PSA ou la revanche de l’histoire…

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Par Philippe David Publié le 22 janvier 2014 à 6h00

C’est officiel depuis hier : PSA va voir entrer dans son capital à parité (14 %) le chinois Dongfeng et…l’Etat. Ainsi, l’Etat sera actionnaire de manière quasi-égale des deux constructeurs automobiles français puisqu’il détient 15 % du capital de Renault.

Après la nationalisation de General Motors par le gouvernement américain ( GM était alors en quasi faillite avec une dette dépassant les 300 milliards de dollars ce qui en faisait la plus grosse dette privée du monde), c’est au tour de l’Etat français de mettre la main à la poche pour venir au secours d’un de ses fleurons industriels dont la disparition serait une catastrophe pour l’ensemble de la Nation. Hollande est donc comme Obama, ou comme Sarkozy lorsqu’il fît entrer l’état au capital d’Alstom pour sauver de la faillite cet autre fleuron de notre industrie, un interventionniste ( ou un social démocrate, au choix) mais en aucun cas un libéral, n’en déplaise à Clémentine Autain qui vilipendait il y a quelques jours son « idylle cachée avec le libéralisme » lors d’un débat télévisé.

Outre ce retour de l’état dans l’économie voulu par le Président de la République et le Gouvernement, l’arrivée du chinois Dongfeng dans le capital de Peugeot crée des inquiétudes alors que les changements géopolitiques et géoéconomiques sont tels qu’il va falloir s’habituer à voir des entreprises françaises voir arriver dans leur capital des chinois, des qataris, des brésiliens ou des russes.

En effet, l’époque où la « Triade » (Amérique du Nord ; Europe ; Japon) dominait économiquement le monde est définitivement terminée. Les trois ensembles cités auparavant sont en effet tous malades à des degrés divers puisqu’ils sont tous largement surendettés ( les USA peuvent se le permettre du fait de la domination du dollar et de leur facilité à faire tourner la planche à billet ; l’Europe en général et la France sont eux aussi surendettés et n’ont plus connu le plein emploi depuis 40 ans tandis que la dette du Japon dépasse les 200% du PIB…).

Dans le même temps la Chine est devenue la banque du monde puisqu’elle dispose des plus grosses réserves de change ( 3820 milliards de dollars à fin décembre) et est devenue en 2013 la première puissance commerciale du monde avec 4160 milliards de dollars d’échanges. Sa croissance, si elle n’est plus à deux chiffres, ferait rêver n’importe quel dirigeant occidental et ses ambitions sont jour après jour plus visibles puisqu’elle investit aujourd’hui une part supérieure de son PIB que l’Europe dans la recherche ( 1.98 % contre 1.97 %).

Cerise sur le gâteau : l’Empire du Milieu vient de lancer la construction d’un second porte-avions ce qui prouve qu’il n’est pas décidé à compter que sur le terrain économique et qu’il est prêt à défendre ses intérêts partout dans le monde. La Chine communiste qui vient au secours d’une entreprise privée française et le retour de l’état dans l’économie alors que depuis des années le rôle de l’état se réduisait chaque année dans l’économie sont la preuve que le dossier PSA est bel et bien une double revanche de l’histoire…

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin. Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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