Comme chaque année, la rentrée de septembre suscite toutes les inquiétudes. En effet, l’être humain est ainsi fait qu’il se pose en permanence des questions qui sont souvent sources d’appréhension. Ainsi, après le « break » de l’été, c’est traditionnellement le moment de remettre les pendules à l’heure et peut-être aussi de se remettre en question. Pour les jeunes bien sûr qui se demandent à quelle sauce ils vont être mangés pendant leur année scolaire, mais aussi pour les adultes qui s’interrogent sur leur avenir personnel et professionnel, ou encore sur celui de leur environnement.
Face à ces inconnues, deux comportements sont possibles : soit l’enthousiasme du renouveau, soit la crainte d’un avenir difficile. Avec le début de la crise des subprimes en 2007, puis en 2008 avec la faillite de Lehman Brothers, il faut reconnaître que c’est plutôt le second sentiment qui a prédominé pendant environ sept ans. En revanche, à partir de l’année 2015, l’opium diffusé à profusion par les banques centrales à travers la planète a commencé à agir et à laisser croire aux investisseurs, aux analystes et finalement au « monde entier » que le ciel n’avait plus de limite. Dans ce cadre, une sorte d’aveuglement collectif s’est installé, permettant notamment aux marchés boursiers de flamber et aux taux d’intérêt des obligations d’Etat de s’effondrer et même de devenir négatifs, en dépit de dettes publiques pléthoriques.
Malheureusement, ou peut-être heureusement, tous les excès ont une fin, y compris lorsqu’ils sont agréables. Autrement dit, après avoir commencé à se dégonfler en 2018-2019, tout en se reformant régulièrement, les bulles boursières, obligataires et immobilières vont forcément connaître un mouvement de correction baissière marquée et durable. Et ce, d’autant que les risques à venir sont pléthore. Essayons d’en dresser une liste évidemment non-exhaustive.
Commençons par les risques géopolitiques et terroristes. Certes, aussi horrible que cela puisse paraître, les investisseurs se sont habitués à ce type de dangers. Ainsi, que ce soit face aux risques qui prévalent à Hong-Kong, entre l’Inde et le Pakistan, dans le golfe persique ou encore en Amérique Latine, sans parler des attentats qui ensanglantent régulièrement le Proche et le Moyen-Orient, les marchés financiers restent de glace. Mais pour combien de temps ? Aussi, dans la mesure où ces risques sont incommensurables, il est malheureusement très possible qu’un ou plusieurs attentats et/ou chocs géopolitiques inattendus de par leur ampleur affectent massivement l’économie mondiale et les marchés financiers internationaux.
Mais sans attendre ces occurrences et en espérant qu’elles ne se produiront pas, d’autres risques économico-financiers pèsent déjà sur la bonne santé de l’économie et des places boursières de la planète.
Il s’agit tout d’abord de l’évolution de la croissance mondiale. En effet, comme l’ont montré les derniers indicateurs avancés de l’activité économique à travers le monde, cette dernière reste très fragile. Et ce notamment parce que la croissance décélère fortement dans la zone euro, au Japon et aux Etats-Unis, mais aussi en Chine et dans l’ensemble du monde émergent. Un ralentissement plus fort que prévu par les marchés est donc très probable. Dans ce cadre, les perspectives de dividendes reculeront, ce qui entachera de nouveau les cours boursiers.
A côté de ce ralentissement inévitable, d’autres risques pourraient également aggraver la situation de l’économie mondiale et des places financières internationales. Citons par exemple l’instabilité politique en Argentine, qui a déjà suscité un effondrement du peso, une flambée des prix et une forte baisse de l’activité économique. Déjà mal en point, l’ensemble de l’Amérique Latine ne manquera pas de pâtir de ce décrochage, à commencer par le Brésil qui demeure également dans une situation très fragile.
Ensuite, les tensions grandissantes entre la Chine et les Etats-Unis, également avivées par la situation hong-kongaise, risquent de déboucher sur un fort écroulement de la croissance chinoise, mais aussi du commerce mondial.
Parallèlement, la probabilité d’un « Hard Brexit » ne cesse de croître dangereusement, ce qui, le cas échéant, entraînera une crise économico-financière au Royaume-Uni, mais aussi dans l’ensemble de l’Union européenne.
Ce qui nous amène à un autre grand risque : celui qui pèse sur la stabilité politique de la zone euro, avec notamment de nouvelles élections qui se profilent en Italie, et, au bout du chemin, une crise massive entre nos voisins transalpins et l’ensemble de l’UEM. N’oublions effectivement pas que M. Salvini souhaite tout simplement supprimer une partie de la dette publique italienne et notamment celle détenue par la BCE et les Etats de la zone euro.
Autrement dit, une nouvelle crise de la dette grecque mais puissance 10 est en préparation et personne ne s’en inquiète. Doit-on rappeler que la dette publique grecque atteignait 350 milliards d’euros lors de la crise susnommée, contre 2 300 milliards d’euros pour celle de l’Etat italien aujourd’hui ? C’est dire le clash qui se profile droit devant nous…
Enfin, last but not least, endormie depuis quelques mois à coup de milliards d’euros, la crise sociétale continue de menacer notre « douce France ». « Qu’importe ! diront certains, les taux d’intérêt de l’OAT à 10 ans sont négatifs, il n’y a qu’à continuer de déverser des milliards d’euros et d’augmenter les déficits publics et la dette ! ». Peut-être, mais ne soyons pas dupes, ni aveugles : même avec des taux négatifs, la dette publique devra être remboursée. Or, comme la croissance française est et restera faible, cette « fuite en avant » se traduira inévitablement par de nouvelles hausses d’impôts, donc moins de croissance, plus de chômage et plus de tensions sociales.
En conclusion, nous dansons collectivement sur un volcan en ébullition, qui finira forcément par exploser selon le processus habituel : Récession, Instabilité, Surévaluation, Krach. Quatre mots dont les initiales forment justement le mot RISK ! Quelle coïncidence ! Bonne rentrée à toutes et à tous !