Qui sera le prochain secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ? Deux femmes sont candidates dans un duel qui s’annonce indécis. Michaëlle Jean, la secrétaire générale sortante a pour elle un excellent bilan et une vision stratégique de la francophonie unanimement saluée. Sa rivale, Louise Mushikiwabo, soutenue par la France, pourrait bénéficier d’une volonté de recentrage de l’organisation vers l’Afrique… mais demeure une figure contestée d’un régime autocratique, le Rwanda, qui ne fait pas l’unanimité.
Tour d’horizon des points forts et faibles des deux candidates à quelques semaines du prochain sommet de l’OIF qui se tiendra les 11 et 12 octobre en Arménie, et où doit être annoncé le nom du prochain secrétaire général de l’organisation.
Michaëlle Jean : le poids d’un bilan reconnu et d’une vision novatrice de la francophonie
Michaëlle Jean, 60 ans, est une diplomate, journaliste et femme d’état canadienne, d’origine haïtienne, qui a été pendant cinq ans Gouverneure générale du Canada (2005-2010), avant de devenir secrétaire générale de l’OIF en 2014.
A la tête de la francophonie, Michaëlle Jean a œuvré pour faire de l’OIF un acteur incontournable sur l’échiquier multilatéral en multipliant les accords de coopération avec les Nations unies, l’Union africaine ou l’Union européenne.
Elle a fait de l’OIF une caisse de résonnance diplomatique pour les Etats africains en leur donnant la capacité de se faire entendre en français et d’être plus efficaces lors des négociations avec les grands bailleurs internationaux tels que le FMI, la Banque mondiale ou l'Organisation mondiale du commerce.
Michaëlle Jean a également à son crédit la création du nouvel Institut de la Francophonie pour l'éducation et la formation à Dakar dont l’objectif est d’élargir l’accès à l’éducation et à la francophonie en Afrique. Sous son impulsion, l’OIF a également massivement investi dans la formation des maîtres d’école (20'000 rien qu’en Côte d’Ivoire).
Michaelle Jean, en compagnie du PM Canadien, Justin Trudeau
Très récemment, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, s’est en outre prononcé en faveur de la candidature de Michaëlle Jean, tout comme la ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie, Christine St-Pierre.
Louise Mushikiwabo : une fidèle de Paul Kagamé récompensée ?
Louise Mushikiwabo, 58 ans, est ministre des Affaires étrangères du Rwanda depuis 2009. Proche du président Kagamé, elle base sa candidature sur la volonté de rapprochement avec le Rwanda affichée par le président français Emmanuel Macron.
La candidature de Louise Mushikiwabo fait néanmoins débat, compte tenu des multiples atteintes aux droits de l’Homme et à la liberté de la presse dont est accusé le régime de Paul Kagamé, mais également des ingérences militaires du Rwanda dans la région des Grands Lacs. Interrogée par Al Jazeera sur ce sujet, elle a nié fermement le non-respect des Droits de l’Homme dans son pays, déclarant que « le Rwanda, comme tous les pays que je connais, a sa propre manière de faire les choses ».
Louise Mushikiwabo avec Paul Kagamé
Egalement problématique, l’attitude de Paul Kagamé et de son gouvernement à l’égard de la francophonie. Le président rwandais a en effet décidé en 2009 d’abandonner le français comme langue officielle et d’enseignement pour rejoindre le Commonwealth et lui substituer l’anglais… Une décision qui fait aujourd’hui grincer des dents du côté des états-membres de la francophonie.