance. Nous marchons sur nos pépites au lieu de les accompagner.

Sur le plan économique, il s'agit d'accélérer l'entrée sur le marché du travail des jeunes. N'est-ce pas ce que nous voulons tous ? Comment ne pas trouver là la motivation et le courage pour agir ? Pour convaincre les plus réticents, il suffit de relire les conclusions du rapport de Jean Mattéoli. Il démontre très clairement que le montant du salaire mininum constitue « une barrière à l'emploi des travailleurs peu qualifiés ».

Pourquoi cette mesure efficace pour l'emploi des jeunes qui a pu être votée fin 1990 en Grande-Bretagne ne pourrait-elle pas l'être chez nous ? Les jeunes britanniques sont-ils aujourd'hui plus malheureux que les jeunes français ? Non ... et d'ailleurs les jeunes français n'ont malheureusement jamais été aussi nombreux à s'installer à Londres !

Pourquoi ne dit-on pas aussi qu'un SMIC aussi élevé, incite de nombreux jeunes à ne pas continuer leur formation initiale ? La véritable précarisation de la jeunesse, c'est de ne pas leur permettre d'entrer sur le marché du travail !

Pourquoi n'est-il choquant qu'en France de dire qu'un SMIC Jeunes permet de prendre en compte la faible productivité des jeunes primo-demandeurs d'emploi peu qualifiés ? Tous les Etats européens l'ont fait, sont-ils des sauvages peu soucieux de leur jeunesse ? Je ne le crois pas ! L'objectif n'est évidemment pas de sous-payer les jeunes sans diplôme, mais de les rémunérer en brut à leur juste valeur, le temps qu'ils montent en compétence.

Le problème du chômage des jeunes est le cancer de notre économie.
Comment se résigner à accepter que tant de nos jeunes talents n'arrivent pas à s'insérer sur le marché du travail ?

Il faut arrêter de dilapider des milliards d'euros de subventions en vain dans des dispositifs qui s'assimilent souvent à de véritables usines à gaz inefficaces. Il convient en plus de l'instauration d'un SMIC Jeunes, faire un effort important pour développer l'apprentissage et créer un service public de l'insertion dans l'emploi pour les jeunes diplômés.

Comment accepter la multiplication des contrats aidés et des primes pour contourner le smic ? Comment accepter la multiplication des exonérations et des allègements pour tenter de surmonter les effets négatifs de l'absence de baisse du SMIC ?

Chacun sait qu'une hausse de 1 % du smic au-dessus de l'inflation détruit entre 15 000 et 25 000 emplois. A partir de là, comment accepter que ce pays continue de multiplier les hausses du SMIC ?

Comment accepter, comme pour acheter la paix sociale dans ce pays, la droite républicaine comme la gauche, ne résistent pas à l'augmentation du SMIC ? Comment expliquer qu'ils augmentent ainsi inexorablement le coût du travail alors que nous en souffrons déjà considérablement. Ne comprennent-ils pas que nos entreprises n'ont jamais eu de marges aussi faibles ? Comment l'accepter sans tenter d'éclairer sereinement les enjeux de cette question ?

Que l'on se comprenne bien. Il ne s'agit pas de vouloir moins payer durablement les jeunes et de les exploiter. C'est tout le contraire.
Il s'agit de proposer un pari gagnant-gagnant aux jeunes de notre pays en leur garantissant une insertion rapide sur le marché du travail.

J'ai confiance en l'intelligence collective, notre pays a tous les atouts pour réussir mais je suis convaincu que la crise va perdurer si nous n'envisageons pas un profond changement de notre modèle économique et social. Cela passe par des réformes structurelles qui deviennent de plus en plus incontournables. Ce sont nos entreprises et donc tous les Français qui paient les pots cassés. Ca suffit !

Laissons faire et écoutons les entreprises, ce sont elles qui créent l'emploi !

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Fils d’ouvrière d’origine serbe, autodidacte, éducateur puis enseignant en banlieue, c’est au chômage à 30 ans que Guillaume Cairou crée Didaxis, pionnier du portage salarial. Aujourd’hui 15e recruteur français, classé dans le Fast 500 européen des entreprises par Deloitte, il a permis à plus de 10 000 personnes de créer durablement leur emploi.

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