Pourquoi on ne peut toujours pas parler de « plein emploi » aux Etats-Unis

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Par Pierre Sabatier Publié le 3 juillet 2014 à 2h34

Dans un édito de mars 2012 nous évoquions la trajectoire positive sur laquelle se trouvait alors l'emploi aux Etats-Unis, mais également le chemin qui restait à parcourir pour que le pays retrouve une situation de plein emploi. Plus de deux ans plus tard, le constat est celui d'une nette amélioration du marché du travail américain, puisque 77 mois après le début de la crise les Etats-Unis ont retrouvé les 8.7 millions d'emplois détruits ("non farm payroll").

Le taux de chômage est ainsi retombé à 6.3% (contre 9.8% avant la crise). Le taux d'emploi (employés/population des 15-64 ans) s'est lui aussi fortement redressé, passant de 65.4% à 68.2%, même s'il reste loin de son niveau de 2008 (70%) et surtout de son précédent sommet de 2000 (74%).

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Ces bons chiffres sont toutefois à relativiser, notamment au regard de la trajectoire toujours baissière du taux de participation (population active de plus de 15 ans / population totale de plus de 15 ans) : d'un niveau moyen de 66% entre 2002 et 2008, il est tombé à 62.8% aujourd'hui, résultat d'une toile de fond démographique défavorable qui se traduit par trois phénomènes. D'abord, les Etats-Unis vieillissent et commencent à faire face au départ massif à la retraite des baby-boomers qui ont fait la force de son économie pendant plusieurs décennies ; ensuite, on observe un recul du taux d'activité chez les jeunes américains, qui étudient de plus en plus longtemps dans une société ultra concurrentielle tournée quasi exclusivement vers les services ; enfin, le taux d'activité des femmes a sans doute atteint un plafond au cours de la décennie passée (59%) et commence lui aussi à décliner du fait du vieillissement. Lorsque l'on ajuste l'emploi par ce taux de participation, on s'aperçoit ainsi que le niveau actuel est encore loin de celui de 2008, et même de celui du précédent cycle économique (2000).

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Autre facteur important : celui de la part des emplois à temps plein dans le nombre d'emplois total. Sur ce plan, les nouvelles sont positives : leurs créations ont clairement pris le relais des emplois à temps partiel depuis 2011. Malgré cela, il reste encore du chemin à parcourir pour que l'expression « plein emploi » soit valable aux Etats-Unis : on dénombre toujours 3 millions d'emplois à temps plein en moins qu'avant crise.

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Dans ces conditions, nous comprenons le discours relativement prudent dispensé par la Fed, qui ne prendra pas le risque d'augmenter son taux directeur tant que l'emploi à temps plein n'aura pas retrouvé ses précédents plus hauts... Au rythme de création actuel, cela nous amènerait à un mouvement des Fed Funds... fin 2017 !

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Pierre Sabatier est un économiste français de la nouvelle génération, membre du Cercle Turgot, lauréat du prix Turgot 2013 du jeune talent en économie financière. Il est président et directeur des études du cabinet indépendant de recherche économique et financière PrimeView, qui est aujourd’hui l’une des références sur de nombreux sujets comme la Chine ou encore la démographie et son impact sur les modèles de développement. Son livre ''La Chine, une bombe à retardement'' (Eyrolles, 2012) a été récompensé d’une mention d’honneur lors du Prix Turgot 2013. Il vient de diriger le dernier ouvrage collectif du Cercle Turgot « Après la récession… inflation ou déflation ? » (Eyrolles, 16/01/2014). Il a créé en octobre 2013 la filiale, PrimeView Formation, premier organisme de formation en économie appliquée à l’entreprise pour les cadres et dirigeants.

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