Le coup de frein sur les rendements des fonds en euro de l’assurance vie a été plus fort que prévu. Une baisse des taux qui s’explique par diverses raisons et qui va probablement continuer. Pourquoi une telle baisse ? Que peuvent faire les épargnants ?
La saison de l’annonce des taux de rendement des assurances vie est dernière nous. Le coup de frein a été plus fort que prévu : alors que les experts pariaient volontiers, fin 2016, sur une baisse des taux de rendement du fonds en euros de l’ordre de -0,30%, les assureurs ont plutôt choisi de réduire la distribution de -0,40% à -0,50%.
Des taux de rendements plus faibles, pour quelles raisons ?
Les assureurs, outre le contexte économique de taux de rendements obligataires historiquement bas, ont été mis sous pression. L’appel avait en effet été clair de la part du gouverneur de la Banque de France, M. Villeroy de Galhau, et le législateur avait montré les muscles à l’été 2016 en faisant adopter la loi Sapin 2. En effet, celle-ci permet en théorie de contraindre les compagnies dans leur politique de rémunération du fonds en euros.
Les épargnants ont-ils réagi ?
Nul doute que la baisse des rendements sur le fonds en euros a contribué aux piètres résultats de l’assurance vie en ce début d’année. A fin mai 2017, selon les données provisoires de la Fédération Française de l’Assurance, la collecte nette des assureurs vie (les versements moins les retraits) a été divisée par 6 par rapport à 2016 ! Les versements sur les supports en Unités de Compte des assurances vie – ceux qui ne garantissent pas le capital – ont, eux, progressé fortement : à 15 milliards d’euros à fin mai, ils marquent une augmentation de 32%, en comparaison – il est vrai – d’un début d’année 2016 très chahuté sur les marchés.
Une baisse des taux de rendement qui ne s’arrêtera probablement pas là
La baisse des rendements servis sur le fonds en euros des assurances vie n’est pas près de s’arrêter. En effet, en regardant ce dans quoi les compagnies placent les sommes de l’assurance vie, principalement des obligations émises par des états ou des sociétés solides, on comprend que la baisse qui a eu lieu ne fait que reproduire celle des rendements des obligations. Surtout, les assureurs ont mis en fait plusieurs années à transférer cette baisse de rendement sur les contrats de leurs clients.
Ainsi, alors que jusqu’en 2011, les taux servis étaient voisins du taux auquel l’état français empruntait sur les marchés (le TME), ceux-ci sont ensuite restés très hauts en comparaison du TME, qui a fortement baissé, selon l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR). En 2010, le TME était de 3,11% et les compagnies rémunéraient à hauteur de 3,38% les contrats ; en 2015, le TME était tombé à 0,85% mais les compagnies ont continué de rémunérer grassement leurs encours en euros : 2,27%. Les assureurs n’ont en effet pas osé répercuter la baisse des rendements sur leurs contrats.
Pour quelles raisons ? Tout d’abord, les compagnies bénéficient d’un stock de vieilles obligations, qui continuent – transitoirement - à rémunérer généreusement les sommes placées. Ensuite le contexte concurrentiel, et le fait que le rendement du fonds en euros soit souvent un critère de choix des épargnants, a dissuadé les assureurs d’adopter des baisses trop rapides des rendements servis.
Que peuvent faire les assureurs et que devraient faire les épargnants ?
Les assureurs bénéficient certes du coussin des obligations déjà dans leur portefeuille et qui continuent de produire le rendement promis jusqu’à leur échéance, mais tout à une fin ! Maintenant que le coussin des vieilles obligations est bien entamé, il reste aux assureurs à diversifier leurs placements vers des actifs plus risqués, en espérant un rendement meilleur, et surtout attendre une éventuelle remontée des taux… comme on attend Godot. L’inertie qui a permis de différer dans le temps la baisse des rendements sur les contrats ne manquera pas, alors, d’être un frein à la hausse des rendements.
Du coup, les épargnants devraient limiter leurs investissements sur le fonds en euros aux sommes qu’ils souhaitent voir complètement sécurisées. Pour la performance, et un investissement plutôt prudent, ils devraient retenir des Unités de Comptes investies sur des fonds dits « patrimoniaux » qui mixent actions et obligations – et ont montré leur capacité de résilience par le passé. Pour des investissements plus risqués, les Unités de Compte d’OPC investis en actions recèlent encore de belles perspectives avec des marchés très optimistes… mais attention tout de même à la surchauffe !