Invité ce matin sur BFM TV face à Jean-Jacques Bourdin, Manuel Valls a annoncé qu'il songeait à expérimenter une baisse des limitations de vitesse de 90 à 80 km/h sur les réseaux secondaires de quelques départements témoins. « 40 millions d'automobilistes » s'oppose formellement à cette décision liberticide qui intervient alors même que le Conseil national de Sécurité routière n'a encore effectué aucune recommandation en ce sens.
Le rôle du CNSR remis en question
« Comment interpréter les propos du ministre alors que le CNSR ne s'est lui-même pas prononcé ? Est-ce la bonne manière de « réconcilier les Français avec la sécurité routière » selon les vœux de son président Armand Jung ? » s'interroge Daniel Quéro, président de « 40 millions d'automobilistes » et membre du CNSR.
S'il s'agit d'une simple chambre d'enregistrement visant à apporter une caution aux décisions arbitraires et dogmatiques du ministre de l'Intérieur, il ne faudra pas s'étonner que l'opinion publique ne soit pas dupe.
L'Angleterre un exemple pour la France
L'Angleterre est le pays référence en matière de sécurité routière au niveau européen. Pourtant la vitesse des axes secondaires y est limitée à 97 km/h (60 miles/h) avec des résultats bien meilleurs qu'en France.
En Allemagne, même constat ! La vitesse y est pourtant limitée à 100 km/h sur les axes secondaires et les résultats sont inexorablement plus flatteurs que dans l'hexagone. Dans l'écrasante majorité des pays européens, la vitesse de 90 km/h semble uniformisée. Alors pour quelle raison Manuel Valls veut-il abaisser les limitations de vitesse sur nos axes secondaires ? Quelles sont ses réelles motivations ?
A focaliser l'attention sur la piste vitesse, on oublie toutes les autres pistes où les progrès peuvent être plus importants.
L'influence de lobbies « autophobes »
Force est de constater que la déclaration de Manuel Valls ce matin semble être profondément influencée par les préceptes de quelques lobbies anti-voitures reprenant des formules mathématiques antiques pour soutenir une baisse du nombre d'accidents. Considérant qu'1 km/h de vitesse moyenne en moins permet instantanément d'abaisser la mortalité de 4 %, voilà sans doute pourquoi Manuel Valls, qui souhaite atteindre des objectifs de sécurité routière ambitieux, apporte une écoute attentive à leurs arguments.
Osons l'affirmer, c'est faux. Si nous suivons ce théorème absurde, c'est aux endroits où la vitesse est la plus élevée que nous devrions observer le plus d'accidents. Et bien évidemment, ce n'est pas le cas. Et de loin ! Mieux encore, 2012 a connu une réaugmentation des vitesses moyennes constatées sur nos routes françaises. Selon ce même théorème, nous aurions dû assister à une reprise à la hausse de l'accidentalité. Bien au contraire, l'année 2012 c'était soldée sur une baisse remarquable du nombre d'accidents.
Quand on parle de vitesse, il s'agit de lutter contre la vitesse non adaptée aux conditions de circulation et cela n'est jamais décelé par une machine automatique.
Un risque politique majeur
Un récent rapport remis au ministre de l'Intérieur prévoyait une baisse de 450 tués sur la route en cas d'abaissement des limitations de vitesse sur le réseau secondaire. Que se passera-t-il si après l'application de cette mesure, le nombre de tués sur les routes dû à une vitesse excessive ne réduisait pas de manière sensible ? Avec 25 % de tués en France en 2013 justifiés officiellement par la cause « vitesse », sauver 450 vies reviendrait à réduire de 55 % la proportion du nombre d'accidents dû à ce facteur !!
« 40 millions d'automobilistes » lancera dès février prochain une grande opération de réinformation visant à rétablir la vérité sur les chiffres de l'accidentalité et sur l'inefficacité de cette mesure.
Par un courrier envoyé ce matin, l'association « 40 millions d'automobilistes », forte de 320 000 membres, sollicite un rendez-vous avec le ministre de l'Intérieur pour lui exposer ses arguments, fort du soutien de l'écrasante majorité des automobilistes. On ne pourra pas lutter efficacement contre la mortalité sur la route en se référant seulement à une pensée unique et à des idées reçues entretenues depuis des années. La France ne peut pas être toujours à contre-courant de ce qui se passe chez ses voisins.
Le 5 octobre 2013, « 40 millions d'automobilistes » avait lancé l'opération « Non à la baisse des limitations de vitesse ». La pétition est toujours active en allant sur www.nonalabaissedeslimitationsdevitesse.com.
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