Grèce : quel bilan économique un an après les accords avec Bruxelles ?

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Par Aurélie Cazenave Modifié le 22 août 2016 à 14h09
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cc/pixabay - © Economie Matin
25%Les entreprises hellènes ont vu leur chiffre d?affaires diminuer de 25 % depuis 2009.

Un an après un nouveau plan d’aide – le troisième en cinq ans – l’économie grecque est toujours au point mort. Croissance en berne, chômage record, secteur privé plombé, les réformes sont encore loin de porter leurs fruits.

Malgré les accords, la situation économique de la Grèce ne s’améliore pas

Il y a un peu plus d’un an, le 13 juillet 2015, le gouvernement de gauche radicale grec mené par Alexis Tsipras signait des accords avec Bruxelles pour éviter la banqueroute du pays et lui permettre de se maintenir dans l’union monétaire. Malgré l’opposition du peuple, qui s’était exprimé par voie de referendum à 66 % contre ce troisième plan d’aide depuis 2010, Athènes avait accepté un nouveau prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans en échange de plusieurs réformes structurelles drastiques, dont une particulièrement impopulaire sur le régime des retraites. Après le déblocage d’une première enveloppe de 7,5 milliards d’euros, un deuxième chèque de 2,8 autres milliards devrait suivre à la rentrée, de quoi permettre au pays de tenir jusqu’à la fin de l’année.

Mais la situation est loin d’être pérennisée. L’absence de reprise économique mine tous les efforts entrepris. Le PIB a enregistré une nouvelle récession cette année, avec -0,2 %. La dette publique culmine toujours à 180 % du PIB. Un niveau que le Fonds monétaire international (FMI) lui-même estime insoutenable. Record dans la zone euro, le niveau de chômage ne faiblit pas et engendre une émigration massive. Près d’une personne sur quatre est aujourd’hui sans emploi en Grèce, dont un jeune sur deux. Depuis 2008, plus de 350 000 Grecs, dont beaucoup de jeunes diplômés dont les compétences pourraient contribuer à la relance, auraient quitté le pays.

Privatisations : Tsipras entretient le flou

Le secteur privé est aux abois. Les entreprises hellènes ont vu leur chiffre d’affaires diminuer de 25 % depuis 2009. L’investissement a quant à lui reculé de 65 % en volume depuis 2007. Les candidats à l’investissement, et notamment aux rachats d’actifs détenus par le gouvernement grec, ne manquent pourtant pas mais la politique de la coalition Tsipras-Kammenos a de quoi refroidir. Voulant jouer sur les deux tableaux – réduire la dette grâce à des privatisations tout en maintenant un discours critique à l’égard des mesures préconisées par Bruxelles – Syriza brouille les pistes au point de perdre de potentiels investisseurs, précieux pour la réduction de la dette comme pour la relance de l’activité.

« En 18 mois de pouvoir, Syriza n’a montré aucune capacité réformatrice qui attesterait d’une orientation sociale-démocrate », explique Ioannis Papadopoulos, politologue à l’université de Macédoine à Thessalonique. « Le parti a dilapidé son énergie post-électorale dans des négociations interminables avec les créanciers pour in fine capituler. Ce temps perdu coûte une fortune au pays dont la situation est chaque mois plus catastrophique. Et pour compenser cette politique néolibérale très dure, il entretient une rhétorique gauchiste dans les secteurs où il a prise : l’administration, l’université, etc. »

La privatisation du port du Pirée aura ainsi pris plus de deux ans. Lancée en mai 2014, elle a été freinée par l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras, alors fermement opposé à la privation des grandes entreprises publiques grecques. Le 1er juillet dernier, les députés Syriza ont voté la cession jusqu’en 2052 de 67 % du port au géant chinois Cosco Shipping Corporation pour 368 millions d'euros.

Alors que le gouvernement de Tspiras semble ralentir intentionnellement certaines transactions, il en avance certaines avec un peu trop d’empressement. C’est ainsi qu’il a proposé à Cosco le rachat d’actifs qui ne lui appartiennent pas : le chantier naval de Skaramangas, pour l’heure détenu par le groupe Abu Dhabi Mar. Qu’attendre du gouvernement grec ? Ses errements ajoutent une inquiétude supplémentaire quant au flou et à l’imprévisibilité de la situation économique de la Grèce, un point négatif pour attirer les investissements.

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Conseillère développement export et implantation d'entreprises à l'international, expertise secteur est-européen et Asie.

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